Dossier Acta Litt&Arts : Épreuves de l'étranger

Francesca Dell’Oro, Matteo Capponi, Antje Marianne Kolde et Christophe Cusset

Traduire Gérard Macé : Poésie

Texte intégral

Traduction Francesca Dell’Oro – Rétrotraduction Matteo Capponi

                                                  Traduction : Francesca Dell’Oro

εἴδωλα ὀψόμεθα ἐξερχόμενοι τοῦ σπηλαίου
ἃ κατ᾽ ὄναρ αἰεὶ ξηρῷ ποδὶ διαβαίνομεν·
ἐξατμιζόμενα τέλματα ὅταν προχωρῶμεν,
ἐκτεινόμενον φῶς ἐν ᾧ λίμναι ὁρῶνται.

Οὐδεὶς προφήτης, οὐδεὶς Φαραώ ὡς πορεύσων πρὸ ἡμῶν.
Οὐδεμία ἐρυθρὴ θάλασσα ἣ αὐτὴ ἂν ἀνοίγοιτο
ὡς τὰ γυναικῶν χείλεα μεγάλα, ἀλλὰ πέραν τι
ὃ δ᾽ ἀναχωρεῖ ἅμ᾽ ὁρίζοντι κύκλῳ.

                                       *
Ἔστρωται χίονος ὀθόνη
ἐπὶ λειμῶσιν. Οὐρανὸς ἂν ἔχοι
σύμπας ἐν ἀργυρέῳ λιστρίῳ,
οὐρανὸς καὶ δύο ἢ τρεῖς ἥλιοι
ἐκ τῶν τεσσάρων οὓς οἱ Ἀζτηκοὶ ἐλογίζοντο.

Χειμέριος ὁ ἥλιος ὁ παρ᾽ἡμῖν
ὃς τὸν τοῦ ἀδικήματος τόπον καταλάμπει·
ὁ σταγὼν αἵματος, τὰ πτερὰ ὄρνιθος,
ἦν τὸ συμπόσιον τῶν θεῶν
ἢ τὸ δεῖπνον ὄφεως;

                                       *
Τοσοῦτον ὀνομάτων ὑπὸ χίονος
ἃ καλὰς ἡμέρας περιμένουσιν
ἵνα χρυσὸς ᾡς στίλβωσιν.

Τοσοῦτον νεκρῶν ἐν τῷ πολέμῳ
οἳ εἶδον ἐν ἐαυτῶν ὀφθαλμοῖς, τεταραγμένοις ἐν ἑαυτῶν ὀφθαλμοῖς,
τοὺς ἐξανθοῦντας ἀγροὺς ὄπισθεν πολυγλωχίνων φραγμῶν.

                                       *
Ἀπὸ τοῦ ἡλίου ἀπεστραμμένα ἐοίκασιν ἄκμοσιν τὰ ὄρη,
καὶ καταλάμπει τόδε χαλκεῖον ἐρῆμον ὁ ἥλιος.

Τοὺς σπινθῆρας ἀνίησι ἡ σφύρη τοῦ φιλοσόφου
τύπτοντος τὸν κόσμον τὸν παλαῖον.

Κόσμος ὅπου ἵππων ὁπλαὶ ἐσιδηροῦντο
ἐν τῇ κέρατος ὀσμῇ, ἵππων τετυμμένων
ἀντηλίων ἕνεκα πρὸ σφέων εὐθὺ ὁρῶντων
ἃ οὐκ ἐτόλμων φέρειν οἱ ἄνθρωποι.

                                       *
 

 

                                                  Rétrotraduction : Matteo Capponi

Hors de la caverne nous verrons ces images
Qu’en rêve chaque fois nous foulons à pied sec.
Des marais s’asséchant tandis que l’on avance
Et des semblants de lacs dans la lueur étale.

Et face à nous aucun Pharaon ni prophète,
Aucune mer Rouge qui s’entrouvrirait comme
Des lèvres de femme, juste un autre au-delà
Qui fuit en même temps que l’astre à l’horizon.

                                       *
Tulle de neige déployé
Sur les prés. Le ciel entier
Tiendrait dans une cuillère,
Le ciel et deux ou trois
des quatre soleils aztèques.

Un soleil hivernal
Éclaire les lieux du crime.
Plumes d’oiseau, goutte de sang
– festin des dieux
ou repas du serpent ?

                                       *
Tant de noms sous la neige
Attendant l’été pour
Briller en lettres d’or !

Tant de morts à la guerre :
Leurs yeux fixent encore
Les champs en fleur derrière
Les pieux des palissades.

                                       *
À contre-jour les montagnes ressemblent à des enclumes,
Une forge abandonnée que frappe le soleil.

Penser c’est pareillement de son marteau
Faire jaillir des étincelles du monde ancien.

Ce monde où l’on ferrait les chevaux dans l’odeur de la corne,
Chevaux frappés, munis d’œillères,
Forcés de regarder droit devant eux,
Comme n’osaient pas faire les hommes.

                                       *
 

Traduction Christophe Cusset – Rétrotraduction Antje Marianne Kolde

                                                  Traduction : Christophe Cusset

Ἐκ τοῦ σπηλαίου δὴ ἐξελθόντες, ὀψόμεθά γε τὰ φανταζόμενα
δι᾽ἃ ἀεὶ ἐπιθυμοῦμεν ξηρῷ ποδὶ διελθεῖν·
τέλματα γάρ ἐστιν ἃ ἄρα διαπνεῖται ἡμῶν εἰς τὸ πρόσθεν προβαινόντων,
καὶ λαμπρὰ μεγέθη ἐν οἷς ὁρῶμεν λιμνάς.

Οὐδεὶς μέντοι προφήτης οὐδὲ Φαραὼ οὐδεὶς τυγχάνει βαίνων πρὸ ἡμῶν.
Οὐδεμία μέντοι ἐρυθρὰ θάλασσα ἐνθάδε κεῖται ἣ ἂν αὐτὴ ἀνοίγοιτο
ὥσπερ τὰ μακρὰ χείλη τῶν γυναικῶν, ἀλλὰ τὰ πέραν
ἅμα τῷ ἐσχάτῳ οὐρανῷ ἀναχωρούμενα.

                                       *
Χίονος πεσούσης στρῶμά τι ἐστορέσθη
ἐπὶ τοῖς λειμῶσιν. Ὅλον δὲ τὸν οὐρανὸν
οὐ μόνον ἂν στέγειν ἓν ἀργυροῦν μύστρον δύναιτο,
ἀλλὰ καὶ δύο ἢ τρεῖς ἡλίους
ἐκ τῶν τεττάρων οὓς οἱ Ἀζτηκοὶ ἐγίγνωσκον.

Ὁ δὲ παρ᾽ ἡμῖν χειμερινός ἐστιν ἥλιος
ὃς ἐκλάμπει τὸν τόπον ἐν ᾧ κακόν τι εἴργαστο·
πότερον γὰρ αὕτη ἡ λίβας τοῦ αἵματος καὶ ταῦτα τὰ πτέρη τοῦ ὄρνιθος
ἦν θοίνη τῶν θεῶν
ἢ τροφὴ τοῦ δράκοντος;

                                       *
Ὅσα μὲν ὀνόματα ὑπὸ χίονος
μένει τὰς καλλίους ἡμέρας
ἵνα λάμπῃ ὥσπερ ὁ χρῦσος.

Ὅσοι δ᾽ ἐν τῷ πολέμῳ τεθνηκότες
εἶδον ἐν τοῖς ἑαυτῶν ὀφθάλμοις τοῖς βλοσυροῖς
τοὺς ἀνθοῦντας ἀγροὺς, εἰσβληθέντες εἰς πτερυγωτοὺς δεσμούς.

                                       *
Τὰ μὲν ὄρη ἀπὸ τοῦ ἡλίου ἀπεστραμμένα ὅμοιά ἐστιν ἄκμοσιν,
ὁ δὲ ἥλιος λάμπει τὸ ἀπολελειμμένον ἐκεῖνο σιδηρουργεῖον.

Οἱ δὲ σπινθῆρες ἐκπηδῶσι δὴ ὑπὸ τοῦ ῥαιστῆρος τοῦ φιλοσόφου
ὃς τὸν ἀρχαῖον κόσμον τύπτει.

Ἐν δ᾽ ἐκείνῳ τῷ κόσμῳ οἱ μὲν ἄνθρωποι τοὺς ἵππους ἐκρηπίδουν
τὴν τοῦ κέρατος ὀσμὴν ἅμα αἰσθανόμενοι· οἱ δ᾽ ἵπποι παιόμενοί γε
ἑώρων εὐθὺ ἔμπροσθεν τῶν παρωπίδων ἕνεκα
ἃς οἱ ἄνθρωποι οὐκ ἐτόλμων αὐτοὶ φέρειν.

                                       *
 

 

                                                  Rétrotraduction : Antje Marianne Kolde

Sortis de la caverne, nous verrons les apparitions grâce auxquelles nous désirons toujours traverser à pied sec. Il y a en effet des marais qui sont balayés par un souffle quand nous marchons en avant et dans lesquels nous voyons les étendues brillantes de l’eau stagnante.

Certes, il se trouve qu’aucun prophète ni aucun Pharaon ne marche devant nous. Certes, là ne s’étend aucune mer Rouge qui s’ouvrirait comme les grandes lèvres d’une femme, mais la rive opposée s’éloigne avec la ligne d’horizon.

                                       *
Une couverture de neige fraîche était étendue sur les prés. Une seule cuillère en argent pourrait contenir non seulement le ciel tout entier mais deux ou trois des quatre soleils que connaissaient les Aztèques.

Celui que nous appelons « Soleil d’hiver » est celui qui éclaire la région où le mal a été perpétré : ce sang qui s’égoutte et ces ailes de l’oiseau – s’agit-il d’un festin des dieux ou de la nourriture du serpent ?

                                       *
Combien de noms, sous la neige, attendent des jours meilleurs pour briller comme de l’or !

Combien d’hommes tombés à la guerre regardaient de leurs propres yeux effrayants les champs couverts de fleurs, précipités dans des liens ailés !

                                       *
Les montagnes détournées du soleil sont comme des enclumes, mais le soleil éclaire cet atelier de forgeron abandonné.

Les étincelles jaillissent sous le marteau du philosophe qui frappe l’antique univers.

Dans cet univers, les hommes ont ferré les chevaux, percevant en même temps l’odeur de la corne. Les chevaux, frappés, regardaient aussitôt droit devant eux, à cause des œillères que les hommes n’osaient porter eux-mêmes.

                                       *
 

Pour citer ce document

Francesca Dell’Oro, Matteo Capponi, Antje Marianne Kolde et Christophe Cusset , «Traduire Gérard Macé : Poésie», Acta Litt&Arts [En ligne], Acta Litt&Arts, Épreuves de l'étranger, Grec ancien, mis à jour le : 20/03/2018, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/actalittarts/301-traduire-gerard-mace-poesie.

Quelques mots à propos de :  Francesca  Dell’Oro

Traduction français-grec ancien

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Quelques mots à propos de :  Matteo  Capponi

Rétrotraduction grec ancien-français

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Quelques mots à propos de :  Antje Marianne  Kolde

Rétrotraduction grec ancien-français

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Quelques mots à propos de :  Christophe  Cusset

Traduction français-grec ancien