La Réserve : Livraison du 17 novembre 2015

Déborah Knop

La conciliatio, entre exorde et digression : Montaigne, Essais, II, 25, « De ne contrefaire le malade »

« La conciliatio, entre exorde et digression : Montaigne, Essais, II, 25, “De ne contrefaire le malade” », in L’art de la conciliation, Genève, Droz, « Les cahiers du Gadges », n° 11, 2013, p. 76-89

Texte intégral

  • 1 Les Essais, éd. P. Villey, Paris, PUF, 1965, p. 688-690 ; éd. D. Martin, Ge...

  • 2 Elbaz, Françoise, « Le profit du change : L’intertextualité dans l’essai de...

1« De ne contrefaire le malade »1 est un court chapitre de la fin du livre II des Essais. Son analyse a été peu approfondie par la critique universitaire, hormis dans un article de Françoise Elbaz2. Ce chapitre nous semble toutefois intéressant pour sa structure et sa progression, qui ne sont peut-être pas si évidentes qu’elles le semblent, et en définitive pour l’interprétation qu’on peut en faire.

  • 3 Lebaigue, Charles, Dictionnaire latin-français, Paris, Librairie classique ...

2Le titre laisse nettement transparaître ce qu’on appellerait aujourd’hui la « thèse défendue » par l’auteur, qui équivaut en rhétorique à la notion de propositum, c’est-à-dire son « propos » ou « but » argumentatif3. C’est du moins ainsi que le titre devrait fonctionner, comme un effet d’annonce auquel le corps du chapitre est censé correspondre. Or ce chapitre a attiré notre attention car il a conduit à deux lectures différentes de la part de la critique universitaire : l’une considère que le programme annoncé par le titre est effectivement le propositum ; l’autre lecture souligne que le véritable propositum n’est pas celui qui est affiché. Dans cette deuxième perspective, le titre serait donc un leurre. L’enjeu de ces divergences est la manière dont le discours est conduit, mais aussi la stratégie de conciliatio que mettrait – ou pas – en œuvre l’auteur.

3Le chapitre est globalement constitué de cinq « paragraphes » (même si Montaigne ne met pas d’alinéa) : trois paragraphes assez courts, et de tonalité anecdotique, et deux autres plus longs, et peut-être plus denses sur le plan moral. Les trois premiers paragraphes sont trois petites histoires, respectivement tirées de Martial [§ 1], d’Appien [§ 2], historien du IIe siècle après J.-C., et de Froissard [§ 3], historien de la fin du Moyen Age. Toutes trois relatent le cas d’hommes qui auraient fait semblant d’être infirmes, et qui auraient par la suite contracté la maladie correspondante. Au quatrième paragraphe, la réflexion de Montaigne s’appuie sur Pline l’Ancien [§ 4], qui évoque le cas d’un homme qui, après avoir rêvé qu’il était aveugle, le serait effectivement devenu. Enfin, dans le cinquième, Montaigne traduit deux paragraphes d’une des Epîtres de Sénèque [§ 5], à propos d’une « folle », sorte de « fou » du roi au féminin, qui, elle, serait devenue aveugle subitement.

4Contrairement à de nombreux chapitres des Essais, celui-ci a été l’objet de très peu de modifications dans les éditions ultérieures à 1580. Il ne comporte que deux ajouts de l’édition de Bordeaux : une incise (« ce me semble ») et une référence autobiographique au fait que Montaigne porte la canne et à la maladie de la goutte. Le fait que la dispositio soit restée inchangée, puisqu’aucun paragraphe conséquent n’a été ajouté, laisse entendre que l’auteur la jugeait aboutie.

5Nous réfléchirons à la conciliatio dans ce chapitre en trois temps : Quintilien, Montaigne et Sénèque. Nous commencerons par un aperçu théorique fondé sur l’Institution oratoire ; puis nous examinerons plus longuement la structure même du chapitre des Essais ; enfin, nous le comparerons au principal texte-source de Montaigne, l’une des Lettres à Lucilius.

1. La conciliatio chez Quintilien : suspicion, délectation et digression

  • 4 Quintilien compare les situations de réception des juges et du lecteur, par...

  • 5 Agricola, Rudolf, De inventione dialectica, Tübingen, Max Niemeyer, 1992, I...

  • 6 Ramus, Pierre, Dialectique (1555), éd. Michel Dassonville, Genève, Droz, 19...

  • 7 Ramus, Pierre, et Talon, Omer, P. Rami Dialectica, Audomari Talaei praelect...

6La rhétorique et la dialectique proposent comme on le sait une vision dynamique du discours : la prise en compte des juges, c’est-à-dire de l’auditoire ou du lectorat4, en particulier de leurs résistances, est primordiale dans notre perception du texte. Or cet auditoire se répartit selon son absence ou non d’hostilité au propositum, et si oui, selon sa plus ou moins grande hostilité. Le cas maximal est ce qu’Agricola appelle un auditeur repugnans5, Ramus un auditeur « fascheux et retif »6, ou encore « morosus & refractarius »7. Dans tous les cas, l’orateur doit se « concilier » l’auditoire, même quand celui-ci n’est que très modérément rétif.

7La conciliatio occupe donc une place importante dans l’élaboration du discours. Il s’agit pour l’auteur de déterminer une stratégie qui permette de mettre l’auditoire de son côté, de le conquérir au besoin. La place bien connue de la conciliatio est l’exorde, où elle se confond par bien des côtés avec la captatio beneuolentiae. Mais la conciliatio ne se joue pas uniquement dans l’exorde, comme l’explique Martianus Capella :

  • 8 Martianus Capella, De nuptiis Philologiae et Mercurii, IV, De arte dialecti...

Conciliatione licet in tota causa uti conveniat, tamen in principiis uberius insistendum8.

Bien que la conciliatio puisse être utilisée dans tout le discours, néanmoins c’est dans l’exorde qu’il faut la développer le plus richement.

8Il s’ensuit que, dans un traité comme celui de Quintilien, nous pouvons nous attendre à trouver des remarques sur la conciliatio ou le conciliare ailleurs que dans le chapitre consacré à l’exorde. Nous allons donc procéder ici à un relevé (non exhaustif) des occurrences de conciliare chez Quintilien, en nous limitant à trois extraits qui permettront de mettre en lumière les points les plus importants. Nous proposerons deux traductions, celle de l’abbé Gedoyn, de 1718, et celle de Jean Cousin aux « Belles Lettres ». Même si elle est postérieure aux Essais, la traduction Gedoyn est en effet, dans la moindre de ses formulations, un témoignage précieux de la culture rhétorique de l’âge classique.

9Quintilien consacre à l’exorde son chapitre IV, 1. Le verbe conciliare apparaît au paragraphe 59. Ce texte présente une autre notion importante, l’insinuatio, qui se manifeste ici à travers le verbe subrepo, « se glisser dans, s’insinuer », et que les deux traducteurs rendent de la même manière, par le verbe « s’insinuer ».

10  

Quintilien

L’abbé Gedoyn (1718)

Cousin

I V, 1, 56. Nec minus diligenter ne suspecti simus ulla parte uitandum est, propter quod minime ostentari debet in principiis cura, quia uidetur ars omnis dicentis contra iudicem adhiberi. […]

IV, 1, 56. Evitons aussi de leur devenir suspects, & pour cela bannissons de l’Exorde, tout ce qui sent l’affectation & l’estude. C’est autant de piéges que le Juge s’imagine qu’on luy tend. […]

IV, 1, 56. L’orateur ne doit pas mettre moins de soin à éviter, dans cette partie, de se rendre suspect, et, pour cela, il ne faut pas du tout laisser s’étaler le travail de préparation, parce qu’alors tout l’art de l’orateur donne l’impression d’être dirigé contre le juge. […]

IV, 1, 58. quae tamen ita temperari potest ut uideamur accurate, non callide dicere. […]

IV, 1, 58. J’avoüe qu’il est difficile de prescrire des bornes sur ce point ; tout le tempérament que j’y trouve, c’est de parler avec justesse, avec exactitude, mais sans beaucoup d’artifice. […]

IV, 1, 58. Il est difficile de trouver la juste mesure ; mais on peut trouver un compromis, en donnant l’impression de parler avec soin, non avec artifice. […]

IV, 1, 59. Nondum enim recepti sumus et custodit nos recens audientium intentio ; magis conciliatis animis et iam calentibus haec libertas feretur […].

IV, 1, 59. car nous ne sommes point encore admis, & l’auditeur attentif nous observe de tous ses yeux, nous écoute de toutes ses oreilles ; quand une fois il aura pris quelque estime, quelque chaleur pour nous, cette liberté sera plus pardonnable […].

IV, 1, 59. A ce moment de notre discours, notre point de vue n’est pas encore admis, en effet, et nous sommes surveillés avec une attention encore fraîche par l’auditoire ; ce n’est qu’après nous être davantage concilié les esprits et les avoir échauffés déjà que nous pourrons user de cette liberté […].

IV, 1, 60. Nec argumentis autem nec locis nec narrationi similis esse in prohoemio debet oratio, neque tamen deducta semper atque circumlita, sed saepe simplici atque inlaboratae similis nec uerbis uultuque nimia promittens ; dissimulata enim et, ut Graeci dicunt, anepiphantos actio melius saepe subrepit. Sed haec prout formari animum iudicum expediet.

IV, 1, 60. Quant au style de l’Exorde, c’est un style particulier. Différent de celuy de la narration, des lieux communs, & des argumens. Il ne doit estre ni trop mince, trop leger, ni aussi toujours nombreux & périodique. J’aime qu’un Orateur commence d’un air simple & naturel, sans trop promettre, ni par sa contenance, ni par ses paroles. Un début modeste & sans ostentation s’insinuë mieux dans l’esprit de l’auditeur. Tout cela néanmoins doit se regler selon les sentimens que l’on veut inspirer aux Juges9.

IV, 1, 60. Dans l’exorde, le style ne doit pas ressembler à celui de l’argumentation, des développements généraux, ou de l’exposé des faits, et, cependant, il ne doit pas non plus être partout travaillé ou apprêté ; il faut souvent lui laisser un air simple et non élaboré, ne pas promettre trop par les mots ou l’expression du visage ; un plaidoyer, où l’art se dissimule, anepiphantos comme disent les Grecs – réussit souvent mieux en effet à s’insinuer. Mais tout cela doit se régler d’après la façon dont il convient de disposer l’esprit des juges10.

11  
Quintilien exprime la même idée tout au long de ce passage : il ne faut pas que l’ars (§ 56), le soin ou cura (§ 56), l’habileté (callide, § 58) transparaissent. L’adjectif callidus signifie à la fois « expérimenté, habile », et « rusé, astucieux, artificieux ». Mieux valent un style simplici et inlaboratae, « un air simple et naturel » (§ 60), par opposition au style « périodique ». De même, une actio dissimulata, « modeste et sans ostentation », est préférable.

12Tout cela sert à éviter le risque de « devenir suspects » (suspecti, § 56) aux yeux du Juge, qui risque d’interpréter l’ars comme « autant de pièges qu’on lui tend » (§ 56). La conciliatio en somme pour être efficace doit être imperceptible.

13Le second extrait est tiré d’un chapitre tout aussi célèbre que le premier, parce qu’il pose la distinction fondamentale entre les « genres de styles » oratoires (§ 58) : simple ou délié ; noble ou véhément ; et intermédiaire ou fleuri. Conciliare figure, à deux reprises d’ailleurs, au paragraphe 59.

14  

XII, 10, 58. Altera est diuisio, quae in tris partis et ipsa discedit, qua discerni posse etiam recta dicendi genera inter se uidentur. Namque unum subtile, quod ischnon uocant, alterum grande atque robustum, quod adron dicunt, constituunt, tertium alii medium ex duobus, alii floridum (namque id antheron appellant) addiderunt.

XII, 10, 58. Il y a une autre Division qui a aussi trois parties, & qui distingue fort bien, ce me semble, les différents genres d’éloquence. Car le premier, suivant cette Division, est un genre délié ; le second, un genre véhément ; & le troisiesme, un genre moyen selon quelques-uns, parce qu’il participe des deux autres, & selon d’autres un genre fleuri, car le mot grec signifie cela.

XII, 10, 58. Il y a une seconde division, elle-même aussi en trois parties, qui permet également de différencier, semble-t-il, les genres corrects de style. Le premier est le style simple, que les Grecs appellent ischnon, le second, noble et vigoureux, qu’ils nomment adron ; quant au troisième que l’on a ajouté, les uns l’appellent intermédiaire, les autres fleuri (car on le nomme en grec antheron).

XII, 10, 59. Quorum tamen ea fere ratio est, ut primum docendi, secundum mouendi, tertium illud, utrocumque est nomine, delectandi siue, ut alii dicunt, conciliandi praestare uideatur officium, in docendo autem acumen, in conciliando lenitas, in mouendo uis exigi uideatur. […]

XII, 10, 59. Ces trois genres partagent les différents devoirs de l’Orateur, le premier estant destiné à instruire, le second à toucher, le troisiesme, quel quel que soit son nom, à plaire, ou à se concilier les esprits, si l’on aime mieux luy donner cet employ. Or il faut de la netteté pour instruire, de la douceur pour plaire, ou pour se concilier les esprits, de la force pour émouvoir & pour toucher […].

XII, 10, 59. Le système de ces trois styles cependant est tel qu’au sens large, le premier semble avoir pour rôle d’informer, le second d’émouvoir, le troisième, quel que soit son nom, de plaire, ou suivant d’autres, de se concilier l’auditoire ; pour informer il faut, semble-t-il de la finesse, pour se concilier l’auditoire, de la douceur, pour émouvoir, de la force. […]

XII, 10, 60. Medius hic modus et translationibus crebrior et figuris erit iucundior, egressionibus amoenus, compositione aptus, sententiis dulcis, lenior tamquam amnis et lucidus quidem sed uirentibus utrimque ripis inumbratus.

XII, 10, 60. Le genre moyen est plus rempli de métaphores, plus orné de figures ; il cherche à plaire par de riantes digressions, par le brillant des pensées, par l’élégance de la Composition. Il coule doucement néantmoins, semblable à une belle riviere, dont l’eau est claire & pure, & que de vertes forests ombragent des deux costez11.

XII, 10, 60. Le genre intermédiaire aura plus fréquemment recours aux métaphores et sera plus agréable grâce aux figures, aimable par des digressions, ajusté dans l’arrangement des mots, plaisant dans les traits, comme un cours d’eau assez paisible et transparent, certes mais ombragé sur les deux rives par de la verdure12.

15  
Dans ce paragraphe 59, le conciliare est présenté comme l’apanage du style moyen. Quintilien pose à cette occasion une équivalence entre conciliatio et delectatio (delectandi sive conciliandi). Au paragraphe 60 reparaît la notion de plaisir à travers le comparatif iucundior, et l’adjectif dulcis, à comprendre non pas au sens de « doux », mais plutôt comme nos deux traducteurs, au sens de « brillant », « plaisant ». La lenitas paraît également à deux reprises (§ 59, lenitas ; § 60, lenior, avec la métaphore du locus amoenus). Quintilien établit donc une équivalence entre conciliatio et plaisir de l’auditoire. Le conciliare, en tant que but visé par le style intermédiaire, est associé à différents procédés : les métaphores, les figures et les digressions.

16Le dernier passage ne mentionne pas explicitement la notion de conciliatio, mais y a bien trait. La digressio (ou plutôt egressio) que nous venons de voir citée (XII, 10, 60) est ainsi décrite au chapitre IX, 1 de l’Institution oratoire, qui est une longue liste de figures :

17  

IX, 1, 28. […] et ab re digressio, in qua cum fuerit delectatio, tum reditus ad rem aptus et concinnus esse debebit […].

IX, 1, 28. […] Tantost il s’écarte à dessein de son sujet, & après avoir agréablement promené l’esprit de l’Auditeur, il l’y ramene adroittement tout à coup […]13.

IX, 1, 28. […] et il y a aussi la digression et, une fois distrait l’auditeur, le retour au sujet , qui devra être habile et élégant […]14.

18  
Dans son traité, Quintilien affirme effectivement à plusieurs reprises le lien entre digressio et delectatio. La digression est un des meilleurs moyens de plaire. Elle sollicite beaucoup d’habileté (aptus et concinnus), de calliditas. Notre bref relevé nous a permis en somme d’associer la notion de conciliatio avec celles de « suspicion », de delectatio, de calliditas, et de lier ces quatre notions au procédé connexe de la digressio, qui en est peut-être la mise en œuvre la plus aboutie.

2. Quand le propositum est-il atteint ? Les deux lectures possibles du chapitre de Montaigne

19La thématique de la conciliatio chez Quintilien la rapproche donc de la digression. Or, celle-ci prend fondamentalement sens par rapport à l’idée de but ou propositum. Comme le propositum de l’auteur peut, selon des stratégies très élaborées, être différent de ce que le lecteur parvient à identifier comme propositum, cela retentit aussi sur ce que celui-ci identifie comme digressions.

20De ce point de vue, la fin du chapitre de Montaigne a deux digressions nettement marquées à leur borne initiale. Le paragraphe 4, tiré de Pline, commence par une formule qui semble en faire un appendice, par rapport à ce qui précède et qui serait le corps du chapitre : « Mais alongeons ce chapitre et le bigarrons d’une autre piece, à propos de la cecité. » Les cinq mots ou locutions que nous avons soulignés sont autant de signes de l’excursus, « à propos de » étant une des marques les plus banales de la digression : on perd momentanément le propositum, et dévie à partir d’un thème qui vient d’être abordé. Le paragraphe 5, qui retranscrit une lettre de Sénèque à Lucilius, se présente comme un renchérissement dans la digression : « Adjoutons encore un’histoire voisine de ce propos ».

21Si nous nous en tenons à cette lecture, l’auditoire est présumé peu hostile et le chapitre ne présente pas d’exorde. Le propositum est alors atteint dans les trois premiers paragraphes. Il comporte une dimension moraliste puisqu’il s’agit de dissuader de feindre la maladie. Ceci correspond globalement à la lecture de Jean Balsamo :

  • 15 Dans son éd. des Essais, op. cit., notice de Jean Balsamo, p. 1668. 

Montaigne narrateur évoque de brèves anecdotes tirées de ses lectures, variations sur un même sujet : ceux qui jouent à être malades finissent par le devenir. Cette fantaisie médicale met une nouvelle fois en lumière le rôle de la fortune « artiste », évoquée dans le chapitre I, 33, et renvoie explicitement au chapitre I, 20, tout en introduisant la possibilité d’une explication purement physiologique, que « les médecins trouveront », si tant est que la médecine […] puisse donner une réponse15.

22Selon, cette lecture, l’argumentation n’est pas de tonalité grave ni même sérieuse (« fantaisie »). Il en va de même pour Alexandre Tarrête :

  • 16 Dans l’éd. Naya des Essais, op. cit., p. 785. 

A la fois réflexion sur les bizarreries de la fortune et sur les connections mystérieuses de l’âme et du corps, ce chapitre enchaîne librement les variations sur le thème des maladies réelles ou imaginaires. Cultivant les associations d’idées et les ruptures de ton, Montaigne fait passer son lecteur du plaisant à l’inquiétant avec une maîtrise consommée16.

23Ces deux critiques conforment leur perception du chapitre à l’effet d’annonce du titre, ce qui est légitime. Ils n’évoquent ni Pline ni Sénèque. Le centre de gravité du chapitre est alors situé dans les trois premiers paragraphes.

24Françoise Elbaz, de son côté, déplace le centre de gravité vers la fin, ne serait-ce qu’avec le titre de son article, « Le profit du change » :

  • 17 Elbaz, p. 74-75.

« Voylà ce que dit Seneque, qui m’a emporté hors de mon propos ; mais il y a du profit au change. » : ainsi s’achève de façon abrupte l’essai II, 25 de Montaigne, « De ne contrefaire le malade ». Laissant apparemment à Sénèque la place centrale, celle du sujet de l’écriture, Montaigne s’éclipse, se transforme en simple rapporteur d’une lettre à Lucilius. Tout se passe comme si, lui, Montaigne, abandonnait, dans cette fin à l’emporte-pièce, son texte à la parole d’un autre. Et comme si, par ailleurs, la longue référence à Sénèque, déviant inopinément une trajectoire initiale, mettait fin, brusquement, à un texte en cours. […] A supposer donc que le « hors propos » commence avec Sénèque, c’est-à-dire avec le début du dernier tiers de l’essai, quel était donc le « propos » initial, le trajet d’abord envisagé, le dessein propre à Montaigne que la référence à Sénèque serait venue interrompre ? Quel type de nécessité (quelles modalités d’articulation) s’instaurerait-il entre les parties de l’essai qui seraient « dans le propos » et cette fin de texte définie comme « hors » du propos17 ?

25Le point de départ de l’analyse de Françoise Elbaz est la surprise, voire l’incompréhension devant la dispositio du chapitre. Elle a le réflexe de ne pas prendre au pied de la lettre ce que dit l’orateur à propos de son propre discours. Elle propose par la suite un découpage presque analogue à celui que nous allons effectuer : à ses yeux, les anecdotes de Martial, d’Appien et de Froissard constituent une première partie, Pline une deuxième et Sénèque une troisième.

26La rhétorique nous permet de poursuivre cette réflexion, à partir cette fois de la notion de repugnantia. On pourrait penser que le chapitre serait un pur divertissement du début à la fin, en cinq anecdotes amusantes et gratuites, mais ce serait écarter sa dimension morale, « répugnante » c’est-à-dire déclenchant l’hostilité. On pourrait penser aussi, puisque l’auteur le prétend, que son but est de dissuader son lecteur de contrefaire le malade – aucun critique n’adopte cette lecture.

27Dans une vision dynamique du discours, et dans la lignée de la lecture de Françoise Elbaz, on peut considérer les deux derniers paragraphes du chapitre, éminemment moralistes, comme le moment où le propositum est atteint. En ce cas, il reste à déterminer la stratégie de conciliatio de l’auteur. La dénonciation de l’auto-aveuglement est par définition un projet qui suscite l’hostilité. Beaucoup d’habileté est requise pour faire progresser moralement le lecteur en le faisant se reconnaître dans l’image sénéquienne d’Harpaste la folle.

  • 18 Evangile de Luc, VI, 41.

28Montaigne exprime peut-être même l’essence du moralisme en s’attaquant à l’auto-aveuglement du lecteur. Comme l’explique Sénèque, nous voyons très bien les défauts des autres ; mais ceci est déjà un signe de notre aveuglement vis-à-vis de nos propres vices. Françoise Elbaz souligne que les paragraphes inspirés de Pline et de Sénèque engagent une rétrolecture et modifient le sens des anecdotes qui précèdent : c’est presque dire que Montaigne fabrique un dispositif dans lequel il prend au piège le lecteur pour lui appliquer la parabole de l’Evangile de Luc, la parabole de la paille et de la poutre18.

  • 19 Quintilien, op. cit., IV, 3, 4. A partir d’ici, les références entre paren...

29D’après ce raisonnement, le propositum est atteint au dernier paragraphe. En ce cas, il n’y aurait donc pas deux digressions, mais une seule, consacrée à un récit de Pline au paragraphe 4. Françoise Elbaz souligne le « glissement » qui s’effectue avec Pline. Montaigne dévie en effet de son thème de départ, la « contrefaçon » de la maladie. Certes, il y a bien continuation du thème, la cécité étant une forme de maladie. Mais cette digressio est en même temps une transitio, conformément à une possibilité qu’évoque Quintilien19. Il était jusque là question de contrefaire la goutte, puis le borgne. Cette digression-transition habile dirige le lecteur imperceptiblement vers le thème de l’auto-aveuglement. En somme, elle garde le lien avec la cécité, mais perd le thème de la contrefaçon, qui ne sert plus une fois la conciliatio effectuée.

30L’anecdote inspirée de Pline est porteuse de delectatio puisqu’elle « promène agréablement l’esprit de l’auditeur », pour reprendre les idées de Quintilien et les mots de Gedoyn. Elle le « ramène » ensuite « adroitement tout à coup » au véritable sujet (IX, 1, 28).

31Si on convient du fait que le paragraphe 5 (Sénèque) exprime en fait le propositum du chapitre de Montaigne, et que le paragraphe 4 (Pline) est une habile transition pour y conduire, alors le statut des trois historiettes initiales est celui d’un exorde.

32Nous aurions donc affaire à un exorde particulièrement long et plaisant – une insinuatio –, qui prépare la dénonciation de l’auto-aveuglement. Martial (§ 1) est l’exemple même de l’auteur plaisant – Montaigne nous le rappelle : « il recite plaisamment l’histoire de Coelius ». Montaigne souligne dès la première phrase du chapitre que Martial est un auteur agréable pour ses traits d’esprits (« un epigramme en Martial, qui est des bons »). Les deux vers latins cités sont en effet ce qu’on peut appeler des sententiae dulces, c’est-à-dire des pensées brillantes (XII, 10, 60). Le poète latin occupe la première des trois parties de l’exorde et c’est un bon moyen de se concilier l’esprit de l’auditeur, c’est-à-dire d’éveiller « quelque estime, quelque chaleur » pour l’orateur (IV, 1, 59). Le style de l’exorde est conforme aux prescriptions de Quintilien : il revêt « un air simple et naturel ». C’est bien « un début modeste et sans ostentation [qui] s’insinue au mieux dans l’esprit de l’auditeur » (IV, 1, 60). Avec Martial, Montaigne dissout toute suspicion : « sa manière d’argumenter [n’est] pas suspecte » (V, 14, 35).

33Mais agréable, l’exorde l’est de moins en moins. Sa fonction moraliste est de plus en plus patente. L’exorde touche à sa fin, et atteint sa finalité, avec la figure des mères moralisatrices (« les meres ont raison de tancer leurs enfants », § 3) : c’est aussi son moment le plus évidemment moralisateur.

34La rétrolecture montre donc que l’exorde n’était pas simplement plaisant ni simplement divertissant. Il dissimule habilement une argumentation qui aurait rendu l’orateur suspect si elle avait été dévoilée d’emblée. Et il la dissimule tout en la préparant. En effet, il introduit déjà les thèmes constitutifs du propositum moraliste, notamment la cécité, mais de manière imperceptible : le chapitre conduit pas à pas de la cécité feinte – qui passe inaperçue aux yeux d’autrui –, à la cécité réelle, qui passe inaperçue par celui qui en est atteint.

35L’exorde est ainsi fait que tout semble se suivre. Pourtant, de proche en proche, au fil des « variations » pour reprendre l’expression commune à Jean Balsamo et à Alexandre Tarrête, Montaigne en arrive à son propositum, qui, lui, est loin d’être agréable : l’amour propre dissimule à chacun – y compris au lecteur – ses propres vices.

36Cette lecture d’ensemble du chapitre permet pour finir de reprendre la question des deux ajouts. Le premier, « ce me semble » (§ 2), est un modalisateur qui infléchit le caractère péremptoire de la référence à Appien. Le second ajout, lui, correspond à un détail autobiographique :

[§ 3] [C] De tout temps j’ay apprins de charger ma main, et à cheval et à pied, d’une baguette ou d’un baston, jusques à y chercher de l’elegance et de m’en sejourner, d’une contenance affettée. Plusieurs m’ont menacé que fortune tourneroit un jour cette mignardise en necessité. Je me fonde sur ce que je seroy tout le premier gouteux de ma race.

37Montaigne met en scène ici l’ironie de son propre sort. Non pas qu’il ait malhonnêtement feint d’être malade, mais il avait détourné la fonction d’adjuvant de la canne. Exactement selon le même mode de retournement de la fortune que dans les deux premières anecdotes, Montaigne s’éloigne de la posture de moraliste – puisque c’est lui qui entend la leçon de morale d’autrui – pour se présenter comme victime lui aussi de ce type d’auto-aveuglement, et de retournement de la roue de Fortune. La fin du chapitre permet en effet de revisiter cette parenthèse autobiographique : l’anecdote de Pline laisse à penser rétrospectivement que peut-être était-ce parce qu’il sentait progresser cette maladie en lui que Montaigne en était venu sans en avoir conscience à chercher un palliatif. La lettre de Sénèque tend peut-être à une interprétation différente : le port de la canne serait alors un symbole d’auto-aveuglement ou de surdité de Montaigne lui-même envers le discours moralisateur d’autrui (« Plusieurs m’ont menacé »). Quoi qu’il en soit, en se plaçant dans la même posture que son lecteur, Montaigne parachève l’opération de conciliatio.

3. L’épître-source de Sénèque : une conciliatio minimale (maximale chez Montaigne)

38La fin du chapitre est une réécriture de la cinquantième des Lettres à Lucilius, et plus précisément de ses paragraphes 2 à 4. Montaigne reprend aussi les tout derniers mots de l’épître, à propos du soulagement immédiat que procure la philosophie. On peut se demander si Sénèque avait mis en place une captatio benevolentiae au début de sa lettre, dont voici le début :

  • 20 Sénèque, Lettres à Lucilius, trad. H. Noblot, Paris, « Les Belles Lettres ...

1. J’ai reçu ta lettre des mois après son envoi. J’ai donc jugé superflu de questionner le porteur sur ce que tu faisais. Cet homme a une riche mémoire, s’il s’en souvient. Au demeurant, j’espère que tu vis désormais de telle sorte que, n’importe où tu sois, je saurai ce que tu fais. Car, qu’est-ce que tu fais d’autre que de te rendre meilleur tous les jours, de laisser là quelque erreur, de comprendre qu’est en toi le vice que tu crois être aux choses ? Nous imputons, en effet, aux lieux et aux temps certaines de nos faiblesses ; mais celles-ci, quel que soit le lieu où nous aurons passé, ne manqueront pas de nous suivre20.

39Ce tout début présente clairement une certaine forme de captatio benevolentiae, à propos de la matérialité de la lettre et de sa transmission par le biais du « porteur ». Ceci est déjà une manière d’amener la question purement moraliste du quid agas, « ce que tu dois faire ».

40En revanche, la conciliatio est ténue, et pas particulièrement travaillée. L’auditoire que représente Lucilius est présumé peu hostile. Il peut être rétif à telle ou telle idée, mais il est globalement lié par un pacte à son directeur de conscience. De façon plus générale, l’œuvre de Sénèque toute entière assume une fonction moraliste. Le propositum trouve donc, sans difficulté ni hostilité, une formulation dès la fin de l’exorde, au paragraphe 1 : « comprendre qu’est en toi le vice que tu crois être aux choses ». C’est la propositio en bonne et due forme. Nulle dissimulation chez Sénèque, ni dans cet exorde, ni par la suite.

41Ce que nous appelons la parabole d’Harpaste aux paragraphes suivants est malgré tout agréable : elle est un détour de l’expression chez Sénèque, comme ensuite chez Montaigne. La parabole participe d’un dévoilement métaphorique : la lecture fait habilement passer de la cécité oculaire à la cécité morale.

42En tenant compte de ces éléments intertextuels, nous pourrions donc considérer « De ne contrefaire le malade » comme une réfection de la dispositio de l’épître L de Sénèque, une récriture plus « conciliante ». Montaigne refait de toutes pièces un exorde véritablement habile, bien plus long et détourné, de manière à ce que l’argumentation soit minus suspecta (Quintilien, V, 14, 35). Il fabrique également, par l’intermédiaire de Pline, une transitio qui prolonge la conciliatio de l’exorde et amène insensiblement au propositum. En ce qui concerne ce propos en lui-même, c’est un propos moraliste, mais qui est dévoilé quand le lecteur ne l’attend plus. De plus, le propos est délégué à Sénèque, puisque la traduction revient à dire : ce n’est pas moi Montaigne qui parle ici, mais le philosophe latin. Quant à la conclusion, elle conserve la note positive sur laquelle Sénèque termine son véritable prêche : « Si avons-nous une tres-douce medecine que la philosophie ». Il ajoute enfin la pirouette sur laquelle s’arrête le chapitre : « Voylà ce que dit Seneque, qui m’a emporté hors de mon propos ; mais il y a du profit au change. » En commentant la structure soi-disant improvisée et déviée de son texte, Montaigne allège le poids moral de son chapitre, sa gravité finale.

43Mais le « emporté hors » parle aussi de véhémence, d’inspiration. Une voix autre parle par la bouche de Montaigne, une voix latine et antique s’exprime sous le français d’aujourd’hui. Ce passage à une forme de sublime correspond à la progression du chapitre, qui mène du conciliare ou style moyen vers ce qu’il y a de plus fort, le movere, le pathos. Les anecdotes plaisantes qui occupent environ les trois quarts du chapitre ne peuvent légitimement se situer à la fin, au moment de l’envolée lyrique, philosophique et morale. On peut passer de Martial à Sénèque, mais pas l’inverse. La progression du conciliare au movere est lui-même un symbole du progrès moral attendu du lecteur.

44Nous avons voulu montrer que la conciliatio ne tient pas simplement à ce qui est dit, mais aussi à l’ordre dans lequel c’est dit, à la dispositio. Il s’en déduit le rapport profond avec la digression. Entendre une leçon de morale est de nature désagréable, voire « répugnante » c’est-à-dire rébarbative. C’est en tout cas ainsi que les Essais présentent, çà et là, la morale traditionnelle.

45Nous pourrions pour finir dénombrer, à la lumière de Quintilien, six signes de l’habileté ou calliditas de Montaigne. Premièrement, un style simple. Deuxièmement, des traits d’esprits agréables. Troisièmement, une digression habile. Quatrièmement, le recours à la métaphore, puisque la cécité physique du début du chapitre peut rétrospectivement se lire comme une métaphore de la cécité morale de chacun. Cinquièmement, le fait que rien ne « sent[e] l’affectation [ni] l’étude » (IV, 1, 56) : le début du chapitre est tel que le lecteur ne peut pas le sentir comme « autant de pièges […] qu’on luy tend » (IV, 1, 56). Le dernier signe de la finesse montaignienne nous semble être la dispositio de l’ensemble, artificieuse s’il en est : ce qui passe pour le corps du chapitre est en fait un exorde insinuant ; ce qu’il présente explicitement comme un appendice digressif est son véritable propos.

46Dans tous les cas, et quelle que soit la lecture qu’on adopte, on constate une grande variété des thèmes abordés, et, dans le même temps, une parenté entre tous (la feinte, la cécité, la maladie). Cet équilibre entre cohérence et diffraction des thématiques fait que l’auditeur ou le lecteur est amené à s’interroger pendant et après le discours sur la conduite du discours, très habile. Ce jeu plaisant de cache-cache avec le lecteur, qui se demande quel est le propositum, et comment il y a été conduit, fait peut-être aussi partie de la conciliatio telle que l’envisage Montaigne.

Notes

1 Les Essais, éd. P. Villey, Paris, PUF, 1965, p. 688-690 ; éd. D. Martin, Genève, Slatkine, 1976 (reprint de l’édition originale de 1580), p. 497-501 ; éd. J. Balsamo, M. Magnien et C. Magnien-Simonin, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », 2007, p. 725-727 ; éd. E. Naya, D. Reguig-Naya et A. Tarrête, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2009, p. 517-520.

2 Elbaz, Françoise, « Le profit du change : L’intertextualité dans l’essai de Montaigne “De ne contrefaire le malade” », Littérature n° 55, octobre 1984 (numéro « La Farcissure : intertextualités au XVIème siècle »), p. 74-84. Voir aussi Tournon, André, La glose et l’essai, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 1983, p. 135-136 qui focalise aussi son attention sur la fin du chapitre, notamment sur Sénèque.

3 Lebaigue, Charles, Dictionnaire latin-français, Paris, Librairie classique d’Eugène Belin, 1881, s.v. propositum : « ce qu’on s’est proposé de faire, [le] projet, dessein, [la] volonté, intention, [le] but, plan ».

4 Quintilien compare les situations de réception des juges et du lecteur, par exemple en IV, 2, 52.

5 Agricola, Rudolf, De inventione dialectica, Tübingen, Max Niemeyer, 1992, I, 1, p. 8-10 ; trad. fr. : Agricola, Rodolphe, Ecrits sur la dialectique et l’humanisme, éd. Marc van der Poel, Paris, Champion, 1997, p. 70-71.

6 Ramus, Pierre, Dialectique (1555), éd. Michel Dassonville, Genève, Droz, 1964, p. 152.

7 Ramus, Pierre, et Talon, Omer, P. Rami Dialectica, Audomari Talaei praelectionibus illustrata, Basileae, per E. Episcopium et N. fratris haeredes, 1572, p. 230. Philippe de Canaye emploie aussi l’adjectif « fascheux » pour qualifier le « defendeur », Organe, Genève, Jean de Tournes, 1589, p. 676.

8 Martianus Capella, De nuptiis Philologiae et Mercurii, IV, De arte dialectica, 21, 773. Nous traduisons.

9 Quintilien, De l’institution de l’orateur traduit par M. l’abbé Gedoyn, éd. Grégoire Dupuis, Paris, 1718, p. 228-229. Nous abrégerons la référence à cet ouvrage en « Gedoyn ».

10 Quintilien, Institution oratoire, éd. « Les Belles Lettres », trad. Jean Cousin, Paris, 2003, p. 33-34. Nous abrégerons la référence à cet ouvrage en « Cousin ».

11 Gedoyn, op. cit., p. 847.

12 Cousin, op. cit., p. 33-34.

13 Gedoyn, op. cit., p. 567.

14 Cousin, op. cit., p. 164. Quintilien cite ici Cicéron, De oratore, III, 53.

15 Dans son éd. des Essais, op. cit., notice de Jean Balsamo, p. 1668. 

16 Dans l’éd. Naya des Essais, op. cit., p. 785. 

17 Elbaz, p. 74-75.

18 Evangile de Luc, VI, 41.

19 Quintilien, op. cit., IV, 3, 4. A partir d’ici, les références entre parenthèses renvoient à Quintilien et à Gedoyn.

20 Sénèque, Lettres à Lucilius, trad. H. Noblot, Paris, « Les Belles Lettres », coll. C. U. F., 1987, tome II, p. 33-36. La phrase qui suit cette citation introduit la parabole d’Harpaste, à laquelle Montaigne se tient fidèlement.

Pour citer ce document

Déborah Knop, «La conciliatio, entre exorde et digression : Montaigne, Essais, II, 25, « De ne contrefaire le malade »», La Réserve [En ligne], La Réserve, Livraison du 17 novembre 2015, mis à jour le : 23/11/2015, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/reserve/233-la-conciliatio-entre-exorde-et-digression-montaigne-essais-ii-25-de-ne-contrefaire-le-malade.

Quelques mots à propos de :  Déborah  Knop

Doctorat – U.M.R. Litt&Arts / RARE Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution