La Réserve : Livraison du 09 janvier 2016

Julien Piat

Détachements, ordre des syntagmes et construction du texte : de quelques problèmes syntactico-pragmatiques chez Beckett, Pinget et Simon.

Initialement paru dans : Agnès Fontvieille et Stéphanie Thonnerieux (dir.), L’0rdre des mots à la lecture des textes, Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Textes & langue », 2009, p. 431-445

Texte intégral

Réglages

  • 1 Voir les travaux fondateurs de Berrendonner et Béguelin (1989), Berrendonne...

  • 2 Voir Kleiber (2003).

  • 3 Les références sont données à la fin de l’article.

  • 4 On suit donc les conclusions d’Apothéloz, pour qui » la notion de clause es...

  • 5 On pourra se reporter à Piat (2005)

  • 6 Béguelin (2002) suggère que le point, auquel le « sens commun » associe la ...

1Il faut d’entrée de jeu donner un cadre à la réflexion. Ce sera la phrase, dont on proclamera qu’elle existe bel et bien – au risque de rouvrir un débat que le développement des linguistiques de l’oral, avec à leur suite les propositions de la macro-syntaxe, voudrait voir clos : on devrait en effet distinguer clause et période1 – et dire « adieu la phrase »2. Mais tout dépend du programme d’étude que l’on se fixe, et pour peu que l’on veuille rendre compte des difficultés de lecture que soulèvent certains textes littéraires – ici, les romans de Beckett, Pinget et Simon parus dans les années 19503 –, on est vite conduit à trouver les outils de la macro-syntaxe difficilement opératoires4. Pour aborder une phénoménologie de la lecture, il semble important de supposer, chez tout lecteur, une conscience phrastique5, définie par la convergence de deux critères, l’un typographique : on identifie généralement comme phrase une suite de mots encadrés par deux points – ou seulement terminée par un point, s’il n’existe pas de cotexte à gauche6 ; l’autre syntactico-prédicatif : cette suite de mots ne saurait être n’importe laquelle, un sens doit en émerger, qui passe par des relations syntaxiques entre les termes, par des opérations de prédication dont le noyau idéal – canonique, ou prototypique – est un verbe conjugué, précisant par sa valence le rôle des actants, et par sa morphologie les nuances aspectuo-temporelles impliquées dans le processus de référenciation.

  • 7 Il en va d’un fonctionnement parallèle entre mots et constructions : « Si l...

2C’est donc au sein de ce cadre que la problématique de l’ordre des mots surgit généralement, comme le rappellent Kerleroux et Marandin (2001) : la vulgate oppose essentiellement l’ordre libre du latin, langue synthétique, à l’ordre fixe du français, définissant ce dernier comme une sorte de stratégie palliative. Or, une telle perspective, exclusivement syntaxique, masque les enjeux pragmatiques dont peut témoigner aussi – et potentiellement en même temps – l’ordre des mots. La solution est peut-être alors de passer « d’une description des phénomènes observables dans la chaîne des mots […] à une hypothèse sur l’organisation des énoncés : l’organisation topologique » (Kerleroux et Marandin, 2001, p. 294) et, corollairement, de substituer à l’ordre des mots la catégorie de construction, en tant qu’elle permet d’ajouter à la dimension syntaxique des paramètres sémantique, pragmatique et topologique. Dès lors, on peut comprendre en quoi la question de la place de certains syntagmes dans la phrase nous intéresse au premier chef7.

  • 8 On se trouve dans la situation décrite avec justesse par Philippe (2006, p....

3On s’arrêtera, dans le corpus, sur les syntagmes détachés. D’abord parce que leur fréquence conduit à en faire des objets d’étude stylistique privilégiés8. Ensuite parce que la notion même de construction détachée paraît particulièrement propre à dépasser la « simple » question de l’ordre des mots. Neveu souligne en effet – même si c’est pour prendre quelque distance – que le détachement possède des valeurs tout à la fois syntaxiques et sémantico-pragmatiques, puisqu’il

  • 9 Plus récemment, Neveu préfère le terme de discontinuité qui, « s’il ne perm...

sert à décrire tout à la fois : (i) dans le cadre d’une opposition conceptuelle large s’appliquant au domaine de la linéarité du discours, un phénomène très général de discontinuité syntaxique, qui, selon les approches et les types de segments visés, présuppose ou non une conception dérivationnelle de la formation des constructions ; (ii) certains faits relatifs aux positions syntaxiques (périphérie propositionnelle, extraposition, incidence, etc.) ; (iii) les opérations linguistiques dont ces faits sont censés résulter (prédication seconde, topicalisation, thématisation, rhématisation, référenciation, etc.). (2003b, p. 13)9

  • 10 On sait que les caractéristiques syntaxiques des dislocations à droite les...

4Une difficulté apparaît cependant, qui tient au caractère pluriel de ces constructions et que reflète la taxinomie flottante en la matière. Si, par exemple, Combettes circonscrit la catégorie aux appositions, propositions participiales et autres constructions absolues, on préférera y ranger les seuls détachements polaires, à savoir ceux que l’on ne peut trouver qu’avant ou après le noyau phrastique et que les terminologies linguistiques étiquettent comme constructions « pendantes » et constructions thématisantes d’une part, dislocations à gauche (pôle d’ouverture) ou à droite (pôle de clôture)10 d’autre part.

  • 11 Havu et Pierrard concluent que détachement et prédication seconde ne sont ...

  • 12 Voir Lambrecht (1981 et 1994).

  • 13 Sur la notion de zone, voir Gardes-Tamine (2004, p. 204 et 2005, p. 93), q...

5En procédant ainsi, on peut mettre l’accent sur le rôle pragmatique des constructions détachées, davantage que sur les enjeux de la prédication seconde dont relèvent les tours étudiés par Combettes11. Les séquences détachées manifestent en effet le caractère thématique, topique – voire, plus rarement, rhématique – d’un syntagme, et cela à travers sa place dans la phrase. Or, cette place est contrainte, contrairement à celle des inserts circonstanciels ou parenthétiques : c’est pour cette raison qu’on peut y déceler une valeur iconique12. Mais dès lors, si le fonctionnement logique et informationnel de ces constructions est codé par la zone où elles apparaissent13, et que cette zone est fondamentalement périphérique dans la phrase, on comprend que des tensions puissent surgir entre dimension syntaxique, dimension sémantique et dimension textuelle.

6Or, on constate, que bon nombre de constructions détachées s’accompagnent, chez Beckett, Pinget et Simon, d’un jeu de décalages entre les critères définitoires de la conscience phrastique que l’on a évoqués plus haut. En d’autres termes, les difficultés rencontrées par le lecteur semblent bien reposer sur une non-coïncidence entre frontières typographiques des phrases et mouvements prédicatifs. Le détachement, par l’originalité de son fonctionnement – syntaxique et pragmatique –, apparaît alors comme un outil privilégié pour faire surgir ces décalages. Les questions qu’une telle opération pose sont les suivantes : quelle est la portée des syntagmes détachés ? À quoi les rattacher – puisque tel est bien le paradoxe de ces constructions que de devoir être pragmatiquement rattachées à ce dont elles se détachent syntaxiquement ? Chemin faisant, on verra encore que l’accumulation dans une phrase typographique de propositions – ou, pour reprendre l’expression parlante de Le Goffic de « sous-phrases » –, débouchant sur une pluralité prédicative, peut rendre encore plus incertain le fonctionnement du détachement et donc, rendre la lecture encore plus délicate.

Accumulation de constructions détachées dans une même phrase

7Outre leur grand nombre, les constructions détachées font, chez Beckett, Pinget et Simon, l’objet d’un travail d’expérimentation linguistique assez net. Si elles apparaissent comme des formes marquées, c’est aussi parce qu’elles se trouvent prises au sein de configurations complexifiantes – et non parce qu’elles seraient par nature éloignées du standard langagier. Au bas de l’échelle des difficultés, on trouve la récurrence du phénomène au sein d’une même phrase.

8Les cas les moins problématiques présentent plusieurs syntagmes détachés qui se rapportent à un même noyau verbal, comme ici :

  • 14 Désormais abrégé par : Mahu.

  • 15 Nous soulignons les séquences détachées.

(1) (a) Maintenant le chocolat moi je n’en tourne pas la main, (b) je change de goûts [...] (Mahu ou le matériau14, p. 150)15

9La lecture n’est pas perturbée : le fonctionnement syntaxique et pragmatique de la phrase / l’énoncé demeure clairement identifiable. L’appariement et la valeur des segments détachés sont parfaitement clairs (« le chocolat » est un élément détaché autonome, ayant une fonction thématique de cadre ; « moi » disloque à gauche le pronom de première personne). La linéarité ne se voit donc rompue qu’à la marge : les constructions détachées jouent leur rôle « attendu », à l’immédiate périphérie de la zone verbale. Dans ce cas, la pluralité prédicative de la phrase, où sont juxtaposées plusieurs prédications, n’est pas opacifiante : la proposition (b) ne se situe pas sous la portée du détachement. Ce dernier ne vaut que pour la proposition (a). Enfin, il n’est sans doute pas indifférent que les deux détachements aient lieu à gauche : un seul type de lecture est ainsi sollicité de la part du lecteur. Le mouvement informationnel est donc homogène et n’implique pas le recours à de multiples calculs syntactico-sémantiques.

10Moins simple est le cas de (2) :

(2) (a) Un vieux lacet, ça se trouve toujours, (b) ce n’est pas éternel, un lacet, (c) comme le sont les vêtements proprement dits. (Molloy, p. 58)

  • 16 Le détachement apparaît ici contraint par la présence de l’article indéfin...

  • 17 Lambrecht, qui parle pour les séquences disloquées à droite d’antitopics, ...

11On trouve, répartis sur deux propositions juxtaposées, un détachement à gauche dans la proposition (a) et un détachement à droite dans la proposition (b)16. Ce qui frappe d’emblée, c’est le jeu avec la linéarité de la syntaxe : « ce n’est pas éternel », dans la continuité du texte, est d’abord lu avec anaphore de « un vieux lacet ». Mais il faut bien vite revenir sur cette première lecture, et relire le démonstratif dans une visée cataphorique : le calcul à réaliser est modifié par l’apparition, à droite, d’un nouveau syntagme détaché. Or, ce syntagme nominal (SN) reprend comme noyau le substantif centre du SN détaché à gauche dans (a), mais sans la caractérisation qui l’accompagnait alors. S’il n’y a pas à proprement parler de coréférence, une ambiguïté s’ajoute à l’indécision syntaxique précédemment soulignée. C’est donc aussi jouer avec l’impératif topique attaché à ces tours17 en le poussant à ses limites : en (b), une tension se réalise entre la reprise du contenu lexical de « lacet » et la visée générique de l’article indéfini.

12L’exemple suivant s’appuie au contraire sur une coréférence absolue entre deux syntagmes détachés dans deux propositions successives :

(3) (a) Mais je l’accable peut-être à tort, mon bon maître, (b) il n’est peut-être pas seul comme moi, mon bon maître, pas libre comme moi, mais associé à d’autres, tous aussi bons que lui, voulant mon bien comme lui, mais ayant sur ce dernier des vues divergentes. (L’Innommable, p. 44)

13On observe une dislocation à droite dans les deux cas ; mais dès lors, la visée pragmatique du tour, définie par Lambrecht (1981, p. 77) en termes de désambiguïsation, n’a plus aucune raison d’être. Ce parallélisme de construction souligne l’autonomie des deux opérations, et en même temps, crée un effet stylistique – la récurrence du même syntagme détaché définit un rythme alors même que logiquement et informationnellement, elle apparaît comme superflue. On passe donc du plan de la langue à celui du style. C’est ce qui explique aussi que des effets semblables surgissent de cette autre occurrence :

(4) (a) que je sois rond et dur, c’est tout ce qui importe, (b) il y a certainement des raisons à cela, que je sois rond et dur, plutôt que d’une forme irrégulière quelconque et susceptible de se creuser de se bomber au hasard des chocs, mais c’en est fini des raisons (L’Innommable, p. 32).

  • 18 Comme plus haut avec un SN indéfini générique, le détachement est en quelq...

  • 19 On s’éloigne sur ce point de Steuckardt (2003) pour qui la reformulation e...

14La complétive que je sois rond et dur, détachée18 à gauche dans (a), réapparaît dans (b) sous la forme d’une glose de coréférence19 pour le pronom démonstratif neutre « cela ». Malgré la typographie, on ne peut l’analyser comme un détachement à droite. Pragmatiquement, qui plus est, elle sert moins à réactiver un référent qu’à gauchir l’expression, en reprenant un syntagme pour le saturer par une accumulation d’éléments.

15L’analyse rapide des occurrences précédentes permet ainsi de dégager un premier faisceau de difficultés sémantico-pragmatiques soulevées par l’usage des constructions détachées dans le corpus. Ce qui semble pouvoir (devoir ?) poser problème, c’est leur appariement ou, mieux, leur raccrochement. Et plus précisément, la lecture bute moins sur la question de savoir à quoi elles se raccrochent que sur celle de savoir comment elles le font. Au cœur de ce processus, on va ainsi constater que le travail le plus fréquent porte sur la « distance grammaticale » entre le segment détaché et son point de rattachement.

« Distances grammaticales »

  • 20 Voir Lambrecht (1994, p. 184-185) : « [bi-clausal presentational construct...

16On peut partir d’un constat d’évidence : le segment détaché peut se trouver plus ou moins éloigné du noyau pour lequel il a une valeur, qu’elle soit sémantique, informationnelle et/ou pragmatique. On est alors face à l’une des conséquences du principe de séparation entre référence et rôle syntaxique dont Lambrecht fait le trait définitoire des constructions disloquées, et que l’on peut étendre aux constructions détachées telles qu’on les envisage ici20. Dès lors, en effet, que la linéarité syntaxique de la phrase est rompue par le détachement, rien n’empêche d’aller encore plus loin dans la rupture. Deux directions peuvent être envisagées, selon que le rattachement se produise par-delà le syntagme verbal (SV) ou que le groupe détaché se trouve séparé de ce même SV par une ou plusieurs insertions.

17L’exemple suivant relève du premier cas :

(5) Et quant à moi, ce passe-temps fidèle, (a) je dois dire (b) que je ne pensais plus guère à lui. (Molloy, p. 221)

18L’ouverture de la phrase se fait par duplication d’une opération de détachement : d’abord une construction thématisante introduite par « quant à », puis une dislocation à gauche. Mais il convient de remarquer que cette dernière ne concerne pas le noyau verbal proprement dit (« je dois dire »), mais un verbe pris dans une proposition subordonnée (complétive) placée à la suite de ce verbe principal. La réalisation complète de la dislocation a donc lieu sur une certaine « distance grammaticale », notion qui « fait référence à la position plus ou moins éloignée du syntagme disloqué par rapport au pronom clitique et par rapport aux autres constituants de la construction verbale » (Blasco-Dulbecco, 1999, p. 141). Une telle configuration joue d’effets pragmatiques sur la constitution de la référence et donc du sens, dans la mesure où l’opération équivaut à une délinéarisation du matériel syntaxique de la phrase. Corrélativement, c’est la proposition régie par le verbe principal qui se trouve accentuée par le phénomène d’attente que crée le détachement. Mais très souvent, il est vrai, les constructions de ce type enjambent un verbe ou une locution verbale de modalisation ou d’appréciation, qui participent d’une autre ligne énonciative. Dès lors, le verbe noyau n’est plus, en effet, la composante essentielle de la prédication à l’œuvre dans la phrase : il glisse vers un rôle de filtre énonciatif, et de ce fait, on comprend pourquoi la dislocation semble l’ignorer.

19Le problème se pose donc de manière plus forte quand la proposition dans laquelle intervient la réalisation syntaxique de la construction détachée n’est pas essentielle, mais circonstancielle :

  • 21 Désormais abrégé par : Le Renard…

(6) De même les livres qui racontent des histoires simples, j’ai la chair de poule quand je les ouvre [...] (Le Renard et la Boussole21, p. 10)

20Le syntagme détaché est vraisemblablement susceptible de recevoir deux analyses : par rapport au noyau verbal, il peut être une construction détachée autonome, servant de cadre thématique ; par rapport à la subordonnée temporelle, insérée à droite du SV noyau, il fait figure de dislocation à gauche. Un même groupe est susceptible de conjuguer deux interprétations syntaxiques et pragmatiques concurrentes au sein de la même phrase : on comprend donc que cette superposition de valeurs potentielles contribue au brouillage de l’information – et à rendre la lecture difficile. La distance grammaticale, qui autorise de telles tensions, problématise alors la hiérarchisation des données prédicatives au sein de la phrase. La prédication a priori principale et la prédication a priori secondaire, parce que subordonnée à la première, paraissent devenir équivalentes.

  • 22 Blasco-Dulbecco souligne que les distances grammaticales fortes ne s’obser...

21Si les effets sont semblables, une autre configuration retient l’attention, pour l’essentiel dans les détachements à gauche22. On y voit une séquence détachée séparée de son point de résolution syntaxique (positive ou négative), et de la prédication pour laquelle elle vaut, par une ou plusieurs insertions propositionnelles :

(7) Moi aussi, si j’étais resté, elle m’aurait enterré (Molloy, p. 49).

(8) Mais cette envie, au lieu d’essayer de lui donner satisfaction, je restais à la contempler, si j’ose dire, à la contempler qui peu à peu se ratatinait et finalement disparaissait, comme la fameuse peau de chagrin, seulement beaucoup plus rapidement (Molloy, p. 69).

(9) Et cette entreprise, dût-elle me rendre odieux à ses yeux et lui faire haïr, au-delà de ma personne, jusqu’à l’idée même de père, je ne l’en poursuivais pas moins, de toutes mes forces. (Molloy, p. 149)

(10) Ceux qu’il a pointés, s’ils le reconnaissent il les abandonne aussitôt. (Le Renard…, p. 26)

(11) « Ces putains de frisés, s’ils s’aperçoivent qu’on fait notre tambouille ici, ça va encore chier… […] » (La Route des Flandres, p. 172)

22Dans chacun de ces cas, l’élément détaché reçoit une première fonction syntaxique relativement au verbe d’une insertion – qu’il s’agisse d’une subordonnée, d’une construction à l’infinitif ou d’un système paratactique –, avant de se voir intégré au noyau verbal de la phrase : syntaxiquement, sous la forme d’un pronom, ou informationnellement, comme simple cadre thématique, dans (11) par exemple.

  • 23 Voir par exemple Banfield (1995, p. 63 et suiv.)

23Le détachement se trouve ainsi mis en facteur commun, activé dans deux prédications qui sont, a priori, dans la syntaxe de la phrase, hiérarchiquement ordonnées. Mais du même coup, la phrase se développe sur un déséquilibre : une distance grammaticale sépare la séquence détachée et le noyau phrastique ; et cette distance est contrebalancée par sa proximité topographique avec une autre intégration syntaxique, dans un groupe informationnellement moins important. Et le problème peut être déplacé quand on sait que les détachements ne peuvent aisément se faire à l’intérieur d’une subordonnée : on tend à les réaliser par-delà les bornes de l’insert23. L’analyse, alors, se complique : et si le détachement valait seulement pour la proposition insérée, avec simplement une anaphore dans le noyau principal ?

24On trouve réunis dans (12) les deux types de problèmes que l’on vient de soulever – celui de la distance grammaticale et celui de la pluralité de raccrochements syntaxiques :

(12) Le fait nouveau (a1) il faudra bien (b) mais tous ces gens en deuil l’ont emporté aux quatre vents, (a2) patiemment que je le récupère pour toi, (d) toute ma vie je la donnerais. (Le Fiston, p. 52)

  • 24 Ou plus exactement le scripteur, puisque l’exemple est tiré d’une lettre é...

  • 25 Voir Wilmet : « L’ancienne grammaire assurait que les “conjonctions de coo...

  • 26 La hiérarchie entre les propositions ne passe plus par des marques formell...

25La question de la distance grammaticale est compliquée par la disjonction du noyau verbal entre (a1), qui joue le rôle de filtre énonciatif, et (a2), tandis que la première interprétation syntaxique du syntagme détaché se fait dans une proposition (b), insérée entre ces deux segments. Or cette proposition insérée n’est pas subordonnée, mais indépendante. Elle présente une sorte de décrochement énonciatif, où l’énonciateur24 fait retour sur le contenu de son énoncé. Au surmarquage ou à l’exhibition de cette parenthèse, qui se déroule alors que la prédication a priori principale est suspendue, s’ajoute l’équivalence de rang postulée par la coordination25 entre la principale [(a1)-(a2)] et la proposition (b). Cependant, le phénomène reste mesuré, et l’on peut encore identifier (b) comme une incidente26.

Vers une autonomisation syntactico-sémantique ?

26Ce sont donc les deux formes de liaison « par ligature » qui forment la base des effets de lecture difficiles, précisément parce qu’elles ne permettent pas de hiérarchiser pleinement l’information. Les deux exemples suivants vont cependant permettre d’aller plus loin :

(13) L’Égéen, assoiffé de chaleur, de lumière, je le tuai, il se tua, de bonne heure, en moi. (Molloy, p. 38)

(14) Qu’il dût venir là un jour, sans doute s’y attendait-il, le savait-il, l’avait-il toujours su [...] (Le Vent. Tentative de restitution d’un retable baroque, p. 16)

27Après la proposition où l’élément détaché trouve une réalisation syntaxique, la phrase enchaîne, en les juxtaposant, un ou plusieurs autres groupes verbaux. Or, on y repère des pronoms qui reprennent, eux aussi, le syntagme détaché. Détachement initial puis anaphores ou détachement en facteur commun ? Il n’en va pas d’une simple affaire de terminologie : les deux procédés ne sont pas équivalents car ils mettent en place des procédures de lecture distinctes – dans le premier, la linéarité de la phrase est respectée (anaphore) ; dans l’autre, elle est brisée à plusieurs reprises (dislocation en facteur commun), et même, de plus en plus accidentée (la distance grammaticale augmente au fur et à mesure).

28Par conséquent, la question que pose ce type d’écriture, que l’on peut qualifier d’expérimentale, est non seulement celle de la linéarité phrastique, mais en son sein, celle des points de passage entre une construction et une autre : il semble y exister des seuils syntaxiques, sémantiques et pragmatiques où la perception des phénomènes – et la construction de la référence – est modifiée. Par exemple, une dislocation clairement identifiable à droite peut être réinterprétée, dans la linéarité juxtapositive, comme dislocation à gauche :

(15) Il n’était pas brutal, Gaber, je le connaissais bien. (Molloy, p. 223)

(16) Mais je l’ai visitée, l’armoire, mon bâton l’a visitée, ouvrant les portes, les tiroirs, pour la première fois peut-être, et fouillant partout. (Malone meurt, p. 37)

29Il est pourtant difficile, à la réflexion, de considérer qu’une dislocation à gauche recadre ici thématiquement l’énoncé. Cela signifierait en effet que le segment disloqué n’est pas coréférent au pronom de la première proposition. Les deux analyses (dislocation à droite-dislocation à gauche vs dislocation à droite-anaphore) ne sont donc pas aussi pertinentes l’une que l’autre – il vaut sans doute mieux rester du côté de la seule dislocation à droite, valant uniquement pour la première proposition. On peut néanmoins souligner que la ponctuation déstabilise la lecture, en actualisant, a priori, les deux patrons. L’ambiguïté est donc grande dans les cas de juxtaposition. La coordination semble, de fait, aller vers davantage de clarté, et les occurrences suivantes sont peut-être moins douteuses :

(17) Les premières choses qui s’offrent à moi, à mon réveil, je les vois avec assez de netteté, et je les comprends, quand elles ne sont pas trop difficiles. (Molloy, p. 36)

(18) Mon cahier, je ne le vois pas, mais je le sens dans ma main gauche, je ne sais pas d’où il vient, je ne l’avais pas en arrivant ici, mais je sens qu’il est à moi. (Malone meurt, p. 121)

30Les conjonctions de coordination « et » ou « mais » imposent un découpage plus net de la phrase : la superposition de différentes constructions est alors impossible. L’analyse en anaphore s’impose.

31Pour en finir avec ces ressemblances formelles et ces ambiguïtés, il est, dans le corpus, des constructions qui, apparemment, ne devraient poser aucun problème : une phrase averbale précède (ou suit) une autre phrase avec verbe conjugué, où l’on trouve un terme anaphorique (ou cataphorique) renvoyant à cette même phrase sans verbe. C’est ce que l’on observe ici :

(19) Cette période de ma vie. Elle me fait penser, quand j’y pense, à de l’air dans une conduite d’eau. (Molloy, p. 71)

(20) Je ne serai pas seul, les premiers temps. Je le suis bien sûr. Seul. (L’Innommable, p. 8)

(21) Elles sont fières d’être son amie. Julia, surtout, la femme de l’agent de police. Mademoiselle Lorpailleur lui téléphone en dernier. (Mahu, p. 38)

  • 27 On rejoint ici les propositions de Noailly (2002). Le point suppose en eff...

32Dans tous ces cas, la notion de détachement semble n’avoir aucune pertinence, puisqu’on ne se situe plus dans un cadre phrastique. Pourtant, on ne peut nier l’air de famille existant entre ces phénomènes interphrastiques et les phénomènes intraphrastiques que l’on vient d’analyser. L’intérêt de ces séquences vient de l’autonomisation de syntagmes nominaux ou adjectivaux en phrases complètes, ainsi que de la place de ces phrases au sein de la continuité textuelle. En l’absence de verbe, on est en effet tenté de lier ces séquences au pronom de rappel ou d’annonce qui suit ou précède. En d’autres termes, on est tenté de réaliser l’opération que postule le détachement au niveau intraphrastique. Et ce faisant, de passer par-dessus le point et les limites phrastiques27.

33On trouve encore des phénomènes d’ambiguïté où un syntagme carrefour paraît aussi bien intégrable au cotexte de gauche qu’au cotexte de droite, malgré les indications de la ponctuation, comme ici :

(22) (a) [...] on prend notre café ensemble. (b) Évidemment ça n’arrive pas (c) et je le prends seul. (d) Mon café du matin, voilà où j’en suis. (Le Renard…, p. 12)

  • 28 Nous soulignons.

34Deux lectures sont potentiellement valides. Si l’on s’en tient à la typographie de la séquence, « Mon café du matin » doit être interprété comme détaché (disloqué ?) à gauche, dans sa phrase d’occurrence : « Mon café du matin, voilà où j’en suis. » Cependant, on note, plus tôt, un premier pronom, « le » dans « je le prends seul », qui peut lui-même recevoir une double lecture : anaphorique par rapport à la phrase précédente « [...] on prend notre café ensemble », mais cataphorique par rapport à (d), par-delà la borne phrastique. Il s’agit alors moins de savoir quelle interprétation privilégier, que de mesurer l’effet de cette ambiguïté syntaxique. On pourrait arguer que la ponctuation rend caduque l’interprétation en « dislocation » à droite. On veut croire tout au contraire que la présence du point est précisément le lieu où naît l’effet de sens. Dans le cotexte gauche, le seul syntagme potentiellement anaphorisable est bien le SN « notre café ». Mais la solution peut sembler moins satisfaisante que la cataphore : entre « notre café […] je le prends seul », et « je le prends seul. Mon café du matin […] »28, l’appariement le plus économique est le second. En fait, le texte de Pinget semble postuler que les deux configurations sont possibles et successivement actualisées par la lecture. La dislocation à droite franchirait donc la ponctuation forte, recréant une ligne syntactico-sémantique pertinente par-delà le découpage typographique. C’est ce coup de force qu’on serait incapable de prendre en considération si en refusait à la phrase graphique le statut d’unité d’analyse pertinente.

35Les constructions détachées, par leur place aux pôles de la phrase, font donc signe vers un mode de progression textuelle singulier. La multiplication des faits de prédication, celle des structures détachées, celle, encore, des effets de décalage, imposent une lecture avançant par réanalyse de ce qu’elle a précédemment actualisé. Si la phrase est une unité fondamentale, il faut considérer que les effets pragmatiques visés par les détachements polaires dépassent son cadre, mais que, précisément, ce cadre leur confère toute leur force. De l’intraphrastique à l’interphrastique, les frontières sont sans cesse bousculées, et redéfinies. C’est l’ensemble des effets tirés de ces constructions qui permet de construire l’unité stylistique du corpus. Tout au long du parcours, on a tenté de répondre aux interrogations qu’il soulève. Qu’est-ce qu’un texte difficile ? Comment le lit-on ? Or ce questionnement intéresse aussi un moment particulier de la littérature française : les années 1950. Le désordre concerté de l’écriture, entraînant celui de la lecture, vise à évoquer la pluralité du phénomène perceptif et cognitif – qu’il soit sensation, vision, audition ou mémoire – mais encore le désordre du monde et de la conscience. D’une phénoménologie de la lecture, il paraît alors possible de postuler l’existence d’une écriture phénoménologique.

Notes

1 Voir les travaux fondateurs de Berrendonner et Béguelin (1989), Berrendonner (1990, 2002).

2 Voir Kleiber (2003).

3 Les références sont données à la fin de l’article.

4 On suit donc les conclusions d’Apothéloz, pour qui » la notion de clause est extrêmement difficile à rendre opératoire » (1995 : 183), ou encore celles de Neveu (2002), concluant que souvent, dans les phénomènes de détachement, on ne peut trancher entre syntaxe et macro-syntaxe puisque les deux niveaux y sont à l’œuvre. Voir encore Kleiber (2003, p. 22).

5 On pourra se reporter à Piat (2005)

6 Béguelin (2002) suggère que le point, auquel le « sens commun » associe la phrase, n’est pas un critère pertinent pour distinguer syntaxe et macro-syntaxe. Ce qui semble corroborer nos présupposés (mise à distance de l’analyse macro-syntaxique et prise en considération d’une conscience phrastique).

7 Il en va d’un fonctionnement parallèle entre mots et constructions : « Si le concept pertinent est celui de construction, on peut expliciter en quoi une construction ressemble à un mot. Essentiellement, mots et constructions sont des entités qui associent plusieurs dimensions qui relèvent soit du signifiant, soit du signifié. Le signifiant de la construction met en œuvre une organisation topologique. Le caractère propre d’une construction est dès lors d’associer une valeur syntaxique, sémantique ou pragmatique aux champs qu’elle distingue. » (Kerleroux et Marandin, 2001, p. 294-295)

8 On se trouve dans la situation décrite avec justesse par Philippe (2006, p. 77) : « Il n’est pas nécessaire d’observer une quelconque rupture d’une norme ou d’un standard langagier pour que le sentiment de ce qu’il est convenu d’appeler un “stylème” apparaisse : la multiplication des tours impersonnels chez Loti, des participes présents chez Simon suffit à leur donner un statut stylistique, alors qu’isolément, la plupart de leurs occurrences ne présentent pas de forme particulièrement remarquable. »

9 Plus récemment, Neveu préfère le terme de discontinuité qui, « s’il ne permet pas de remettre en cause le postulat de l’antécédence de la linéarisation liée sur la segmentation, dont tout porte à croire pourtant qu’elle n’est qu’une commodité d’analyse, […] présente du moins l’avantage de ne pas présupposer le type de relation qu’entretiennent les segments en contact dans une telle syntaxe, et donc de ne pas affecter à tel ou tel type de constituant une position hiérarchique prédéfinie » (2006, p. 3).

10 On sait que les caractéristiques syntaxiques des dislocations à droite les empêchent parfois de se situer à la clôture de la phrase. Elles sont plus fortement liées au noyau verbal, comme le prouve la contrainte de la préposition en tête de séquence si, par exemple, le détachement porte sur un objet indirect (Paul, je lui ai écrit vs Je lui ai écrit, à Paul).

11 Havu et Pierrard concluent que détachement et prédication seconde ne sont pas nécessairement liés (2006, p. 25-26).

12 Voir Lambrecht (1981 et 1994).

13 Sur la notion de zone, voir Gardes-Tamine (2004, p. 204 et 2005, p. 93), qui distingue zone préverbale et zone postverbale.

14 Désormais abrégé par : Mahu.

15 Nous soulignons les séquences détachées.

16 Le détachement apparaît ici contraint par la présence de l’article indéfini à valeur générique. La phrase Un chien aboie, chère à Culioli, hormis contexte particulier, n’est pas satisfaisante.

17 Lambrecht, qui parle pour les séquences disloquées à droite d’antitopics, souligne que leurs référents sont nécessairement présupposés, c’est-à-dire évoqués dans le texte ou par la situation, inférables ou donnés par le discours (1981, p. 83 et suiv.).

18 Comme plus haut avec un SN indéfini générique, le détachement est en quelque sorte contraint : ? ? Que je sois rond et dur est tout ce qui importe.

19 On s’éloigne sur ce point de Steuckardt (2003) pour qui la reformulation est différente de la glose (p. 6), dans la mesure où cette dernière semble toujours, chez elle, introduite par un marqueur (p. 5). Or, si l’on se fie à la définition générale qu’elle donne du phénomène (« opération d’explication du sens, portant sur un mot », p. 10), comment ne pas y inclure les constructions qui nous retiennent ? Dans le même volume, on lira l’article de Neveu (2003a), intitulé « La glose et le système appositif ».

20 Voir Lambrecht (1994, p. 184-185) : « [bi-clausal presentational constructions and detachment constructions] allow speakers to separate the REFERRING function of noun phrases from the RELATIONAL role their denotata play as arguments in a proposition ». Lambrecht ne semble pas prendre en compte le cas des constructions « pendantes », ou « à thème détaché » (Blanche-Benveniste, 1990) mais sa formalisation peut s’y appliquer aisément : dans ces structures, le segment détaché n’est pas raccroché syntaxiquement dans le noyau phrastique, contrairement aux constructions à « double marquage » (ibid.). Si rien, donc, ne joue le rôle d’argument au sens syntaxique du terme dans les phrases de ce type, il n’en existe pas moins un décalage entre la valeur pragmatique de la construction (réelle, positive) et l’absence de réalisation syntaxique (résolution négative).

21 Désormais abrégé par : Le Renard…

22 Blasco-Dulbecco souligne que les distances grammaticales fortes ne s’observent que de façon très marginale avec les dislocations à droite : « Tout se passe comme si l’élément disloqué après le verbe devait toujours appartenir à la construction verbale la plus proche » (1999, p. 162). Les syntagmes disloqués à droite, on l’a vu, présentent de fait une contrainte syntaxique plus forte qu’à gauche : ils supposent l’apparition d’un marqueur de dépendance syntaxique, telle la préposition.

23 Voir par exemple Banfield (1995, p. 63 et suiv.)

24 Ou plus exactement le scripteur, puisque l’exemple est tiré d’une lettre écrite par le personnage de M. Levert.

25 Voir Wilmet : « L’ancienne grammaire assurait que les “conjonctions de coordination” relient des termes “de même nature et de même fonction”. Devant l’avalanche de contre-exemples, on aime mieux parler aujourd’hui de “même rang” (mixture pudique de “nature” et de “fonction”) ou de “même niveau”. » (1997, p. 574-575)

26 La hiérarchie entre les propositions ne passe plus par des marques formelles, mais par le seul sémantisme des séquences.

27 On rejoint ici les propositions de Noailly (2002). Le point suppose en effet rupture syntaxique et énonciative – d’où un effet de surprise et de déstabilisation de la lecture quand il n’y a pas solution de continuité.

28 Nous soulignons.

Bibliographie


Bibliographie primaire

BECKETT S., 1999 [1951], Molloy, Paris, Minuit, coll. » Double ».

-, 1951, Malone meurt, Paris, Minuit.

-, 1953, L’Innommable, Paris, Minuit.

PINGET R., 1956 [1952], Mahu ou le Matériau, Paris, Minuit.

-, 1971 [1953], Le Renard et la Boussole, Paris, Minuit.

-, 1981 [1959], Le Fiston, Lausanne, L’Âge d’homme.

SIMON C., 1957, Le Vent. Tentative de restitution d’un retable baroque, Paris, Minuit.

-, 1998 [1960], La Route des Flandres, Paris, Minuit, coll. » Double ».


Bibliographie secondaire

APOTHÉLOZ D., 1995, Rôle et fonctionnement de l’anaphore dans la dynamique textuelle, Genève, Droz.

BANFIELD Ann, 1995, Phrases sans parole, trad. de l’anglais par C. Veken, Paris, Seuil.

BÉGUELIN M.-J., 2002, « Clause, période ou autre ? La phrase graphique et la question des niveaux d’analyse », Verbum, XXIV, n° 1-2, p. 85-107.

BERRENDONNER A., 1990, « Pour une macro-syntaxe », Travaux de linguistique, n° 21, p. 25-36.

-, 2002, « Les deux syntaxes », Verbum, XXIV, n° 1-2, p. 23-35.

BERRENDONNER A. et BÉGUELIN M.-J., 1989, « Décalages : les niveaux de l’analyse linguistique », Langue française, n° 81, p. 99-125.

BLANCHE-BENVENISTE C., 1990, Le Français parlé : études grammaticales, Paris, Éditions du CNRS.

BLASCO-DULBECCO M., 1999, Les Dislocations en français contemporain. Étude syntaxique, Paris, Honoré Champion.

GARDES TAMINE J., 2004, Pour une grammaire de l’écrit, Paris, Belin, coll. « Lettres ».

-, 2005, « De la grammaire à la stylistique. À propos de l’ordre des mots », dans J.-M. Gouvard (dir.), De la langue au style, Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. » Textes & langue », p. 77-97.

HAVU E. et PIERRARD M., 2006, « Le détachement est-il une propriété basique de la prédication seconde ? », L’Information grammaticale, n° 109, p. 20-26.

KERLEROUX F. et MARANDIN J.-M., 2001, « L’ordre des mots », dans J.-M. Marandin (dir.), Cahier Jean-Claude Milner, Lagrasse, Verdier, p. 277-302.

KLEIBER G., 2003, « Faut-il dire adieu à la phrase ? », L’Information grammaticale, n° 98, p. 17-22.

LAMBRECHT K., 1981, Topic, Antitopic and Verb Agreement in Non-Standard French, Amsterdam, John Benjamins B.V.

-, 1994, Information Structure and Sentence Form. Topic, Focus, and the Mental Representations of Discourse Referents, Cambridge, Cambridge University Press.

NEVEU F., 2002, « Du prédicat second à la clause. Sur le rang syntaxique de quelques types de détachements », Verbum, XXIV, n° 1-2, p. 129-140.

-, 2003a, « La glose et le système appositif », dans A. Steuckardt et A. Niklas-Salminen (dir.), Le Mot et sa glose, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, coll. » Langues et langage ».

-, 2003b, « Détachement, adjonction, discontinuité, incidence… Présentation », Cahiers de praxématique, n° 40, p. 7-19.

-, 2006, « Présentation », L’Information grammaticale, n° 109, p. 3-4.

NOAILLY M., 2002, « L’ajout après un point n’est-il qu’un simple artifice graphique ? », dans J. Authier-Revuz et M.-C. Lala (dir.), Figures d’ajout. Phrase, texte, écriture, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, p. 133-145.

NØLKE H. et KORZEN H. (dir.), 1996, « L’ordre des mots », Langue française, n° 111.

PHILIPPE G., 2006, « Traitement stylistique et traitement idiolectal des singularités langagières », Cahiers de praxématique, n° 44, p. 77-92.

PIAT J., 2005, « Conscience phrastique et faits de prédication : l’illisible linguistique dans le Nouveau Roman », dans C. Badiou-Monferran, F. Calas, J. Piat et C. Reggiani (dir.), La Langue, le style, le sens, Paris, L’Improviste, p. 203-214.

STEUCKARDT A. et NIKLAS-SALMINEN A., 2003, Le Mot et sa glose, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, coll. « Langues et langage ».

WILMET M., 1997, Grammaire critique du français, Paris/Bruxelles, Hachette/Duculot.

Pour citer ce document

Julien Piat, «Détachements, ordre des syntagmes et construction du texte : de quelques problèmes syntactico-pragmatiques chez Beckett, Pinget et Simon.», La Réserve [En ligne], La Réserve, Livraison du 09 janvier 2016, Archives Julien PIAT, mis à jour le : 08/01/2016, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/reserve/312-detachements-ordre-des-syntagmes-et-construction-du-texte-de-quelques-problemes-syntactico-pragmatiques-chez-beckett-pinget-et-simon.

Quelques mots à propos de :  Julien  Piat

Université Grenoble Alpes / U.M.R. Litt&Arts - ECRIRE