Dossier Acta Litt&Arts : Épreuves de l'étranger

Katja Meister, Myriam Geiser, Marc Béghin, Natacha Rimasson, Ferdinand Schlie et Dominique Dias

Traduire Gérard Macé : Poésie

Texte intégral

Traduction Katja Meister – Rétrotraduction Dominique Dias

                                                  Traduction : Katja Meister

Beim Heraustreten aus der Höhle werden wir die Luftspiegelungen sehen,
die man schon immer träumt, trockenen Fußes zu durchqueren:
Wasserlachen, die verdampfen, wenn man vorankommt,
Lichtflächen, in denen man Seen sieht.

Kein Prophet, kein Pharao, der vor uns hergeht,
kein Rotes Meer, das sich von selbst auftun würde
wie die großen Lippen der Frauen, aber ein Jenseits,
das zugleich mit dem Horizont zurückweicht.

                                       *
Mit dem Schnee ist die Tischdecke
auf den Wiesen ausgebreitet. All der Himmel
könnte in einen Silberlöffel passen,
der Himmel und zwei oder drei
der vier Sonnen der Azteken.

Unsere ist eine Wintersonne,
die den Ort des Verbrechens bescheint:
der Blutstropfen, die Vogelfedern,
war es ein Festmahl der Götter
oder die Mahlzeit der Schlange?

                                       *
So viele Namen unter dem Schnee,
die die schönen Tage erwarten,
um wie Gold zu glänzen.

Ebenso viele Tote im Krieg,
die in ihren Augen, ihren verstörten Augen,
blühendes Land hinter Stacheldraht gesehen haben.

                                       *
Die Berge im Gegenlicht ähneln Ambossen
und die Sonne bescheint diese verlassene Schmiede.

Die Funken versprüht der Hammer des Philosophen,
indem er auf die alte Welt einschlägt.

Eine Welt, in der man Pferde beschlug
unter dem Geruch von Horn, geschlagene Pferde,
die geradeaus nach vorn blickten, wegen der Scheuklappen,
die die Menschen nicht zu tragen wagten.

                                       *
 

 

                                                  Rétrotraduction : Dominique Dias

Au sortir de la caverne nous verrons les mirages,
Que l’on rêve depuis toujours de traverser à pied sec :
Des flaques d’eau qui s’évaporent dès qu’on s’en approche,
Des étendues lumineuses dans lesquelles on voit des lacs.

Pas de prophète, pas de pharaon qui nous précède,
Pas de mer Rouge, qui s’ouvrirait d’elle même
Comme les grandes lèvres des femmes, mais un au-delà,
Qui recule en même temps que l’horizon.

                                       *
Avec la neige, la nappe est étendue
Sur les prés. Le ciel entier
Tiendrait dans une cuillère d’argent,
Le ciel et deux ou trois
Des quatre soleils aztèques.

Le nôtre est un soleil hivernal,
Qui éclaire les lieux du crime :
La goutte de sang, les plumes d’oiseaux,
Était-ce un banquet des dieux
Ou le repas du serpent ?

                                       *
Tant de noms sous la neige,
Qui attendent les beaux jours,
Pour briller comme de l’or.

Tout autant de morts à la guerre,
Qui dans leurs yeux, dans leurs yeux bouleversés,
Ont vu un pays florissant derrière les barbelés.

                                       *
Les montagnes dans le contre-jour ressemblent à des enclumes
Et le soleil éclaire cette forge abandonnée.

Les étincelles jaillissent du marteau du philosophe
Tandis qu’il brise l’ancien monde.

Un monde dans lequel on ferrait les chevaux
Dans l’odeur de corne, des chevaux battus,
Qui regardaient droit devant, à cause des œillères,
Qui n’osaient pas servir de monture.

                                       *
 

Traduction Myriam Geiser & Marc Béghin – Rétrotraduction Natacha Rimasson & Ferdinand Schlie

                                                  Traduction : Myriam Geiser & Marc Béghin

Aus der Höhle tretend werden wir die Luftspiegelungen sehen,
die wir seit jeher trockenen Fußes zu durchqueren träumten:
Wasserpfützen, die verdunsten, wenn man aufbricht,
Schichten aus Licht, in denen man Seen sieht.

Kein Prophet, kein Pharao, der uns voranginge.
Kein Rotes Meer, das sich von selbst auftäte
wie die großen Lippen der Frauen, doch ein Jenseits,
das wie der Horizont zurückweicht.

                                       *
Mit dem Schnee ist auf die Wiesen
das Tuch gelegt. Der ganze Himmel
hätte in einem silbernen Löffel Platz,
der Himmel und zwei oder drei Sonnen
von den vier, die die Azteken zählten.

Unsere ist eine Wintersonne,
die den Ort des Verbrechens bescheint:
der Blutstropfen, die Vogelfedern,
war es das Festmahl der Götter
oder das, woran die Schlange sich satt aß?

                                       *
So viele Namen unterm Schnee,
die auf die schönen Tage warten,
um wie Gold zu glänzen.

Alles im Krieg Gefallene,
die vor ihren Augen, ihren stieren Augen,
das blühende Land hinterm Stacheldraht gesehen haben.

                                       *
Die Berge gegen das Licht gleichen Ambossen,
und die Sonne bescheint diese verlassene Schmiede.

Die Funken lässt der Hammer des Philosophen
springen mit seinen Hieben auf die alte Welt.

Eine Welt, in der man Pferde beschlug
im Geruch des Horns, geschlagene Pferde,
die geradeaus schauten wegen der Scheuklappen,
die Menschen nicht zu tragen wagten.

                                       *
 

 

                                                  Rétrotraduction : Natacha Rimasson & Ferdinand Schlie

En sortant de la caverne, nous verrons les mirages
que nous rêvions depuis toujours de traverser à pied sec :
des flaques d
’eau qui s’évaporent quand on se met en route,
des couches de lumières où l’on voit des lacs.

Pas de prophète, pas de pharaon pour nous précéder.
Pas de mer Rouge qui s’ouvrirait d’elle-même
comme les grandes lèvres des femmes, mais tout de même un au-delà
qui recule, tel l’horizon.

                                       *
Avec la neige, le drap est posé
sur les prairies. Le ciel tout entier
tiendrait dans une cuiller d’argent,
le ciel et deux ou trois soleils
des quatre que comptaient les Aztèques.

Le nôtre est un soleil d’hiver
qui éclaire le lieu du crime :
la goutte de sang, les plumes d’oiseaux,
était-ce le festin des Dieux
ou ce dont le serpent s’est rassasié ?

                                       *
Tant de noms sous la neige
qui attendent les beaux jours
pour briller comme de l’or.

Tout ce qui est mort au combat,
ceux qui ont vu devant leurs yeux, leurs yeux vitreux
la campagne en fleur derrière les barbelés.

                                       *
Les montagnes en contre-jour semblent des enclumes
et le soleil éclaire cette forge abandonnée.

Les étincelles, le marteau du philosophe les fait
jaillir par les coups qu’il porte à l’ancien monde.

Un monde où l’on ferrait les chevaux
dans l’odeur de la corne, des chevaux battus
qui regardaient devant eux à cause des œillères
que les hommes n’osaient pas porter.

                                       *
 

Pour citer ce document

Katja Meister, Myriam Geiser, Marc Béghin, Natacha Rimasson, Ferdinand Schlie et Dominique Dias , «Traduire Gérard Macé : Poésie», Acta Litt&Arts [En ligne], Acta Litt&Arts, Épreuves de l'étranger, Allemand, mis à jour le : 09/04/2018, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/actalittarts/285-traduire-gerard-mace-poesie.

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