La Réserve : Archives Jean-Yves Vialleton

Jean-Yves Vialleton

La notion de « sujet » d’après quelques remarques du Père Ménestrier

Initialement paru dans : A. Piéjus dir., Plaire et instruire. Le spectacle dans les collèges français de l’Ancien Régime, Actes du colloque de novembre 2005, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 241-253

Texte intégral

1Parmi les acceptions du mot sujet répertoriées par Furetière dans son dictionnaire, l’une concerne selon ses propres mots la « poésie », ce dernier mot devant être entendu dans un sens large, puisque les exemples donnés concernent le théâtre en général, la tragédie, la comédie, le discours public, enfin la soutenance de thèse :

En Poésie le sujet est la matière qu’on traite, l’événement qu’on raconte, qu’on met en une belle disposition et qu’on enrichit d’ornements.

2On reconnaît ici, bien distingué, les grandes tâches fixées à l’orateur par la tradition rhétorique (les officia oratoris) : invention, disposition et élocution. Le « sujet » est défini comme « matière » et mis en correspondance avec l’invention.

3Dans bien des textes, l’usage fait de la notion de sujet est cependant moins clair que dans le dictionnaire. Dans le « Dessein de l’Appareil Funèbre, dressé dans l’Église du Collège des Pères de la Compagnie de Jésus à Grenoble » à l’occasion de la mort d’Anne d’Autriche, Claude-François Ménestrier nous apprend que le « pourtour » de l’église du collège a été décoré par douze emblèmes illustrant les vertus de la reine-mère groupées en grâces naturelles, politiques, royales et chrétiennes. À la fin du livret, il compare cet « appareil » à l’oraison funèbre faite pour la même occasion et écrit :

  • 1 Les Grâces pleurantes sur le tombeau de la reine très chrétienne Anne d’Aut...

Le sujet de la harangue Funèbre réunit toutes les Grâces en deux parties. Dont la première fait l’Éloge de la Sagesse de la Reine dans son Administration, où elle a fait régner toutes les Grâces politiques et Royales. Et la seconde, doit consacrer la mémoire de la Piété, qui a Couronné les Grâces naturelles et chrétiennes, les ayant saintement unies dans tout le cours de sa vie1.

4Cette remarque du célèbre professeur jésuite suggère que l’appareil et l’oraison funèbre ont la même matière et cependant qu’ils n’ont pas le même sujet. Sujet semble y désigner ce qui y organise un plan : « Le sujet de la harangue Funèbre réunit toutes les Grâces en deux parties. »

5À partir de notations de ce type, on peut avancer ces deux propositions :
– 1. le sujet ne relève pas de la seule invention, mais de l’invention et de la disposition à la fois.
– 2. le sujet, le sujet explicite, la matière, n’est pas le véritable sujet, ou pour le dire autrement le sujet se double d’un contre-sujet qui assure son unité à l’œuvre. Ce contre-sujet est le véritable cœur de l’invention, il contredit l’apparente disposition et se lit le mieux dans les « ornements », c’est-à-dire dans l’élocution.

6De ces deux propositions, on tirera quelques conséquences qui formeront le troisième point.

1. Le sujet : matière, proposition, dessein

7Le mot sujet, dans les sermons mêmes, est souvent donné comme synonyme de matière. Le « triste sujet » dans une oraison funèbre, c’est toujours « la vie et de la mort » du défunt.

  • 2 Modo di comporre una predica, Milan, 1584.

  • 3 L’art de prescher et bien faire un sermon [...], P. Rigaud, Lyon, 1604, cha...

  • 4 La bibliothèque françoise de M. C. Sorel, ou Le Choix des livres français q...

8Le sujet, c’est aussi la « proposition », c’est-à-dire la matière arrachée à ce que Valéry appelle l’indéterminé, le sujet en tant qu’il a trouvé son unité. Ce point est bien connu. Le sujet de l’Iliade, ce n’est pas la guerre de Troie, c’est « la colère d’Achille ». Le sujet de l’Énéide, c’est le « passage d’Enéas en Italie ». Ces deux exemples sont donnés par le manuel pour le prédicateur court et commode de Panigarola2, traduit en français en 16043 et que recommande encore Sorel dans sa Bibliothèque française4 dans les années 1660. Au prédicateur est imposé un genre et dans ce genre un thème : par exemple un sermon moral (« purement délibératif ») avec comme thème le jeûne, ou bien un sermon faisant l’éloge d’un saint, par exemple saint Pierre. À partir de là, il faut choisir ce que Panigarola appelle la « proposition ». Peu importe que celle-ci soit formulée par une question, une énonciation affirmative ou négative, l’important est de délimiter la « proposition seule ». C’est pour faire comprendre ce qu’est la « proposition seule » du sermon que Panigarola invoque l’unité du poème d’après la Poétique d’Aristote et donne ces exemples littéraires. On choisit par exemple : le jeûne est une bonne œuvre, ou bien : le jeûne est antique, ou encore le jeûne opère de bons effets. La proposition peut en effet rétrécir le thème : « Pierre au martyre » à la place de « Pierre en général ». L’important est qu’il y ait ce que la grammaire actuelle appelle un thème et un prédicat (Panigarola dit : un sujet et une passion).

9Le sujet, ce peut être enfin, on l’a vu, ce qui organise les « points » : « Le sujet de la harangue Funèbre réunit toutes les Grâces en deux parties. »

10Entre ces trois utilisations de la notion de sujet, bien des glissements sont possibles. Dans l’introduction de son Discours funèbre d’Anne d’Autriche, le Père Ménestrier utilise deux fois le mot. La « Vie de l’Héroïne » est le « triste sujet » de l’éloge funèbre, c’est-à-dire la matière imposée. Mais « le sujet et le partage » de son discours est plus précis : c’est Anne d’Autriche comme « reine très chrétienne » et Anne d’Autriche comme « reine-mère ». Le mot sujet désigne ainsi tantôt le thème et tantôt son traitement. L’assimilation n’étonne pas. Au contraire, elle correspond à l’idéal même de la représentation, qui trouve sa perfection dans la transparence. Le prédicateur fait celui qui n’argumente pas, il prétend même au refus de la rhétorique, il se contente de « faire voir ». Pour se faire oublier comme louangeur, il suffit de commencer par louer la « matière » en disant qu’elle impose son traitement :

  • 5 Discours funèbre, prononcé aux obsèques de la très chrétienne reine mère An...

Je serais en peine, Messieurs, sur le choix du dessein que je dois prendre pour cet Éloge funèbre, si les deux points les plus Illustres de la vie de l’héroïne, qui en fait le triste sujet, ne m’en fournissait un d’autant plus juste et plus propre à sa personne, qu’il paraîtra moins recherché5.

11La confusion entre le sujet comme proposition globale et comme composition du plan semble plus difficile à comprendre. La distinction fondamentale dans la tradition rhétorique entre invention et disposition semble être contredite.

  • 6 L’art de prescher et bien faire un sermon [...], chapitres 2 et 3. Allusion...

12On peut la comprendre d’abord parce que le développement du sujet est pensé comme sa « division ». Panigarola nous explique comment il faut diviser le thème et le prédicat. Le thème : le jeûne commandé par l’Écriture sainte, le jeûne de carême, le refus de boire du vin dans le jeûne de carême. Le prédicat : c’est bon, parce que c’est une oeuvre chrétienne, parce que c’est méritoire, parce que c’est satisfactoire. Le remplissage se fait en puisant dans les livres, comparés par Panigarola à une forêt sauvage où l’architecte va chercher son bois de construction6. C’est la division scolastique par laquelle Lauban peut figurer la totalité de l’Enéide sous la forme d’une arborescence.

  • 7 De constitutione tragœdia, éd. et trad. A. Duprat, Genève, Droz, 2001.

  • 8 Pratique du théâtre, III, 5, éd. H. Baby, Champion, 2001, p. 337. Suit une ...

  • 9 Dans l’examen de Clitandre, l’invention est appelée « constitution ». Cette...

  • 10 III, 16-18.

13Mais, plus profondément, cette apparente confusion entre invention et disposition fait partie de la tradition rhétorique. Elle peut prendre le nom de « constitution ». C’est ce mot que choisit Heinsius pour titrer sa poétique7. « La Constitution de la fable, dit l’abbé d’Aubignac, n’est autre que l’invention et l’ordre du sujet8 ». Invention et disposition sont comme réunies, pour s’opposer prises ensemble à l’élocution. C’est la même manière de penser qui caractérise les « examens » de Corneille9. C’est que, quand un prédicateur annonce (en même temps que le « sujet ») le « partage » de son discours, il n’annonce pas le fruit du travail de disposition, mais d’abord le fruit du travail d’invention. Il annonce ce que le latin de la rhétorique appelle la ratio. Le prédicateur français parle parfois de « méthode » ou de « dessein ». Or trouver le contenu de la ratio, de l’argumentation, c’est la définition même de l’invention. La disposition n’est que l’art de choisir l’ordre d’exposition La Rhétorique à Herrennius est significative à cet égard. Tout ce qui concerne la structure-type du discours est traité dans l’invention : il s’agit de savoir quel contenu on donnera à chaque élément du plan, à chaque pars. Le propos sur la disposition elle-même se limite à quelques pages10 : il ne concerne pas le plan-type traité dans l’invention, mais l’art de varier le plan selon la circonstance, en suivant ou en s’éloignant du plan-type. C’est ce que dit la définition du Furetière si on la lit bien, qui ne parle pas de « disposition », mais de « belle disposition ».

  • 11 Garnier (Robert), Porcie.

  • 12 Garnier (Robert),, Marc Antoine, La Troade.

  • 13 Le Jeune, Le Missionnaire de l’oratoire [...], Toulouse, Jean Boude le jeu...

  • 14 Ménestrier, Bibliothèque curieuse et instructive [...], Trévoux, se vend c...

14C’est parce que le sujet peut être envisagé sous la forme brute de la matière, sous la forme lapidaire de la « proposition seule » ou sous la forme élaborée du dessein, que les dramaturges nous présentent leur sujet sous trois formes bien différentes. On trouve des « arguments » qui sont de longs résumés de l’histoire à la base de la pièce, mais qui suivent l’ordre chronologique et non celui de l’action de la pièce et qui sont qualifiés d’« abrégé de l’histoire » où est « fondé le projet11 » de la tragédie ; il se conclut parfois par : « Voilà le sujet de la pièce12 ». C’est le sujet-matière. Le dramaturge peut aussi dire : « le sujet de la pièce est la mort de Britannicus » : c’est le sujet-proposition, qui a des rapports avec le titre sans s’y identifier (les propositions littéraires citées par Panigarola le montraient bien). Mais souvent le sujet se présente comme un plan détaillé ou un résumé analytique de l’œuvre telle qu’elle a été organisée, appelé « dessein ». C’est ce qu’on trouve sous le même mot de « dessein » pour les descriptions des fêtes urbaines, « carrousels » ou « appareils ». C’est ce que certaines éditions de sermons appellent l’idea sermonis13, les livrets de fêtes du Collège romain « argumento », la Commedia dell’arte « soggetto ». On nous donne la « constitution » pure, suffisante pour faire comprendre la pensée du concepteur, mais dénuée des couleurs que lui donneront l’élocution et la représentation (à moins que le « dessein » ne prenne la forme de la « description », genre codé par la rhétorique14). Un des sens de dessein dans le Furetière désigne le dessin préparatoire du peintre, ces « images ou tableaux sans couleurs ».

2. Le sujet explicite et le sujet profond

15Mais le sujet, c’est bien plus que cela ou pour le dire autrement le sujet patent n’est pas le sujet latent.

  • 15 Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1676. Discours prononcé à l’église Saint-...

  • 16 Oraisons funèbres, Lequien fils, 1829, p. 213-214.

16Dans son Discours funèbre d’Anne d’Autriche, Ménestrier envisage la défunte comme « très chrétienne » et « mère » et ajoute que ces deux points font que le jour de la mort de la reine-mère est un « jour de triomphe pour le ciel » et un « jour de douleur et de regret pour le royaume ». Rien de plus banal que le sujet patent d’une oraison funèbre. Fléchier louant Turenne15 parle comme Ménestrier de « triste sujet ». Il explique lui aussi qu’il va « louer la vie » et « déplorer la mort ». Il explicite même le sens de l’éloge dans le genre de l’oraison funèbre : donner les « images vives et naturelles qui représentent la vertu, et qui la persuadent tout ensemble »16. La « constitution » d’ensemble est elle-même fixée par le genre. La division du discours est toujours une suite de vertus, qui ne dépend que du statut du défunt et des « offices » qui lui correspondent. La disposition privilégie en général bien sûr les vertus chrétiennes en les plaçant en dernier. Mais ce n’est pas ce que fait Ménestrier ici.

17Le « texte » (la citation de l’Écriture) choisi par Ménestrier pour Anne d’Autriche parle de la mort de Débora, la prophétesse du Livre des Juges, dont Ménestrier fait une « régente ». Mais la citation ne sert pas à assimiler Anne à l’image de Débora. Poussée, l’application deviendrait difficile, voire scabreuse. Débora est d’ailleurs abandonnée dans le second point où Ménestrier convoque plutôt la mère de Samuel. La citation biblique ne vaut pas tant pour le personnage biblique, que pour quelques mots « mater Israelis ». C’est l’idée de mère qui relie ainsi Débora à la mère de Samuel et aux autres mères qui ont attendu longtemps d’enfanter, et qui selon Ménestrier s’appelle toute Anne, comme la reine.

  • 17 « Altro dunque non è il concetto predicabile che un’argutezia leggiermente...

  • 18 Blanco (Mercedes), La Rhétorique de la pointe. B. Gracián et le conceptism...

  • 19 Les funérailles de la reine faites au collège de Louis le Grand le XVI. Ao...

18Le vrai sujet est donc ici moins un thème qu’un faisceau d’applications, formant ce que Tesauro appelle un « concetto predicabile17 ». On retrouve ici la persistance du conceptisme qu’a étudié Mercedes Blanco18. On y trouve aussi cette ingéniosité d’allure surréaliste si chère aux jésuites. La mort de Marie-Thérèse d’Autriche empêche que soit jouée la tragédie annuelle donnée au Collège Louis le Grand pour la distribution des prix. Une pompe funèbre la remplace, mais celle-ci aura pour thème allégorique « la distribution des prix que la Justice fait dans le Ciel aux vertus de la reine », accompagnée d’un discours d’éloge funèbre en latin fait par un professeur de rhétorique « après lequel on distribuera les Prix d’une manière lugubre19 ».

  • 20 Paris, Veuve Jean Dupuis, 1676. Discours prononcé le 30 octobre 1675 à l’é...

  • 21 Paris, Estienne Michallet, 1676. Discours prononcé le 15 décembre 1675à l’...

  • 22 Psaumes, 138.

19Mais il n’est guère de discours funèbre dont le sujet véritable ne soit une « pensée ingénieuse » selon l’expression chère au Père Bouhours. Dans le célèbre éloge funèbre de Turenne par Mascaron20, le plan choisi et l’ordre des parties sont attendus et peu différents par exemple du plan de l’éloge fait par Ménestrier21 ou Fléchier : vertus militaires du grand capitaine, « vertus douces de la Morale, et de la Société civile » de l’honnête homme et du sage, vertus chrétiennes. La citation choisie évoque la « conformité » entre Turenne et David, rapprochement flatteur et qu’on peut concevoir. Mais ce rapprochement ne vient pas d’abord de l’imago incarné par les deux hommes. La citation biblique choisie est : « Proba me, et scito cor meum.22 » (« Éprouvez-moi, Grand Dieu, et Sondez le fond de mon cœur »). Or le mot cœur permet de réunir vertus militaires et chrétiennes et il court le long de l’oraison : on s’adresse aux cœurs des auditeurs, on fait « l’éloge d’un cœur », on montre que les vertus différentes ne sont pas incompatibles « dans le cœur de M. de Turenne », on modère l’éloge de l’homme forcément pécheur en mentionnant qu’il doit être sauvé « quand ce Cœur ne serait pas un fruit entièrement mûr ». Il y a ici adaptation à la circonstance : l’oraison funèbre était dite à l’occasion de la remise du cœur de Turenne aux Carmélites. La citation biblique vaut moins pour suggérer un rapprochement rationnel entre Turenne et David que comme nœud des chaînes associatives.

  • 23 Lettre de M. Piques à l’abbé d’Hauterive insérée dans les Mémoires d’Herma...

20Il n’est donc pas étonnant qu’on trouve des textes où le mot sujet désigne la citation de l’Écriture choisie par le prédicateur. Une lettre nous fournit le compte rendu de l’oraison funèbre de grand-maître du Collège de Navarre Nicolas Cornet par Bossuet23. Ce compte rendu commence par ces mots :

Le sujet était : Simile est regnum cœlorum thesauro abscondito etc. L’application était que M. Cornet avait possédé ce trésor de science et de vertus caché sous une modestie et une simplicité extraordinaires.

  • 24 Dans le texte que nous avons de l’oraison de Bossuet, le plan est d’ailleu...

21Vertus sociales, modestie chrétienne, voici les deux points. Mais le « sujet » qui fonde l’unité poétique de cette division rationnelle attendue, c’est l’énigme du « trésor caché ». Le texte choisi n’a pas véritablement de sens en lui-même, il est comme l’image ou la sentence dans l’emblème et la devise24.

22Le sujet profond est souvent annoncé par le prédicateur de façon plus discrète. Dans son éloge de Turenne, Fléchier commence par utiliser le motif de la matière fournissant d’elle-même la disposition et l’élocution sans artifice du prédicateur :

Quelle matière fut jamais plus disposée à recevoir tous les ornements d’une grave et solide éloquence, que la vie et la mort de très haut et très puissant prince Henri de la Tour d’Auvergne [...] ?

23Mais suit une fausse reformulation qui en réalité énonce la véritable intention du prédicateur :

  • 25 Éd. citée, p. 213.

Quel sujet peut inspirer des sentiments plus justes et plus touchants qu’une mort soudaine et surprenante qui a suspendu le cours de nos victoires, et rompu les plus douces espérances de la paix25 ?

  • 26 Éd. citée, p. 232.

24Car c’est bien là le vrai sujet, quoique annoncé de façon incomplète : arrêter un moment ses pleurs et « trembler pour l’avenir »26. Face à la vie brusquement interrompue de Turenne, l’auditeur devra être partagé entre la crainte et l’espérance, mais une crainte et une espérance qui concernera moins le destin de la France que le salut de sa propre âme.

  • 27 Colletet (Guillaume), L’art poétique, éd ; A. Jaunin, Genève, Paris, Droz,...

25Dans l’oraison d’Anne d’Autriche par Ménestrier, le sujet profond est encore plus mystérieux, car c’est le Nom même de la défunte, selon un procédé qui lui est cher et qui s’appuie sur la théorie de l’inscription comme forme originelle de l’épidictique27. Ménestrier choisit comme sujet la désignation officielle de la défunte, en en reprenant chaque terme de façon poétique : « Anne » devient le chiffre de la grâce faite par Dieu d’un enfant demandé ; le « très chrétienne » de titre officiel revient à sa littéralité ; la mère du roi devient mère du peuple et de la paix.

  • 28 Ibid., « Traité de l’épigramme », section XV, p. 83-84.

  • 29 Traité des tournois, joutes, carrousels et autres spectacles publics, Lyon...

26Sous le sujet patent tiré de la matière comme sans effort par le prédicateur, se lit un autre sujet qui forme le véritable cœur, la véritable matrice de l’invention. Sous le sujet explicité s’en devine un autre, poétique, qui ne se lit pas dans l’ordre du discours mais dans le scintillement de l’élocution, qui ne se divise pas en parties successives mais se dissémine, qui fait découvrir son ordre dans l’après-coup de la fin28, qui ne forme pas un parcours simple mais un labyrinthe, où selon les mots de Ménestrier lui-même, « l’on erre plus que l’on avance, et […] après beaucoup de détours, et de longs égarements, on n’est souvent qu’à l’entrée quand on pense trouver l’issue29. »

3. Le mystère à l’œuvre

27L’oraison funèbre d’Anne d’Autriche par Ménestrier n’est qu’un dépliement du nom de la reine. Le prédicateur dès le premier point en donne la justification. Les noms des grands sont

des oracles, qui pour être obscurs et cachés dans leur commencement ne laissent pas avec le temps de se justifier, et dans la suite des événements nous découvrent des mystères, où nous n’aurions vu cependant que du caprice et du hasard.

28C’est de la même façon que Bossuet considère l’expression « trésor caché » dans l’Évangile. En même temps qu’il annonce la « méthode » de son oraison, il souligne que la vérité malgré la nécessité du déploiement d’un discours, est d’abord dépliement d’un mystère :

Enfin, pour réduire ce discours à quelque méthode, et vous déduire par ordre les mystères qui sont compris dans ce mot évangélique de trésor caché, vous verrez, Messieurs, dans le premier point de ce discours, etc.

29Il n’est donc pas étonnant que le prédicateur annonce son plan bien clairement tout en y mettant un peu de désordre. Dans son introduction à l’oraison de Turenne, Fléchier s’excuse par avance du fait qu’il interrompra l’« ordre de [son] discours » tel qu’il vient de l’annoncer et qu’il mettra de la « confusion » dans son sujet :

Je confondrai quelquefois peut-être le général d’armée, le sage, le chrétien.

30Mais c’est pour mieux faire apparaître sous ces trois points le scintillement du Dieu caché, « le Dieu des armées », « le Dieu de la paix » et le « Dieu des miséricordes ».

31La faible raison n’est là que pour porter au seuil de la vérité conçue comme déraison : il ne s’agit pas de déchiffrer, mais de méditer, il ne s’agit pas de parvenir à la clarté d’une signification, mais à l’intensité d’une passion.

32Que l’œuvre ne soit pas véritablement le développement d’un exposé méthodique, mais qu’elle soit plutôt le dépliement infini d’un mystère remet en cause ce qu’on croit connaître sur l’allégorie.

  • 30 Sur cette expression, voir par exemple la typologie donnée par Ménestrier ...

  • 31 Le Triomphe des vertus de saint François de Sales, dans Traité des tournoi...

33Ménestrier, avec ses desseins de fêtes urbaines allégoriques, d’« images d’action » selon sa terminologie30, semble illustrer l’idée de l’art de l’allégorie comme écriture codée. Pourtant on est obligé de remarquer que le spectacle, s’il utilise bien une écriture codée, utilise aussi un code dont le déchiffrement ne peut se faire par la simple analyse du spectacle lui-même. Il n’est pas rare par exemple qu’un attribut qui est censé lever l’ambiguïté du sens d’une figure soit lui-même ambigu. Dans un carrousel en hommage à François de Sales31, il faut reconnaître dans la femme sur le premier char l’Innocence parce qu’elle est accompagnée de deux petits amours « qui sont, dit Ménestrier comme si c’était une évidence, les Symboles de l’Innocence ». La connaissance du seul code iconologique est souvent insuffisante. Sur le second char du même carrousel, on peut certes reconnaître la Virginité, parce que ce char est tiré par des licornes. Mais, contre toute habitude iconologique, la femme qui la représente tient à la main un tison, qu’on risquerait de prendre pour un symbole de la passion sans l’explication de Ménestrier qui nous dit que François de Sales un jour se servit d’un tison « pour se défendre d’une Femme impudique ». La lecture du « dessein » reste le seul moyen d’assurer le sens. Sans elle, il est difficile de comprendre pourquoi sur le quatrième char du carrousel, celui de la vigilance, il y a deux figures allégoriques principales identiques au lieu d’une seule comme sur les quatre autres. Un des emblèmes illustrant la charité de François de Sales représente le tonnerre qui frappe avec la devise « Ictibus obliquis », « Il ne frappe pas droit ». Il n’est pas sûr que les spectateurs du défilé puissent comprendre que le caractère oblique de l’éclair renvoie à la douceur de l’orateur chrétien en opposition aux attaques directes et mal venues des auteurs de « satyres ». Les couleurs n’ont pas toujours le même sens, leur sens est encore plus incertain quand deux sont utilisées ensemble, mais l’emploi de chaque couleur trouve sa « preuve » dans les desseins. Les explications données semblent donc fonctionner moins comme des explications que comme des justifications de la science et de l’ingéniosité du spectacle. Quand on comprend la présence du tison dans la main de la Virginité, on passe de la sidération à la lumière, mais cette lumière n’est pas la nôtre, c’est celle que nous donne l’auteur, en échange de notre admiration ou de notre conversion.

34Un des indices les plus sûrs de l’importance du mystère est l’usage systématique dans l’élaboration du sujet de la condensation : le contenu manifeste laconique du sujet se présente comme une représention unique, mais qui est le fruit d’un croisement de chaînes associatives, qui motive cette représentation, mais en même temps ouvre un gouffre. Dans l’appareil funèbre pour la reine-mère décrit par Ménestrier (« les Grâces en pleurs »), le sujet est tiré de l’étymologie du prénom de la reine. Mais la grâce renvoie aussi à la souveraineté. La reine a vécu au Val-de-Grâce et a voulu qu’on y mette son cœur. Grâce a aussi le sens d’action dans « solennelle Action de Grâces ». Les larmes sont les mères et la fille de la Grâce. Une autre raison encore est donnée, classée en deuxième position : le mot grâce est étymologiquement présent dans le nom latin de Grenoble (« application » selon le lieu). Un des attributs des Grâces en deuil seront les roses et les lys effeuillés, or les lys sont dans les armoiries du royaume de France et les roses dans celles du duc de Lesdiguières (« application » aux spectateurs dauphinois et à son seigneur).

  • 32 Les vertus chrétiennes et les vertus militaires en deuil. dessein de l’app...

35Dans un appareil funèbre pour Turenne32, l’explication donnée par Ménestrier de la tour à quatre portes du catafalque semble aller de soi :

36Le nom de M. de Turenne, et les armoiries de sa Maison, qui sont d’azur, semé de fleurs de lys d’or à une Tour d’argent, semblent rendre l’application de la Tour de David plus heureuse, et plus particulière pour le sujet.

37Mais la condensation y est là encore vertigineuse. La tour est aussi dans l’étymologie du nom Turenne (rapproché de celle de Tunis), dans l’étymologie du nom de famille « de la Tour d’Auvergne » ; c’est le tombeau d’Auguste et d’Adrien, le symbole du prince et avec des dauphins de la piété. Les quatre portes correspondent aux bâtiments principaux de Jérusalem, aux défenses de cette ville, aux symboles des points cardinaux, au vir quadratus, aux quatre lettres de Dieu, aux quatre frontières de la France, sans compter qu’il y a un rapport entre les La Tour d’Auvergne et les La Tour du Pin, tige de la troisième génération des anciens Dauphins...

  • 33 Sur l’importance du texte pris dans sa littéralité dans la symbolique, Gio...

38Comme dans les sermons, la citation sert d’opérateur d’association33. La tour de David vient d’un « Sicut Turris » de Flavius Joseph. Si les quatre lettres de Dieu sont les quatre portes d’une tour, c’est que le nom du Seigneur est dit être une tour très forte dans le Livre des Proverbes. Si la tour peut être un symbole du prince, c’est qu’on trouve à Isaï 30 « Cum ceciderint Turres » et peu importe apparemment le contexte (le chapitre annonce la destruction de la civilisation du peuple élu qui a trahi, et notamment la chute de ses murailles).

  • 34 Description de l’appareil dressé pour la cérémonie de l’octave de S. Franç...

39Dans la description d’une autre cérémonie faite en l’honneur de François de Sales, en l’église du monastère de la Visitation Sainte-Marie à Grenoble, Ménestrier part de ce que le couvent est le quatrième dans l’ordre des fondations de l’institut pour se livrer à un jeu de condensation si virtuose que le sujet profond se réduit littéralement à un chiffre, le chiffre 4, qui « a toujours été un nombre sacré, et un nombre mystérieux34 ».

  • 35 Le Triomphe des vertus [...], éd. citée, p. 383 (à propos de la devise « A...

40L’idéal de l’allégorique, ce que Ménestrier appelle tout simplement « beauté35 », c’est donc la surdétermination. Mais la surdétermination tend à réduire le sujet à un pur signifiant.

41On suppose aujourd’hui que l’obscurité due à la complexité allégorique n’est qu’un effet de notre ignorance de modernes : les gens de l’époque, eux, y auraient été habitués. Ménestrier propose cependant sa propre analyse sociologique des spectacles et jeux ingénieux, et ce n’est pas celle-là. Dans le chapitre sur l’origine des carrousels du Traité des tournois, joutes, carrousels, et autres spectacles publics, il rappelle que dans les sociétés de l’Antiquité, il y avait trois « ordres » composés de « Personnes illustres » :

La religion, qui rend vénérables les personnes dédiées au service des Autels. La Guerre, qui fait paraître la valeur et le courage des gens d’Epée : et les Lettres, qui élèvent les savants aux premières dignités de la Robe, et de la Justice.

42Les spectacles « ingénieux » tiraient dans l’Antiquité leur qualité des ces trois « états », mais Ménestrier en mentionne ensuite un quatrième, le peuple :

Ainsi tandis que le Peuple s’arrêtait à considérer ces jeux et ces exercices comme des divertissements, les Prêtres Idolâtres en faisaient des actes de religion, les Soldats des montres de leur adresse, et les savants des études agréables et instructives.

43La capacité à déchiffrer l’allégorie n’est donc pas donnée comme une compétence partagée. Le spectacle n’a pas un sens identique pour tous, parce qu’il n’a pas un usage identique pour tous. La question de la signification est du ressort savant des experts, seuls interprétants légitimes. Ce qui compte, c’est surtout que, ce spectacle incompréhensible, on sache qu’il a du sens : qu’on lui fasse crédit.

  • 36 Des décorations funèbres [...], R. J. B. de la Caille, 1683, p. 3-5.

44Dans la préface au traité Des décorations funèbres, Ménestrier nous donne un dessein d’appareil funèbre étrange : un projet après-coup de ce qu’il aurait été possible de faire lors de la mort de Marie-Thérèse d’Autriche36. Il explique qu’on aurait pu prendre à Versailles

les grandes Cuves d’argent, les Brasiers, les Bures, les Vases, les Torchères, les Bassins, les grands Chandeliers à plusieurs branches, les caisses d’orangers, les Lustres, les Miroirs

45et qu’en les assemblant « dans une disposition bien entendue », à plusieurs étages, avec épitaphes et cartouches dorés sur les miroirs, on aurait pu faire comme « machine Funèbre » « en trois ou quatre jours un Mausolée de plus de dix millions, qui eût été l’étonnement et l’admiration des étrangers ». Le sujet se trouve ici carrément relégué à l’arrière plan, au profit du point de vue du commanditaire qui aurait pu témoigner de sa magnificence pour pas cher. Dans ce cas limite, le message, c’est le médium, idée assez ignoble, mais somme toute réaliste, économique, « colbertienne ».

  • 37 Traité des tournois [...], p. 244.

46Il arrive que les historiens d’aujourd’hui recodent clairement ces allégories dans une élaboration secondaire qui nous y fait lire tel ou tel message politique, idéologique, une « propagande ». Ménestrier l’avait prévu quand il s’inquiétait à propos des devises du fait que toute application pouvait être détournée par la « malices des Interprètes37 ».

47Il est temps pourtant de revenir à une autre idée : ces allégories n’ont pas de sens, elles valent pour leur usage. Elles ne visent pas à exprimer un message, mais à intensifier notre sens du mystère.

48Serait-il possible de généraliser ces propositions faites à propos de genres épidictiques religieux, d’œuvres conçues par des prédicateurs ou des professeurs de collège, à toute la création littéraire au XVIIe siècle ? Si c’est le cas, l’hypothèse du double sujet mériterait d’être appliquée aux pièces des dramaturges classiques. On découvrirait alors peut-être sous la « constitution » dramatiques le rôle séminal de motifs apparemment accessoires, du cœur percé dans le Cid, de la victoire par la fuite dans Horace, de l’autel brisé dans Polyeucte. On comprendrait peut-être comment le sujet explicite de Bérénice, identique à celui de Cinna, la naissance d’un empereur, se double du sujet profond dont l’invitus invitam dans une sorte de motto nous donne la pointe matricielle. Plus largement, il faudrait oser constituer comme objet d’étude l’organisation du mystère dans la création à l’époque classique.

  • 38 Tel quel, « Littérature », Paris, Gallimard (Folio), p. 155.

49Paul Valéry définissait l’« écrivain classique » comme « un écrivain qui dissimule ou résorbe les associations d’idées38 ». Les mémoires défaillantes ont bien tort de substituer « refuse » à « dissimule ou résorbe ». Les chemins de la création classique passent peut-être par un labyrinthe étrange et familier, par un travail du rêve qui nous initie à un inconscient, un inconscient éminemment collectif, puisqu’il s’agit de la forêt obscure de la bibliothèque universelle, un travail du rêve sans signification, mais où semble se fonder pourtant le mystère et le sens du monde.

Notes

1 Les Grâces pleurantes sur le tombeau de la reine très chrétienne Anne d’Autriche, Grenoble, R. Philipppes, 1666, p. 15.

2 Modo di comporre una predica, Milan, 1584.

3 L’art de prescher et bien faire un sermon [...], P. Rigaud, Lyon, 1604, chapitre 2.

4 La bibliothèque françoise de M. C. Sorel, ou Le Choix des livres français qui traitent de l’éloquence, de la philosophie, de la dévotion et de la conduite des mœurs, 1664 ; seconde édition « revue et augmentée » en 1667.

5 Discours funèbre, prononcé aux obsèques de la très chrétienne reine mère Anne d’Autriche, Paris, I. L’Anglois, 1667, p. 5.

6 L’art de prescher et bien faire un sermon [...], chapitres 2 et 3. Allusion bien sûr aux recueils de « lieux » (sylvae locorum).

7 De constitutione tragœdia, éd. et trad. A. Duprat, Genève, Droz, 2001.

8 Pratique du théâtre, III, 5, éd. H. Baby, Champion, 2001, p. 337. Suit une discussion pour savoir si la constitution correspond à l’action représentée ou à l’ensemble de l’histoire racontée. La notion est distinguée de celle de « composition » (« disposition des Actes et des Scènes »).

9 Dans l’examen de Clitandre, l’invention est appelée « constitution ». Cette constitution assimilée à l’intrigue et d’autre part le style apparaissent comme les deux grandes catégories d’analyse : « style » et « invention » (Mélite), « plein d’incidents et d’un style élevé » (Clitandre), « de la naïveté du style et de la subtilité de l’intrigue » ( La Veuve)...

10 III, 16-18.

11 Garnier (Robert), Porcie.

12 Garnier (Robert),, Marc Antoine, La Troade.

13 Le Jeune, Le Missionnaire de l’oratoire [...], Toulouse, Jean Boude le jeune, 1688, 10 vol. 

14 Ménestrier, Bibliothèque curieuse et instructive [...], Trévoux, se vend chez Jean Boudot, 1704, t. 1, p. 5 et suivantes (à propos des Progymnasmata).

15 Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1676. Discours prononcé à l’église Saint-Eustache de Paris le 10 janvier 1676.

16 Oraisons funèbres, Lequien fils, 1829, p. 213-214.

17 « Altro dunque non è il concetto predicabile che un’argutezia leggiermente accennata dall’ingenio divino, leggiadramente svelata dall »ingegno umano e rifermata con l’autorità di alcun sacro scrittore » (« La pensée ingénieuse à la base du sermon, ce n’est donc rien d’autre qu’un trait subtilement indiqué par l’intelligence divine, délicatement dévoilé par l’intelligence humaine et appuyé sur l’autorité de quelque auteur sacré. »), Connochiale aristotelico, chapitre 3, extraits dans Y. Hersant, La Métaphore baroque, Seuil, 2001, p. 70. Ménestrier assimile la métaphore selon Tesauro à l’application. Sur « L’influence de Tesauro sur le Père Ménestrier », voir l’article de Judith Loach dans La France et l’Italie au temps de Mazarin, Grenoble, 1986, p. 167-171.

18 Blanco (Mercedes), La Rhétorique de la pointe. B. Gracián et le conceptisme, Genève, Slatkine, 1992, notamment p. 102 (différence entre semen dicendi et propositio) et p. 107 (le subietto organisé par le concetto).

19 Les funérailles de la reine faites au collège de Louis le Grand le XVI. Août MDCLXXXIII, Paris, aux trois Cailles, 1683.

20 Paris, Veuve Jean Dupuis, 1676. Discours prononcé le 30 octobre 1675 à l’église des Carmélites de Paris.

21 Paris, Estienne Michallet, 1676. Discours prononcé le 15 décembre 1675à l’église de l’abbaye de Saint-Ouen à Rouen.

22 Psaumes, 138.

23 Lettre de M. Piques à l’abbé d’Hauterive insérée dans les Mémoires d’Hermant, citée dans Bossuet, Oraisons funèbres, éd. J. Truchet, Paris, Garnier frères, 1961, p. 68-69.

24 Dans le texte que nous avons de l’oraison de Bossuet, le plan est d’ailleurs annoncé de façon métaphorique et « pointue » : « vous verrez, Messieurs, dans le premier point de ce discours, les richesses immenses et inestimables qui sont renfermé dans ce trésor ; et vous admirerez dans le second l’enveloppe mystérieuse, et plus riche que le trésor même, dans laquelle il nous l’a caché », Bossuet, Oraisons funèbres, éd. J. Truchet, Paris, Garnier frères, 1961, p. 79. Sur les différents types de plan chez Bossuet, voir J. Truchet, « La divison en points dans les sermons de Bossuet », RHLF, juillet-septembre 1952, p. 310-329.

25 Éd. citée, p. 213.

26 Éd. citée, p. 232.

27 Colletet (Guillaume), L’art poétique, éd ; A. Jaunin, Genève, Paris, Droz, Minard, 1965, « Traité de l’épigramme ».

28 Ibid., « Traité de l’épigramme », section XV, p. 83-84.

29 Traité des tournois, joutes, carrousels et autres spectacles publics, Lyon, Jacques Muguet, 1669, « Inventions ingénieuses pour les Spectacles publics », p. 2.

30 Sur cette expression, voir par exemple la typologie donnée par Ménestrier dans la préface à son traité Des représentations en musique anciennes et modernes, René Guignard, 1681.

31 Le Triomphe des vertus de saint François de Sales, dans Traité des tournois [...], Lyon, Jacques Muguet, 1669, p. 378 et suiv. (réédition Horvarth, Roanne, 1975 et disponible sur Gallica)

32 Les vertus chrétiennes et les vertus militaires en deuil. dessein de l’appareil funèbre dressé par ordre du roi dans l’Église de Notre-Dame de Paris, le neuvième Septembre 1675. Pour la cérémonie des obsèques de très haut et très puissant prince, Monseigneur Henri de la Tour d’Auvergne [...], Paris, Estienne Michallet, 1675.

33 Sur l’importance du texte pris dans sa littéralité dans la symbolique, Giovanni Pozzi, « Des roses et des lys pour Marie. Une antienne peinte », XVIIe siècle, 1988, n° 158, p. 69-78.

34 Description de l’appareil dressé pour la cérémonie de l’octave de S. François de Sales. À l’occasion de la Solennité de sa Canonisation [...], Grenoble, Robert Philippes, 1661.

35 Le Triomphe des vertus [...], éd. citée, p. 383 (à propos de la devise « Ab sale candor » qualifiée de belle parce qu’elle ajoute à une pensée ingénieuse sur la blancheur des perles due au sel selon Pline un jeu de mot sur le nom du saint).

36 Des décorations funèbres [...], R. J. B. de la Caille, 1683, p. 3-5.

37 Traité des tournois [...], p. 244.

38 Tel quel, « Littérature », Paris, Gallimard (Folio), p. 155.

Pour citer ce document

Jean-Yves Vialleton, «La notion de « sujet » d’après quelques remarques du Père Ménestrier», La Réserve [En ligne], La Réserve, Archives Jean-Yves Vialleton, mis à jour le : 31/01/2016, URL : http://ouvroir.ramure.net/revues/reserve/330-la-notion-de-sujet-d-apres-quelques-remarques-du-pere-menestrier.

Quelques mots à propos de :  Jean-Yves  Vialleton

Université Grenoble Alpes / U.M.R. Litt&Arts – RARE Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution

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