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Cécile Lignereux

Les mises en garde des manuels d’art épistolaire contre les fautes de goût

Initialement paru dans : C. Barbafieri et J.-Y. Vialleton (dir.), Vices de style et défauts esthétiques (XVI-XVIIIe siècle), Classiques Garnier, coll. « Rencontres », 2017, p. 165-179.

Texte intégral

1Aux modèles de lettres et aux règles à suivre, les manuels d’art épistolaire de l’âge classique adjoignent de scrupuleuses mises en garde contre les fautes de goût incompatibles avec les normes du bien-dire épistolaire. Si les ouvrages alors appelés secrétaires s’attachent à dénoncer les maladresses les plus courantes, c’est parce qu’ils poursuivent principalement un but pratique : en alertant contre les écueils qui guettent les épistoliers cherchant à s’acquitter au mieux de leurs échanges épistolaires ordinaires, il s’agit de les aider à se défaire des inconvenances qui compromettent le succès de leurs missives. Situés à l’articulation entre le manuel de savoir-vivre et le traité rhétorique, les secrétaires ont un objectif utilitaire, adapté aux usages effectifs de la sociabilité : améliorer les compétences de scripteurs qui, confrontés à des besoins d’expression aussi courants que ritualisés, désirent se prémunir contre les fâcheuses conséquences relationnelles induites par leur manque de savoir-faire. La consultation ponctuelle de ces ouvrages, au gré des besoins rencontrés par les épistoliers, est d’ailleurs favorisée par des tables des matières soigneusement détaillées.

  • 1 Cette démarche est commune aux huit manuels d’art épistolaire du XVIIe sièc...

  • 2 C’est en ces termes qu’Ortigue de Vaumorière présente la structure de son o...

2Jouant pleinement leur rôle de manuels pratiques, les secrétaires procèdent pédagogiquement, par étapes. Dans un premier temps, ils commencent par définir les spécificités du genre épistolaire et par enseigner les normes d’expression qui doivent être appliquées en toutes circonstances. Dans un second temps, ils proposent une typologie fondée sur les rouages socio-discursifs de la civilité usuelle – typologie qui peut être ou non accompagnée de lettres modèles1. À l’exposé de « maximes générales » succèdent ainsi (selon des proportions et des méthodes extrêmement variables d’un manuel à l’autre) « des avis particuliers sur chaque espece de Lettres2 ». Certes, l’un et l’autre de ces dispositifs didactiques ont en commun de faire grand usage des catégories négatives caractéristiques de l’axiologie critique de l’époque. Pourtant, on aurait tort de penser que la sollicitation de contre-modèles relève d’une seule et même perspective. Au contraire, la progression pédagogique des secrétaires ménage à l’allégation des catégories négatives deux fonctionnalités aussi distinctes que complémentaires. Pour aider l’usager du manuel à parfaire ses performances épistolaires, il ne suffit pas de lui signaler les pièges les plus grossiers de la rédaction en général. Encore faut-il lui donner les moyens de se prémunir contre les risques propres à chacune des catégories de lettres couramment échangées dans la vie quotidienne en particulier. C’est pourquoi les manuels d’art épistolaire ménagent successivement aux catégories négatives exploitées pour leur indéniable vertu prophylactique deux sortes d’orientation et de portée normatives, qu’il s’agit à présent de bien distinguer.

  • 3 A.-A. Bruzen de La Martinière, « Observations sur l’art d’écrire des lettre...

  • 4 J.-L. Le Gallois de Grimarest, Traité sur la manière d’écrire des lettres e...

3D’un côté, lorsque la mobilisation de catégories critiques négatives apparaît dans les propos introductifs sur l’élégance et la politesse du style épistolaire en général, elle contribue à définir un bon goût épistolaire unanimement identifié au naturel : elle obéit ainsi à une logique esthétique (l’enjeu est de plaire, ou du moins de ne pas déplaire par son style) et s’applique à toute lettre, quelle que soit l’occasion qui la suscite. L’affiliation de la lettre à la conversation étant systématiquement rappelée dans les premières pages des secrétaires, ces préceptes généraux sont calqués sur les bienséances sociales, linguistiques et morales qui définissent la familiarité polie de la conversation honnête. Les nombreuses proscriptions qui y sont formulées s’avèrent d’autant plus efficaces qu’elles sollicitent massivement les notions métalinguistiques à connotation péjorative qu’utilisent également les théoriciens de l’honnêteté à titre de repoussoirs destinés à sensibiliser aux différentes fautes de goût contraires à l’art de plaire mondain – que ces proscriptions portent sur l’aspect général de la rédaction (l’inégal, le négligé), sur des fautes de langue (le barbare, le provincial, le vieux), sur des vices de style (le brillant/le fade, l’affecté/le rustique, l’enflé/ le bas, le guindé/le vulgaire, le diffus/l’obscur), sur des procédés d’expression tels que certaines figures et certains patrons syntaxiques (l’extraordinaire, le superflu, l’artificiel), sur des attitudes éthiques (le froid/l’emporté, le doux/le véhément), sur des modes devenues obsolètes (« l’Enflure de Balzac, le Badinage de Voiture ou le Bouffon de Scarron3 ») ou encore sur des comportements discursifs (la puérilité de l’écolier, « l’enthousiasme d’un Poëte ; le brillant & l’éloquence d’un Orateur ; la sécheresse d’un Philosophe ; la prolixité d’un homme de Droit ; l’ignorance d’une femme, ou d’un courtisan4 »).

4De l’autre côté, lorsque la mobilisation de catégories critiques négatives prend place au sein des descriptifs des différents sous-genres épistolaires, elle sert une approche rhétorique : il s’agit de réussir le processus de persuasion lié à une situation pragmatique particulière, c’est-à-dire de rédiger une lettre efficace. La réflexion technique sur les différents raisonnements possibles propres au type de lettre considéré, dont les secrétaires évaluent la pertinence en fonction des divers paramètres qui en conditionnent la réussite, poursuit un double objectif pédagogique, inégalement pris en charge par les manuels : d’une part, recenser les moyens argumentatifs spécifiques à chaque situation concrète de l’existence et d’autre part, mettre en garde contre les maladresses qui auraient pour effet de ruiner l’effet persuasif du raisonnement – maladresses qui apparaissent comme congénitales, pour ainsi dire, au type de lettre considéré. Certes, certains descriptifs se concentrent exclusivement sur l’inventio (choix des arguments) et la dispositio (place des arguments). Cependant, il n’est pas rare qu’à ces préoccupations d’ordre strictement argumentatif s’adjoigne une attention à l’elocutio se traduisant par des avertissements contre les principaux défauts qui, dans la situation pragmatique précise à laquelle ne correspond qu’un nombre limité de structures argumentatives spécifiques, guettent l’épistolier inexpérimenté.

  • 5 Nous reprenons la distinction de Cl. Irson, Méthode pour bien écrire & comp...

5Incontestablement, les mises en garde contre les fautes de goût, qu’elles se situent au niveau des « observations générales » ou des « règles particulières pour quelques espèces de lettres5 » recourent souvent à la même terminologie critique. Néanmoins, ce serait se méprendre sur la spécificité pédagogique de chacun de ces deux dispositifs didactiques que d’occulter les différences de modalités et de répercussions d’une mobilisation de catégories négatives qui tantôt sert une logique esthétique à portée globale (pour toutes les sortes de lettres en général, et à l’échelle de toute la lettre) et qui tantôt s’inscrit dans une démarche rhétorique à portée locale (pour une catégorie de lettre en particulier, et plus précisément même, souvent, à l’échelle de l’une des séquences constitutives de cette catégorie de lettre). Dans la mesure où l’entreprise typologique des manuels d’art épistolaire, d’inspiration fortement rhétorique, n’a guère retenu l’attention de la critique, qui préfère se focaliser sur des préceptes généraux particulièrement représentatifs de la civilisation des mœurs, c’est aux formes et aux enjeux de la mise en garde contre les écueils présentés comme spécifiques à certaines catégories de lettres que sera consacrée cette étude.

6Certes, chaque espèce de lettre se définit par une grille argumentative distinctive et donne lieu à des avertissements appropriés, ciblés en fonction de son rendement discursif intrinsèque. Pourtant, il est possible de classer les fautes de goût inhérentes aux différentes catégories de lettres et d’en distinguer trois sortes : celles qui sont liées à la falsification de la réalité (d’ordre cognitif), celles qui résultent d’une mise en forme défectueuse (d’ordre stylistique) et celles qui trahissent des travers moraux (d’ordre éthique).

Les fautes de goût liées à la falsification de la réalité

7Au fil des préceptes qu’ils consacrent à chaque espèce de lettres, les manuels reviennent régulièrement sur la tendance qu’ont les épistoliers à bafouer l’exigence de véridicité. Trois sortes de lettres semblent particulièrement sujettes à l’altération, plus ou moins consciente d’ailleurs, de la réalité.

8D’abord, c’est lorsque les épistoliers relatent des événements

  • 6 Mattéi de La Barre, Second traité de la lettre en particulier, contenu dans...

Il ne faut qu’une simple exposition de plusieurs articles mis par ordre, qu’on debite agreablement & sans exageration.6

ou qu’ils dépeignent des traits de caractère

  • 7 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets...

Et l’on travaille à y marquer naturellement l’air, les visages, les mœurs & les inclinations des gens. L’une de ses plus sensibles beautez consiste en cela. Il ne faut pourtant pas peindre si fort d’après-nature, qu’on n’aille un peu au-delà ; mais sans choquer la vrai-semblance. Les grands Peintres le pratiquent de la sorte, & on doit les imiter.7

  • 8 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., t...

qu’ils doivent faire particulièrement attention à ne pas abuser d’exagérations qui ne manqueraient pas d’endommager la relation entre des correspondants qui doivent se montrer « dignes de foi8 ». Tout est affaire de mesure. C’est la raison pour laquelle Richelet, plutôt que de prohiber toute déformation du réel, préfère en appeler au discernement des scripteurs, incités à veiller au bon dosage de l’exagération : alors que la surenchère est toujours tentante (tout épistolier désireux de redoubler l’intérêt de son destinataire prenant intuitivement quelques distances, ici et là, avec le matériau factuel dont il dispose), les entorses à la réalité ne doivent jamais tourner à l’invraisemblance.

9Ensuite, c’est quand ils adressent des récriminations que les épistoliers ont tendance à trahir la réalité. Les épistoliers qui estiment avoir subi une offense se laissent facilement aller à exagérer leurs plaintes et leurs reproches, au point de sortir des « bornes de la vérité » :

  • 9 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour reprocher ...

Il faut bien prendre garde, lorsque l’on veut reprocher de ne point exagerer : car le Reproche est déjà assez odieux de sa nature. Il faut representer modestement & avec douceur ses raisons, l’ingratitude de la Personne, sa mauvaise conduite, & le tout pour une bonne fin, sans jamais sortir des bornes de la verité, qui nous doit étre preferable à toutes choses.9

  • 10 J. Puget de la Serre, Le Secrétaire à la mode, op. cit., « Lettres de plai...

Quand on a receu quelque griefve offense, il est permis de s’en plaindre un peu plus haut : mais toutesfois en sorte qu’on ne passe point mesure à l’exaggerer, & n’en vienne point aux injures.10

Au moment d’exprimer ses doléances, l’apprenti épistolier doit donc prendre garde à ce que les sentiments qui l’animent (dépit, colère, rancœur) ne faussent sa perception de la réalité au point qu’il ne soit plus capable de « representer modestement & avec douceur ses raisons ». Si les avertissements des manuels concernant la tentation de « s’emporter à des cris inconsiderez »

  • 11 Mattéi de La Barre, Second traité de la lettre en particulier, contenu dan...

On fait des plaintes de son malheur sans regles, & sans art, parce que chacun est eloquent en cette matiere, mais il faut se garder d’y faire paroître rien d’effeminé, de s’emporter à des cris inconsiderez, & témoigner une bassesses sans courage à l’imitation de ce sexe imbecile.11

et de « se plaindre excessivement »

  • 12 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Des Preceptes de la Lettre d...

Je ne fais pas beaucoup de difference entre les Reproches, & la Plainte qui est ordinairement composée de deux parties, à sçavoir l’exposition des injures & de la reparation, ou demande de satisfaction, soit tacite, ou expresse : l’artifice consiste à ne pas se plaindre excessivement car comme une haute felicité tient bien souvent de la superbe ; de mesme une misere trop excessive est toujours remplie de plaintes et de larmes : les femmes, les enfans, & les pauvres nous l’apprennent tous les jours.12

sont particulièrement sévères, c’est qu’ils assimilent les plaintes disproportionnées des épistoliers aux importunes jérémiades de figures archétypiques familières.

10Enfin, c’est à l’occasion des louanges adressées de manière rituelle à leurs destinataires que les épistoliers doivent se prémunir contre le risque de déformer la réalité, que les éloges et compliments constituent l’unique objet de la lettre

  • 13 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

[La Lettre] plaît d’autant plus, que les Eloges qu’elle renferme, sont vrais, justes & propres à l’objet qu’on loüe. Rien n’agrée tant que la vérité, & que tout ce qui caractérise ingenieusement le mérite des gens. Les louanges qui n’ont pas cet air ne sauroient plaire, & on ne peut les souffrir.13

ou qu’ils s’intègrent dans une missive à titre de séquence topique, comme dans la lettre de conciliation (où la louange constitue commodément la première unité argumentative)

  • 14 J. Puget de la Serre, Le Secrétaire à la mode, op. cit., « Lettres de conc...

Et les faut commencer par la declaration, de ce qui nous meut à rechercher l’honneur de la cognoissance : & à ceste fin faire mention des vertus dont nous avons appris qu’il est doüé, comme de son humanité, de son courage, de sa science & autres telles choses : usant d’une prudente variation, selon les personnes à qui on s’adresse ; & les loüant de telle sorte ; qu’on n’apperçoive point de flatterie en nostre discours.14

ou dans l’épître dédicatoire (où la louange, si elle est de mise, se présente comme un fragment discursif dont la place semble relativement peu contrainte) :

  • 15 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de ...

Il faut loüer puisque presque tout le monde loüe dans ces occasions. Mais il ne faut pas faire un panegirique dans les formes. On doit éviter sur tout de dire rien d’outré, ni qui sente la flaterie.15

  • 16 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

L’air dont on s’exprime dans les Epîtres dédicatoires, doit n’avoir aucune apparence de flatterie, & être plus brillant, plus fleuri, plus éxact, & plus soûtenu que dans les Lettres ordinaires.16

S’il ne veut pas donner prise aux accusations de flatterie, écueil contre lequel les ouvrages de savoir-vivre multiplient les mises en garde, l’épistolier doit s’efforcer de résister à une surenchère qui ne manquerait pas de le discréditer auprès de son destinataire. Ce n’est pas parce que la louange constitue un exercice obligé de la civilité épistolaire, où les hyperboles sont prodiguées et reçues en toute banalité, que sa pratique ne doit pas être régulée – non, d’ailleurs, par quelque obligation morale de sincérité mais par une modération dans le maniement des éloges constitutive d’une honnête complaisance jugée nécessaire à des relations sereines.

Les fautes de goût qui résultent d’une mise en forme défectueuse

  • 17 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Nouvelle instr...

11De même que, dans les préceptes à portée générale, les manuels d’art épistolaire cherchent à prévenir l’apparition des outrances et des abus qui font dégénérer les « quatre Especes de Stiles » en de grossières contrefaçons (le style « simple & naturel » devient « plat & bas », le style « Serieux ou Enjoüé » se transforme en « Stile de Pointe », le style « grave » se fait tantôt « vehemens » tantôt « trop libre », et le style « sublime » verse dans une « eloquence turbulente & emportée17 »), de même, dans les recommandations particulières spécifiques à chaque sorte de lettre, ils répertorient les dérèglements stylistiques qui résultent de l’incapacité des épistoliers à garder un juste milieu. À chaque sous-genre épistolaire son risque stylistique propre : tandis que le billet tombe aisément dans la bassesse,

  • 18 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

On entre d’abord en matière dans le Billet : & l’on explique sa pensée d’un air aisé & ingénieux. Le style en doit être vif & coupé, simple & naturel ; mais sans bassesse.18 

  • 19 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de ...

Tout ce qu’on y dit doit être simple & naturel, mais sans bassesse, n’y aiant rien de plus odieux dans toutes les langues que la bassesse du stile.19

la raillerie donne trop souvent dans la bouffonerie :

  • 20 Cl. Irson,  Méthode pour bien écrire & composer des lettres…, op. cit., « ...

Quand on veut rire, & se divertir, il faut que ce soit bien à propos, & prendre garde de ne tomber pas dans la boufonerie.20

Les lettres à visée informative peuvent quant à elle non seulement pécher soit par excès soit par défaut dans la gestion des données factuelles (le superflu et l’obscur désignant symétriquement les deux déséquilibres inverses), mais encore adopter un rythme narratif languissant propre à ennuyer le destinataire :

  • 21 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

Si l’on a envie de plaire, il ne faut écrire que d’agréables nouvelles. Et on les raconte d’un air vif, clair & égaïé, sans qu’il y ait rien de superflu, de languissant, ni d’obscur. Dans le recit qui s’en fait, l’obscurité, le trop de choses, & la langueur passent pour les défauts essentiels des Nouvelles. Ces defauts dégoutent, ils font bâiller, & sont cause qu’on n’a nulle estime pour l’Auteur, ni pour son Ouvrage.21

  • 22 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

Les circonstances de la chose qu’on y raconte, doivent être agréablement marquées, et tendre toutes à réjoüir galamment l’esprit ; de sorte qu’il n’y faut rien d’obscur, de languissant, ni de superflu. Ces défauts ennuïent plus qu’on ne sauroit penser, et il importe de les fuïr, & surtout dans le récit.22

12De tels déséquilibres stylistiques sont d’autant plus préjudiciables à la réputation de l’épistolier qu’ils manifestent au mieux une négligence condamnable, au pire une affectation ridicule :

  • 23 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

En traitant ces matieres, on doit éviter d’affecter un stile concis, de peur d’ajoûter de l’obscurité à des choses qui ne sont que trop obscures d’elles-mêmes.23

En ce qui concerne les lettres ou les séquences de louanges, leur principal écueil consiste en la fadeur, qui résulte à la fois d’un manque de finesse et de concision :

  • 24 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., ...

Si le sujet d’une Lettre oblige a donner des loüanges directes aux personnes à qui on écrit, il est juste que ce soit d’une maniére fine et concise. Rien n’est plus fade qu’un éloge étendu & sans tour […] Je pense même que l’on offense bien des gens à qui on addresse des Lettres panegiriques. On les traite comme s’ils avaient peu de modestie.24

  • 25 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

  • 26 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

Ce n’est pas parce que les épistoliers distribuent et reçoivent des louanges de manière coutumière qu’ils ne doivent pas expérimenter « une maniere nouvelle & délicate25 » et s’astreindre à « caractérise[r] ingenieusement le mérite des gens26 », c’est-à-dire chercher à contrebalancer le caractère aussi routinier qu’insipide des compliments par une inventivité subtilement dosée.

13Parmi les travers stylistiques à éviter, il en est un qui s’avère commun à plusieurs catégories de lettres : le brillant. S’il convient de ne pas faire étalage de son esprit, ce n’est pas tant parce que la propension à la pose est condamnable d’un point de vue moral : c’est surtout parce que l’exhibition ostentatoire du bel esprit attire inévitablement des soupçons quant à la sincérité du scripteur. C’est pourquoi lorsqu’ils écrivent des lettres amoureuses, les épistoliers doivent absolument fuir le brillant et l’affecté, qui jettent immédiatement le doute sur l’authenticité des sentiments exprimés :

  • 27 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

Les Lettres tendres doivent être extrémement claires et naturelles. On ne parle en amour que pour se faire entendre, & l’on soupçonne de peu de sincerité, tout ce qui n’imite pas ingenieusement la nature. Il faut avec adresse en attraper l’air dans les Ouvrages, où le cœur a plus de part que l’esprit, & être persuadé que leurs plus grands défauts, c’est le brillant, l’enjouement, & l’affectation : la tendresse est simple & sincére, & n’aime point ce qui n’a pas ce charmant caractere.27

  • 28 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., ...

L’esprit n’y gâte rien, pourveu qu’il n’affecte pas d’y briller, & qu’il se contente de mêler aux sentimens du cœur, une delicatesse qui les rende moins brusques & plus touchans.28

Indéniablement, le trop recherché et le brillant produisent une impression de froideur qui constitue le principal péril des lettres de compliments, notamment les lettres de félicitation

  • 29 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour congratul...

L’On exagerera judicieusement & sans flateries toutes les circonstances : Mais il faudra eviter surtout de vouloir faire paroître son bel Esprit ; La simplicité toute nuë a souvent meilleure grace & persuade d’avantage qu’une Affectation étudiée, joint que de la faire à dessein d’acquerir de l’Estime et de l’Honneur, c’est l’effect d’une Vanité insupportable, & je croy qu’il n’y a rien si opposé à la bienseance qu’un esprit qui paroit brillant, et qui fait toutes ses Actions par Ostentation.29

et les lettres de condoléance :

  • 30 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., ...

C’est dans ce genre d’écrire qu’il faut que le cœur paroisse touché, & qu’on l’excite à parler sans le secours de l’esprit. Montrons-nous dans ces occasions moins spirituels que sensibles. Choisissons des expressions tendres & naturelles, & rejettons les pensées qui peuvent avoir quelque chose de brillant ou de trop recherché.30

  • 31 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de ...

Les expressions naturelles & tendres sont les seules qu’on doit employer dans les letres de consolation. Il faut que le cœur y parle seul ; qu’il n’y ait rien de trop brillant, ni qui paroisse trop recherché.31

Écrites par pure obligation de civilité, ces sortes de lettres n’en doivent pas moins donner l’impression qu’elles viennent du cœur – d’où la nécessité, pour les épistoliers, de se montrer « dans ces occasions moins spirituels que sensibles », c’est-à-dire de mettre en œuvre une sobriété et une discrétion indispensables à l’effet de sincérité.

Les fautes de goût qui trahissent des travers moraux

  • 32 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Du style des Lettres, & comb...

14Rappelant avec insistance aux apprentis épistoliers qu’« il faut bien prendre garde que nostre parole ne découvre qu’il y ait quelque vice en nos mœurs32 », les manuels prennent soin de recenser les dérapages éthiques les plus fréquents. Trois types de situations discursives prédisposent les épistoliers à perdre le sens de la mesure, au point de leur faire oublier la retenue et de la modération pourtant indispensables à une sociabilité polie et apaisée.

15La première attitude inacceptable sur laquelle se focalisent plusieurs descriptifs consiste en une tendance à l’autoritarisme qui, parce qu’elle instaure une dissymétrie entre les correspondants, compromet grandement leur harmonie relationnelle. Centrés sur les effets produits à réception de la lettre, les manuels signalent scrupuleusement les risques qu’encourent les scripteurs lorsqu’ils sont amenés à produire des actes verbaux spontanément ressentis comme indiscrets, voire vexatoires. Alors que les épistoliers qui donnent des conseils (conseils de sagesse et de résignation en cas de deuil),

  • 33 Ibid., « Des preceptes de la Lettre de Consolation, ou Condoleance », p. 93.

Le grand secret de bien traiter la Consolation, est de s’insinuer. […] Il faut prendre garde de ne ressembler pas à certains consolateurs si serieux, & si importuns, qu’ils redoublent les afflictions, en voulant consoler : on évitera aussi le commandement.33

qui exhortent,

  • 34 Ibid., « Suitte du Chapitre precedent, comment il faut adoucir l’Exhortati...

Il faut eviter autant qu’il sera possible la dissimulation & le commandement, aussi bien qu’en la reprimande, parce qu’il y a plusieurs esprits orgueilleux qui s’irritent & ne s’asseurent qu’en eux mesmes, ne recevans point d’autres avis que ceux de leurs caprices. Pour donc eviter cet écueil, nous l’adoucirons en tout ce qui nous sera possible, tant par la solidité des raisons, & des preuves, que par la beauté des plus douces figures tres propres à ce genre.34

ou qui formulent une demande

  • 35 Ibid., « Des Preceptes de la Lettre de Demande », p. 249-250 et 251-252.

Quand la demande se trouve favorable, nous persuadons ouvertement qu’elle doit étre accordée : mais lors qu’elle est douteuse, avant que de la proposer, on employe l’insinuation […] : une demande respectueuse couchée en semblables termes, peu ébranler celuy, à qui elle est addressée : au lieu que l’effronterie l’en détourne tout à fait.35

devraient adoucir respectueusement leur propos et pratiquer une prudente insinuation, ils se laissent souvent aller à des paroles trop directes, dont l’air de commandement et d’effronterie s’avère blessant pour le destinataire.

16La deuxième attitude moralement répréhensible que les manuels enjoignent à fuir consiste en une vanité qui ne peut manquer de heurter la susceptibilité du correspondant. Même si certaines pratiques épistolaires (offre de service, recommandation, conciliation) exigent, à un échelon du canevas argumentatif qui leur est propre, de mentionner les services qui ont été rendus au destinataire ou dont il pourra bénéficier,

  • 36 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Des Preceptes de la Lettre d...

Que si nous avons fait quelque chose pour luy, nous en pourrons toucher une partie, mais modestement & en peu de mots […].36

  • 37 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour recommand...

Mais il faut bien observer qu’il faut parler Modestement & avec beaucoup de retenuë des services, que la personne recommandée a rendus à celuy, à qui on recommande. […]37

  • 38 J. Puget de la Serre, Le Secrétaire à la mode, op. cit., « Lettres de conc...

Puis on peut dire que s’il nous daigne recevoir au nombre de ses amis, il trouvera que nous n’en sommes pas indignes : & à ceste occasion de loüer un peu, mais modestement et avec retenue.38

le scripteur n’en doit pas moins être vigilant quant au risque de laisser transparaître une présomption humiliante pour son correspondant.

17La troisième défaillance morale dont font preuve les épistoliers inexpérimentés consiste, dans des missives dont l’objectif est ouvertement polémique, en une acrimonie qui peut à tout moment entraîner la calomnie :

  • 39 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., ...

Si l’on accuse, que l’on se garde d’être calomniateur. Il y a des accusations de bonne foi qui produisent des effets avantageux, mais la calomnie est toûjours maligne, elle attaque l’innocence & suppose des crimes. […] Pour arriver à une fin si loüable, l’accusateur ne doit jamais paroître envieux ni opiniâtre. Il faut qu’il soit modéré […]39

D’une part, c’est dans les lettres écrites en réaction à une offense que paraissent à découvert des sentiments comme l’aigreur et le ressentiment, que ces lettres aient pour but de reprocher

  • 40 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

On reproche adroitement à une personne les choses où elle a manqué. Il faut éviter, sur tout, de dire des injures : les Reproches grossiers & injurieux dégoûtent, & font mal penser de celui qui les fait. Il les faut donc faire d’un air fin, & qui sans montrer une trop sensible aigreur, marque seulement à celui qui en a mal usé envers nous, que sa conduite le couvre de honte parmi tous les honnêtes-gens.40

  • 41 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de ...

Quand on écrit à un ami pour lequel on a de la tendresse, & dont on a néanmoins sujet de se plaindre, il faut que les reproches qu’on lui fait n’aient rien de desobligeant. On doit lui faire connoître qu’il a tort, mais on le doit faire d’une manière enjoüée & qui n’ait nullement l’air de ressentiment […] Que si celui à qui on écrit n’est pas un ami particulier, & qu’il soit d’une nécessité indispensable de lui faire des reproches violens, il faut être grave & serieux, & parler fortement, & avec une noble fierté, sans sortir néanmoins jamais des bornes d’une juste moderation […]41

ou d’accuser :

  • 42 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour accuser »...

Ce recit [des injures, que nous avons souffertes], qui doit se faire sans aigreur sera étendu & continué à discretion & fortifié de plusieurs Raisons, & nous les terminerons selon les differens Motifs qui nous obligent d’écrire.42

  • 43 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de ...

Tout en doit être naturel ; & sur tout qu’il paroisse que ce n’est ni envie, ni vengeance, ni aucun interêt injuste qui nous fait agir dans cette rencontre.43

  • 44 Cl. Irson, Méthode pour bien écrire & composer des lettres, que l’on appel...

18Même si ses raisons de se plaindre « de la negligence d’un Amy » sont légitimes, l’épistolier doit le faire « de bonne grace, & sans le choquer44 », c’est-à-dire avec modération, sans rancune ni malveillance. D’autre part, c’est dans les lettres, à visée davantage récréative, inspirées des codes des Belles-Lettres, que les épistoliers se laissent emporter par l’animosité, notamment lorsqu’il s’agit de critiquer,

  • 45 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

Le caractère de l’Ouvrage Critique est vif & délicat : Il ne sauroit sans cela être au gré des Connoisseurs. Mais il y sera, si on le tourne si ingenieusement, qu’il semble avoir été fait par un esprit, qui paroisse plutôt avoir pris l’intérêt du Public, que le sien propre. La Critique en effet ne doit faire voir aucune animosité particuliere. Tout s’y reprend sans une aigreur apparente ; & il faut qu’il ne s’y dise rien, que pour instruire finement celui, dont on montre les fautes […].45

de se moquer

  • 46 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujet...

La plûpart font des Satires ; mais ils n’en savent pas bien faire : ils croïent, que dire des injures, c’est être un agréable Satirique : Ils se trompent ; on ne blâme que les défauts qui meritent d’être blamez : & encore faut-il s’en rire d’un air délicat & ingenieux. Injurier grossiérement quelqu’un, c’est faire une Satire contre soi-même […]46

ou de blâmer :

  • 47 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., ...

[…] la Satyre demande un tour encore plus fin. Si pour y réüssir il n’y avoit qu’à dire des injures, les gens les plus grossiers des Halles l’emporteroient hautement sur les personnes les plus polies de la Cour. Ainsi ce ne seroit pas être d’un goût fort exquis que de ne pas preferer de petites plaintes assaisonnées d’une raillerie ingénieuse, aux reproches violens qui tiennent de l’invective.47

Au déploiement inadmissible de « reproches violens qui tiennent lieu de l’invective », les manuels préconisent d’opposer une finesse, une délicatesse et une ingéniosité seules capables de désamorcer la malignité du propos.

Conclusion

  • 48 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Du Genre Demonstratif, & que...

19Destinée à des épistoliers soucieux d’améliorer leur savoir-faire, la dénonciation des fautes de goût au sein des descriptifs des différentes espèces de lettres est le fruit non pas de postulats idéologiques mais d’impératifs pragmatiques, non pas de principes théoriques mais de critères techniques. Si les secrétaires prennent soin d’avertir des maladresses propres à chaque situation discursive précise, c’est qu’ils s’appuient sur l’observation empirique des usages épistolaires constitutifs de la sociabilité quotidienne. Fondées sur une approche utilitaire et didactique qui témoigne d’une appréhension proprement rhétorique du discours épistolaire, les mises en garde contre les écueils inhérents à chaque catégorie de lettre visent ainsi à assurer l’efficacité maximale de protocoles argumentatifs destinés à faciliter et à réguler les relations interpersonnelles d’épistoliers parfaitement conscients que « bien qu’il y ait des conditions qui sont communes à tous les genres d’écrire ; si en faut-il observer de particulieres48 ».

Notes

1 Cette démarche est commune aux huit manuels d’art épistolaire du XVIIe siècle étudiés dans cet article : J. Puget de La Serre, Le Secrétaire à la mode, Amsterdam, L. Elzevier, 1646 ; P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, Paris, A. de Sommaville, 1646 ; Cl. Irson,  Méthode pour bien écrire & composer des lettres, que l’on appelle epistres, contenue dans Nouvelle méthode pour apprendre facilement les principes de la langue françoise…, Paris, G. Meturas, 1656 ; Mattéi de La Barre, L’Art d’écrire en François, ou la manière de faire des complimens, des lettres…, Paris, N. Jolybois, 1662 ;Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé ou Le Mercure nouveau…, Leyde, J. Hackius, 1684 ; P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, Paris, J. Guignard, tome I, 1690 et tome II, 1695 ; P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, tomes I et II, Paris, M. Brunet, 1698 ; P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme, ou la manière de bien écrire des lettres…, Amsterdam, G. Gallet, 1699.

2 C’est en ces termes qu’Ortigue de Vaumorière présente la structure de son ouvrage, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, p. 49.

3 A.-A. Bruzen de La Martinière, « Observations sur l’art d’écrire des lettres ; Où l’on examine ce qui regarde le stile, les bienséances, & le Cérémonial » [1721], dans P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, Bâle, Tourneisen, 1752, p. IV.

4 J.-L. Le Gallois de Grimarest, Traité sur la manière d’écrire des lettres et sur le cérémonial… [1709], Paris, Veuve Estienne, 1735, p. 4. 

5 Nous reprenons la distinction de Cl. Irson, Méthode pour bien écrire & composer des lettres…, op. cit., p. 231 et 240.

6 Mattéi de La Barre, Second traité de la lettre en particulier, contenu dans L’Art d’écrire en François…, op. cit., « De nouvelles », p. 16. Les italiques des citations sont nôtres tout au long de cet article.

7 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Réflexions sur le portrait », p. 187-188.

8 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Lettres de nouvelles et de récits – Avis sur la manière de les écrire », p. 93.

9 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour reprocher », p. 33.

10 J. Puget de la Serre, Le Secrétaire à la mode, op. cit., « Lettres de plaintes », p. 20.

11 Mattéi de La Barre, Second traité de la lettre en particulier, contenu dans L’Art d’écrire en François…, op. cit., « Des plaintes de son malheur », p. 50.

12 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Des Preceptes de la Lettre de Reproche », p. 385-386.

13 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Réflexions sur les lettres de louange », p. 279-280.

14 J. Puget de la Serre, Le Secrétaire à la mode, op. cit., « Lettres de conciliation », p. 24-25.

15 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de faire une Epître dédicatoire », p. 96.

16 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Réflexions sur l’épître dédicatoire », p. 210.

17 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Nouvelle instruction à écrire des lettres », p. 15-20. Ce développement s’inspire des analyses d’A. de Courtin qui, dans le chapitre XXV intitulé « Ce qu’il faut observer en écrivant des lettres et des préceptes pour apprendre à les écrire », donne systématiquement, pour chaque espèce de style, son « opposé » ou son « contraire », Nouveau traité de la civilité… [1671], éd. M.-Cl. Grassi, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 1998, p. 169-177.

18 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Billets amoureux et galants – Manière de faire un Billet », p. 1-2.

19 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de faire un Billet », p. 158.

20 Cl. Irson,  Méthode pour bien écrire & composer des lettres…, op. cit., « Lettre de raillerie », p. 247. Ce passage est repris presque textuellement par Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Lettres de Galanteries », p. 35-36.

21 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Réflexions sur les lettres de nouvelles », p. 178.

22 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Réflexions sur la Relation », p. 214-215.

23 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Lettres des sciences et de curiositez – Avis sur la manière de les écrire », p. 5.

24 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Lettres du genre démonstratif », p. 50.

25 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Réflexions sur l’épître dédicatoire », p. 210.

26 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Réflexions sur les lettres de louange », p. 280.

27 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Réflexions sur les lettres tendres », p. 31-32.

28 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Lettres tendres et passionnées », p. 27.

29 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour congratuler », p. 35.

30 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Lettres de consolation », p. 90.

31 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de faire une lettre de consolation », p. 22-23.

32 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Du style des Lettres, & combien il y en a de sortes », p. 22.

33 Ibid., « Des preceptes de la Lettre de Consolation, ou Condoleance », p. 93.

34 Ibid., « Suitte du Chapitre precedent, comment il faut adoucir l’Exhortation », p. 294-295.

35 Ibid., « Des Preceptes de la Lettre de Demande », p. 249-250 et 251-252.

36 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Des Preceptes de la Lettre d’offres de service », p. 181.

37 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour recommander », p. 28.

38 J. Puget de la Serre, Le Secrétaire à la mode, op. cit., « Lettres de conciliation », p. 24-25.

39 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « Lettres du genre judiciaire », p. 321-322.

40 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Réflexions sur les lettres de reproche », p. 109-110.

41 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de faire une letre de reproche », p. 75-76.

42 Fr. de Fenne, Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour accuser », p. 31.

43 P. Colomiès, La Rhétorique de l’honnête homme…, op. cit., « La manière de faire une letre d’Acusation », p. 43.

44 Cl. Irson, Méthode pour bien écrire & composer des lettres, que l’on appelle epistres,op. cit., « Lettre pour se plaindre », p. 245. À son tour, Fr. de Fenne indique qu’ « il faut se plaindre de la Negligence d’un Amy de bonne grace & sans l’offenser », Le secrétaire à la mode réformé…, op. cit., « Pour se plaindre », p. 31.

45 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Réflexions sur les lettres de critique », p. 37-38.

46 P. Richelet, Les plus belles lettres françoises sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome II, « Réflexions sur les lettres satiriques », p. 1-2.

47 P. Ortigue de Vaumorière, Lettres sur toutes sortes de sujets…, op. cit., tome I, « De la manière de blâmer », p. 176.

48 P. Jacob, Le Parfait secrétaire…, op. cit., « Du Genre Demonstratif, & quelles Lettres y conviennent », p. 79.

Pour citer ce document

Cécile Lignereux, «Les mises en garde des manuels d’art épistolaire contre les fautes de goût», La Réserve [En ligne], La Réserve, Archives Cécile Lignereux, mis à jour le : 30/10/2023, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/reserve/400-les-mises-en-garde-des-manuels-d-art-epistolaire-contre-les-fautes-de-gout.

Quelques mots à propos de :  Cécile  Lignereux

RARE Rhétorique de l’antiquité à la Révolution / UMR 5316 Litt&Arts (CNRS/UGA)

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