Barthes et la musique
- Co-organisateurs: Midory Ogawa, Université de Tsukuba - Timothée Picard, Université de Rennes 2 - Danièle Pistone, Université Paris Sorbonne - Bertrand Vibert, Université de Grenoble 3.
On sait l’importance de la musique dans la vie et l’œuvre de Roland Barthes. Pianiste amateur, élève du chanteur Charles Panzéra qui lui fera découvrir le répertoire du lied et de la mélodie française, Barthes a attendu la dernière décennie de sa vie pour écrire sur la voix, la musique de chambre, les compositeurs qu’il aimait (Schumann, Schubert, Fauré, Debussy, Ravel...). Mais la musique inspire de fait toute son œuvre par les nombreuses allusions qui reviennent dans ses livres (le chant des castrats dans S/Z, le duo d’amour de Pelléas et Mélisande, Ma mère l’oye de Ravel, la figure d’Orphée si différente de l’Orphée de Blanchot...). À l’inverse, ni l’opéra (il est invité à Bayreuth pour La Tétralogie du centenaire), ni la musique baroque ne le satisferont vraiment, pas plus que la « musique contemporaine », malgré sa curiosité pour la démarche créatrice de Pierre Boulez (organisateur d’une série de concerts lectures à l’IRCAM avec Barthes, Foucault et Deleuze) et malgré son amitié pour André Boucourechliev (il prêtera sa voix de récitant pour l’enregistrement de Thrène).
Le colloque suivra deux voies complémentaires. Une grande partie des interventions sera consacrés aux relations que Barthes entretenait avec les compositeurs, avec les différentes formes de musique, avec ces média que sont le piano, la voix ou la radio – sans oublier la littérature, quand elle se donne pour tâche de commenter ou de rendre compte de la musique comme phénomène. Audelà de cette présence directe, dans la vie ou dans l’œuvre, de nombreuses interventions analyseront comment la musique se donne comme un modèle de vie ou d’écriture, qu’il s’agisse des formes (la variation, le contrepoint, la fugue...), du rythme (l’idiorrythmie de Comment vivre ensemble), de la tonalité comme code social ou de l’utopie de la signifiance comme emportement perpétuel du sens... Comme l’écrit Barthes dans La Préparation du roman : « Il faut toujours penser l’écriture en termes de musique. » Plusieurs intervenants s’intéresseront également à la manière dont Barthes propose une véritable pensée de la musique qui dialogue avec les rares intellectuels qui se sont intéressés à un art souvent délaissé par la tradition intellectuelle française.
Mercredi 3 juin
Ouverture du colloque par Claude Coste, Sylvie Douche et Eric Marty
Musiques, musiciens, médias
- Barthes et l'opéra par Hervé Lacombe
- Roland Barthes et l’opéra : une dramaturgie-fantôme ? par Simon Hatab
- Autour de S/Z : l’imaginaire du castrat et ses enjeux à l’époque de Barthes par Timothée Picard
- Jouer Schumann, même mal par Florence Fabre
- Barthes, Schumann et Claude Maupomé : temps de rencontre dans les entretiens de France-Musique par Guido Mattia Gallerani
- Quand Roland Barthes écoute et fait écouter Quelques leçons pour une pédagogie de la musique par Jean-Claire Vançon
Fin de la première journée
Jeudi 4 juin
- Écoute… Au Palace ce soir, ou le je-ne-sais-quoi et le presque- rien des « musiques » par Ralph Heyndels
- Boucourechliev selon Barthes : écoutes, lectures et influences réciproques par François Balanche
- Le doigté par François Noudelmann
La musique comme modèle de vie, d'écriture et de pensée
- Présence du piano dans la pensée musicale de Roland Barthes et de Vladimir Jankélévitch par Yvan Nommick
- Les grains de la voix (Roland Barthes, Pascal Quignard) par Mathieu Messager
- Barthes et la musique, avec et contre Proust par Éric Marty
- Roland Barthes, les variations Proust par Thomas Baldwin
Fin de la deuxième journée
Vendredi 5 juin
- Roland Barthes et les rythmes de l’attention : de la musique en toutes choses par Yves Citton
- Barthes et la voix : l'acousmatique et au-delà par Patrick Ffrench
- Roland Barthes : musique et vitalité par Ottmar Ette
- « Dernière musique » : sur l’air de Roland Barthes par Diana Knight
- Barthes et la figure de l’amateur, par Mathias Ecoeur
- Barthes et les philosophies actuelles de la musique par Julien Labia
Clôture du colloque