Dossier Acta Litt&Arts : Épreuves de l'étranger

Erika Padova, Marie-Line Zucchiatti, Nicolὸ Cecchella, Claire Pellissier et Emanuela Nanni

Traduire Gérard Macé : Poésie

Texte intégral

Traduction Erika Padova – Rétrotraduction Marie-Line Zucchiatti

                                                  Traduction : Erika Padova

Uscendo dalla caverna, scorgeremo i miraggi
che da sempre sogniamo oltrepassare senza bagnarci:
pozze d’acqua che scompaiono all’incedere,
distese di luce che ci sembrano laghi.

Davanti a noi, nessun profeta, nessun faraone ad indicarci la via,
davanti a noi, nessun mare si spalanca
come le grandi labbra delle donne, ma,
davanti a noi, solo un aldilà ed un orizzonte
che insieme ci sfuggono.

                                       *
Cade la neve, si stende la tovaglia
sui prati. Il cielo intero potrebbe intrattenersi,
il cielo, e due o tre
dei quattro soli degli Aztechi.

Il nostro è un sole d’inverno
che illumina la scena del crimine:
una goccia di sangue, piume d’uccello,
banchetto divino o pasto del serpente?

                                       *
In tanti, coloro che sotto la neve
aspettano le belle giornate
per brillare come l’oro.

Altrettanti, i caduti in guerra
che nei loro occhi, occhi stravolti,
hanno riconosciuto la natura in fiore oltre il filo spinato.

                                       *
I monti, controluce, sembrano incudini
di una fucina abbandonata rischiarata dal sole.

Il martello del filosofo,
battendo sul passato,
accende le scintille.

Un passato in cui si ferravano i cavalli
tra l’odore del corno bruciato,
cavalli percossi, obbligati a guardare avanti
da paraocchi che gli uomini non avevano il coraggio di portare.

                                       *
 

 

                                                  Rétrotraduction : Marie-Line Zucchiatti

Au sortir de la caverne, nous apercevrons les mirages
que depuis toujours nous rêvons d’outrepasser sans nous mouiller :
flaques d’eau s’évanouissant à notre approche
étendues de lumières qui nous semblent lacs.

Devant nous, aucun prophète, aucun pharaon pour nous indiquer la
voie, devant nous, aucune mer ne s’ouvre
telles les grandes lèvres des femmes, mais,
devant nous, rien qu’un au-delà et un horizon
qui tous deux nous échappent.

                                       *
Tombe la neige, la nappe s’étend
sur les prés. Le ciel tout entier pourrait s’entretenir,
le ciel, et deux ou trois
des quatre soleils des Aztèques.

Notre soleil est celui de l’hiver
qui illumine la scène du crime :
une goutte de sang, plume d’oiseau,
banquet divin ou repas du serpent ?

                                       *
Nombreux sont ceux qui sous la neige
attendent les beaux jours
pour briller comme de l’or.

Aussi nombreux que ceux tombés au front
et dont les yeux, les yeux bouleversés
ont reconnu la nature en fleur derrière les barbelés.

                                       *
Les montagnes, en contre-jour, comme des enclumes
d’une forge abandonnée éclairée par le soleil.

Le marteau du philosophe,
en tapant sur le passé,
allume les étincelles.

Un passé où l’on ferrait les chevaux
dans l’odeur de la corne brulée,
chevaux battus, obligés de regarder en avant
par des œillères que les hommes n’avaient pas le courage de porter.

                                       *
 

Traduction Emanuela Nanni & Nicolὸ Cecchella – Rétrotraduction Claire Pellissier

                                                  Traduction : Emanuela Nanni & Nicol Cecchella

Uscendo dalla caverna, vedremo i miraggi
che da sempre sogniamo di oltrepassare a piedi asciutti:
pozze d’acqua che evaporano quando si avanza,
falde di luce in cui scorgere laghi.

Nessun profeta, nessun faraone a camminare davanti a noi.
Non il mar rosso ad aprirsi da solo
come le grandi labbra delle donne, ma un aldilà
che indietreggia assieme all’orizzonte.

                                       *
Con la neve è stesa la tovaglia
sui prati. Il cielo nella sua interezza
potrebbe stare in un cucchiaio d’argento,
il cielo e due o tre soli
sui quattro che contavano gli Aztechi.

Il nostro è un sole d’inverno
che illumina il luogo del delitto
la goccia di sangue, le piume dell’uccello,
era il simposio degli dei
o il pasto del serpente?

                                       *
Tanti i nomi sotto la neve
che aspettano i bei giorni
per brillare come oro.

Altrettanti i morti in guerra
che hanno visto nei loro occhi, occhi stravolti,
la campagna in fiore dietro il filo spinato.

                                       *
Le montagne in controluce somigliano ad incudini,
e il sole illumina questa fucina abbandonata.

Le scintille scaturiscono dal martello del filosofo
quando percuote il vecchio mondo.

Un mondo in cui si ferravano i cavalli
nell’odore del corno bruciato, cavalli frustati
che guardavano dritto davanti a loro costretti dai paraocchi
che non osavano mettere gli uomini.

                                       *
 

 

                                                  Rétrotraduction : Claire Pellissier

En sortant de la caverne, nous verrons les mirages
que depuis toujours nous rêvons de traverser à pied sec :
flaques d’eau qui s’évaporent quand on avance,
puits de lumière où l’on aperçoit des lacs.

Aucun prophète, aucun pharaon pour marcher devant nous.
Pas de mer Rouge pour s’ouvrir toute seule
comme les grandes lèvres des femmes, mais un au-delà
qui recule en même temps que l’horizon.

                                       *
Avec la neige la nappe est étendue
sur les prés. Le ciel tout entier
pourrait tenir dans une cuillère d’argent,
le ciel et deux ou trois soleils
sur les quatre que comptaient les Aztèques.

Le nôtre est un soleil d’hiver
qui éclaire le lieu du délit :
la goutte de sang, les plumes de l’oiseau,
était-ce le symposium des dieux
ou le repas du serpent ?

                                       *
Tant de noms sous la neige
qui attendent les beaux jours
pour briller comme de l’or.

Autant de morts à la guerre
qui ont vu dans leurs yeux, yeux révulsés,
la campagne en fleurs derrière les barbelés.

                                       *
Les montagnes à contre-jour ressemblent à des enclumes,
et le soleil éclaire cette forge abandonnée.

Les étincelles jaillissent du marteau du philosophe
quand il pilonne le vieux monde.

Un monde où l’on ferrait les chevaux
dans l’odeur de la corne brûlée, chevaux fouettés
qui regardaient droit devant eux, contraints par les œillères
que n’osaient porter les hommes.

                                       *
 

Pour citer ce document

Erika Padova, Marie-Line Zucchiatti, Nicolὸ Cecchella, Claire Pellissier et Emanuela Nanni , «Traduire Gérard Macé : Poésie», Acta Litt&Arts [En ligne], Acta Litt&Arts, Épreuves de l'étranger, Italien, mis à jour le : 29/03/2018, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/actalittarts/308-traduire-gerard-mace-poesie.

Quelques mots à propos de :  Erika  Padova

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Quelques mots à propos de :  Marie-Line  Zucchiatti

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Quelques mots à propos de :  Nicolὸ  Cecchella

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Quelques mots à propos de :  Claire  Pellissier

Rétrotraduction italien-français

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Quelques mots à propos de :  Emanuela  Nanni

Traduction français-italien

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