Dossier Acta Litt&Arts : Relire Villon : Lais, Testament, Poésies diverses
« Je suis François, dont il me poise ». François Villon ou l’art de la fuite
Texte intégral
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1 Nos références renvoient à notre édition des Œuvres complètes de Villon, éd...
1Peut-on saisir Villon ? Quand le poète affirme « Je suis François, dont il me poise / Né de Paris emprés Pontoise1 » trace-t-il son portrait, donne-t-il une définition de lui-même, lui qui par ailleurs affirme « Je connais tout fors que moi-même » ? Il ne s’agit pas d’un portrait physique, portrait dont nous trouvons ailleurs des éléments dans l’œuvre mais de l’affirmation d’une identité : « je suis » et d’une origine « né de Paris ». Pourquoi regretter d’être François et Français ? Parce que, sous le nom de François, on a mal agi, parce qu’en tant que français on relève de la juridiction du royaume de France et que l’on risque d’être pendu ? Le quatrain est un condensé de plaisanteries bien attestées depuis le xiiie siècle. La grande ville, Paris, est située par rapport à la petite, Pontoise, à la tradition de lieu de pouvoir et de beau parler bien établie. Les noms s’appellent par allitération. Avec un même jeu allitératif, le col et le cul sont opposés graphiquement et symboliquement. Ni portrait physique ni analyse intérieure. Quelques grandes lignes tracées, le haut et le bas sous la figure obsédante du pendu, une ligne de vie, de la naissance, « Né de Paris » à la mort envisagée au futur, le quatrain est l’évocation d’un destin.
Le quatrain dans la constitution d’une figure d’auteur
2Il tire sa force de son énonciation à la première personne. Il peut être de Villon, ou pourrait être de tout autre jouant à ce personnage. Or pourtant il tient un rôle essentiel dans la constitution de cette figure. La place qu’il occupe dans l’édition Pierre Levet de 1489, le premier imprimé connu, lui confère ce rôle. Cette édition rassemble en effet, sous le titre Le Grant Testament Villon et le Petit. Son codicille. Le Jargon et ses balades, les « œuvres » de Villon. Le quatrain y figure sous une gravure censée représenter le « personnage Villon », une main levée en un geste ambigu, arrêt ou accueil, dague à la ceinture.
Le Grant testament Villon et le petit, Paris, Pierre Levet, 1489, BnF, Ye-328, Gallica, vues 93 et 94.
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2 Cette page de titre est reproduite dans l’Histoire poétique du quinzième si...
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3 Ce manuscrit est reproduit en fac-simile avec une introduction de Marcel Sc...
3La gravure réapparaît en 1490 pour figurer Pathelin dans l’édition de Germain Bineault, au titre curieux, Pathelin le grant et le petit, qui donne à la suite Pathelin et le grand et le petit Testament de Villon. Elle est utilisée également pour représenter un berger dans le Compost et kalendrier des bergers, publié par Guyot Marchand en 1491. Elle reparaît au titre de la plus ancienne édition imprimée du Passe Temps de Michault Taillevent vers 15302. Ce bois n’est pas un portrait personnel. Le quatrain est précédé d’un titre, erroné quant à la forme de la pièce : Le rondeau que feist / Le dit Villon quant il fut jugié, titre que corrige Marot en : Le quatrain que feit Villon quant il fut jugié a mourir. Il se trouve en regard de la page offrant la gravure des trois pendus, suivie de l’Epitaphe dudit Villon et de la première strophe de la ballade « Freres humains ». C’est cette édition qui institue Villon en auteur, en rassemblant sous son nom une œuvre. C’est cette mise en scène qui grave le portrait de Villon dans les mémoires. Le quatrain ne figure auparavant que dans un manuscrit daté des années 1474-1477, le manuscrit de Stockholm, F3. Il y apparaît au bas du folio 62v et suit donc ce que ce manuscrit appelle le Testament second / de maistre François Villon mais deux traits obliques, qui pourraient se lire, d’un coup d’œil rapide, comme la queue de lettres, le barrent et il est remplacé au folio suivant, numéroté 67r – sans qu’il manque apparemment de feuillets –, par le huitain :
Je suis François dont il me poise,
Nommé Corbeil en mon seurnom,
Natif d’Auvart emprés Pontoise
Et de renom nommé Villon.
[D’]une corde de demye toise,
Se ne feust ung joly appel,
Sceust bien mon col que mon cul poise :
Le jeu ne me sembloit point bel.
Le Petit et le Grant testament de François Villon. Les cinq ballades en jargon et des poésies du cercle de Villon. Reproduction fac-similé du manuscrit de Stockholm, introduction de Marcel Schwob, Paris, Honoré Champion, 1905, fol. 62v et 67r.
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4 Éd. Jelle Koopmans et Paul Verhuyck dans Sermon joyeux et truanderie, Amste...
4Déjà dans le quatrain rayé, le manuscrit de Stockholm donne pour le deuxième vers « Natif d’Ausoir emprés Pontoise », corrigé en Auvart dans le huitain. Le manuscrit F est amputé de sa fin. Il manque, outre les huitains 179 et 180, les deux ballades finales. Le nouveau huitain « Je suis François » fait donc suite directement au huitain 186 qui se termine sur le vers : « Que crye a toutes gens mercys » (v. 1967). Qu’a fait le compilateur de F des membres épars de Villon qu’il avait dans son atelier ? Son manuscrit étant privé de la ballade finale : « Icy se clost le testament / Et finist du povre Villon », il recrée par le huitain un effet de clôture et un effet de signature. En dédoublant chaque vers, il étend le quatrain à la longueur d’un huitain, c’est-à-dire à l’unité de mesure qui est celle du Testament. Il fait apparaître non seulement le nom Villon : « Et de renom nommé Villon », mais encore un surnom « Nommé Corbeil en mon seurnom » qu’il tire sans doute de la mention « Franciscus de Montcorbier » des archives. À quel prix ? Le sacrifice des jeux de mots et des jeux de sonorités qui sont la marque du poète pour une lecture réaliste : invention d’une biographie de Villon, né à Auvers, avec prononciation parisienne, Auvart, qui est bien près de Pontoise, et surnommé Corbeil ; renvoi à une ballade du poète, qu’il faut imaginer donc déjà célèbre, la ballade de l’appel. On a d’ailleurs une preuve de la célébrité de celle-ci par son intégration fragmentaire, à partir de son vers 10, dans le Sermon joyeux de saint Belin4, j’y reviendrai. Il inaugure la relecture de l’œuvre de Villon, le pouvoir d’ensemencement du quatrain. Villon s’échappe. Nous sommes face à un faux autoportrait, à ce que le peintre Jean Dubuffet se plaisait à appeler dans son cas des autoportraits « à ressemblance évitée ». François Villon a un art de l’esquive.
Je ou il ?
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5 Clément Rosset, Loin de moi. Étude sur l’identité, Paris, Éditions de Minui...
5Les circonstances ont contraint François de Montcorbier, dit Villon, à la fuite : fuite après le meurtre de Philippe Sermoise, fuite après le vol du Collège de Navarre. « Rigueur le transmist en exil » (v. 1899) dit le poète dans le « Verset ». Il est éloigné de Paris ou en prison : « En fosse giz […] / En cest exil ouquel je suis transmis / par Fortune » (v. 3-5) dit-il dans l’Épître à ses amis. De ces fuites contraintes, Villon fait des départs volontaires. Il les orchestre du geste qui accompagne un départ, qu’il soit circonstanciel comme un voyage, ou définitif, comme la mort : un testament. Pour le Lais Villon met en avant sa situation amoureuse : « Si n’y vois secours que fouïr » (v. 38). Mouvement horizontal de la fuite, mais fouïr peut aussi représenter le verbe fouir, « creuser », qu’on lit par exemple au vers 1400 du Testament dans la ballade offerte à Robert d’Estouteville dans un contexte sexuel. On comprend alors qu’on ne fuit un amour rêvé qu’en volant vers d’autres amours plus charnels. Pour le Testament, il pose, sous forme de plaisanterie, qu’il est près de la mort : « Et pour ce que foible me sens, / Trop plus de biens que de sancté » (v. 73-74). La plaisanterie est traditionnelle. À la fin du Lais comme du Testament, il s’éclipse aux derniers vers, abandonnant le je pour un il : « Fait au temps de la dite date / Par le bien renommé Villon » (L., v. 313-314) ou « Icy se clost le testament / Et finist du povre Villon » (T., v. 1996-1997). Le je du poète est fissuré. Il est à la fois je et il, moi et l’autre. C’est ce que dit le premier vers du quatrain : « Je suis François » et mécontent d’être François, « dont il me poise ». Son identité est blessée. Il y a en lui une distance de soi à soi. Il est, si je reprends le titre d’un livre de Clément Rosset : « loin de soi »5.
Qui suis-je ? Villon et la farce
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6 George Le Veau, éd. et trad. Bernard Faivre, Les Farces. Moyen Âge et Renai...
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7 Éd. André Tissier, Recueil de Farces. 1450-1550, t. III, Genève, Droz, 1988...
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8 Éd. et trad. Jean Dufournet, Paris, GF, Flammarion, 1986.
6La poésie de François Villon pose la question de l’identité. Qui suis-je ? Je suis François. D’où suis-je ? De Paris. L’interrogation est-elle comique ou tragique ? Une farce du temps de Villon pose la même question6. Traité par sa femme d’étranger, George le Veau est assailli par elle de questions : « Qui es tu ? » (v. 52), « D’où es tu » ? (v. 53) George ne peut que répondre : « Je suis moi » (v. 54). François Villon met en scène le même problème dans sa ballade en dialogue : « Qu’est-ce que j’oy ? – Ce suis je. – Qui ? – Ton cueur ». Qui est ce je qui répond « ce suis-je » à un autre je, « j’oy » ? Le cœur ? Mais encore. Pour essayer de se cerner, George le Veau se penche sur sa généalogie. Il fouille dans les livres du curé. La Bible d’abord : « Qui suis-je ? D’où ? Je suis d’Adam » (v. 164). Les chroniques ensuite : « Cherchons la ligne de saint Louis » (v. 200), « Ne serais je point de la ligne / Des pairs de France » (v. 212-213), pour finir par trouver qu’il est de ligne bâtarde (v. 284). Où le mène l’enquête de Villon ? Pour l’origine généalogique : « Sy ne suis, bien le considère, / Filz d’anges » (v. 297- 298), certes, les anges n’ont pas de sexualité mais il se dit malgré tout « extraict de fee » (v. 1797). Il ne trouve dans sa lignée, au-delà de son père qui « n’eust oncq grant richesse » qu’un « ayeul nommé Orrace » (v. 276). Il n’est pas des « hoirs Hue Cappel » (ballade de l’Appel, v. 9). Pour l’origine géographique, bien qu’il soit né de Paris, son logis n’est pas connu. Parlant du tavernier Robert Turgis, patron de la Pomme de Pin, il dit : « s’il treuve mon logis / Plus fort fera que le devin » (v. 1056-1057). Le devin, rappelons-le, est un personnage important dans les farces où le comique qu’il suscite naît d’une parole tautologique. Ainsi dans Jenin fils de Rien7, le devin affirme solennellement à Jenin : « Mon amy, je vous certiffie / Que vous estes filz de vostre père » (v. 280-281). Quant à la formule : « s’il treuve mon logis », on rencontre le même type de plaisanterie dans la bouche du berger de la Farce de Maistre Pierre Pathelin8. Parlant du sergent que veut appeler Pathelin, le berger conclut – c’est le dernier vers de la pièce : « S’il me treuve, je luy pardonne ! » (v. 1599). La Farce de Maistre Pierre Pathelin offre d’ailleurs, elle aussi, une scène où l’identité d’un personnage est en jeu. Le drapier trompé reconnaît Pathelin qui nie : « C’estes vous en propre personne, / vous de vous : vostre voix le sonne » (v. 1514-1515). Ce à quoi Pathelin rétorque : « Moy de moy ? Non suis vraiëment ; / ostés en vostre opinion » (v. 1517-1518). Nous sommes face à des personnages sans généalogie qu’eux-mêmes, introuvables, improbables. Villon se présente comme une chimère, c’est-à-dire un être composite, voire hétéroclite ; peut-être même inexistant. Qui plus est, il ajoute un détail incongru, « plus maigre que chimere » (v. 828). La chimère n’est pas connue pour sa maigreur. Derrière elle, Villon cache la chicheface, monstre populaire célèbre pour son caractère décharné. Le trait est satirique, la chicheface passe pour ne se repaître que des femmes qui obéissent à leur mari. D’où sa maigreur. La figure de Villon est un leurre. Il est sans chair, partant insaisissable, sans feu ni lieu. Le notaire chargé de vérifier son testament, Jean de Calais, ne l’a pas vu depuis trente ans, – il ne l’a donc jamais vu, le poète a trente ans – et ne connaît pas son nom : « Et ne scet comment on me nomme » (v. 1847). François veut malgré tout que figure sur sa tombe son portrait : « Non pas en char, mais en painture » (v. 1871), un portrait d’encre, précise-t-il. Villon s’égale à sa poésie.
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9 Pierre Gringore, Le Jeu du Prince des Sotz et Mere Sotte dans Œuvres polémi...
7La distance de soi à soi chez Villon prend plusieurs formes. Elle revêt d’abord une forme sociale, le sentiment d’un déclassement. Que n’a-t-il comme certains de ses camarades d’université obtenu une bonne position, un bénéfice ? : « Et les autres sont devenuz, / Dieu mercy, grans seigneurs et maistres » (v. 233-234). Il adopte la pose du mauvais écolier : « Mais quoy ! je fuyoie l’escolle / Comme fait le mauvaiz enffant » (v. 205-206), affirmation que démentent les diplômes obtenus. En fait la distance est chez lui existentielle : « En mon pays suis en terre loingtaine » (v. 3) affirme la ballade dite des contradictions. Ressortissant à différents mondes, il a le sentiment d’être étranger ou étrange partout, d’être là et ailleurs, toujours en décalage. Pas plus que Jacques Cœur ou que la fleur des champs, « son lieu ne congnoistra jamaiz » (v. 192). Il met en scène différents moments de ses « absences ». Ainsi de l’entroubli à la fin du Lais. Son esprit lui apparaît « comme lié » (v. 283), ses facultés cognitives paralysées, « amorties » (v. 301), comme frappées de mort. Il met en parallèle cet état avec des états aux effets comparables, l’ivresse, « Non par force de vin boire » (L., v. 282), dit-il de son état présent, ou la folie intermittente, le « coup » de folie : « Par quoy bien souvant il advient / Que, par leur trouble, homme devient / Fol et lunatique par moys » (v. 293-294). Il fait même des plaisanteries en jouant sur la distanciation entre une qualité et son support l’homme. Ainsi à propos de Michaut du Four, il affirme : « Et est plaisant ou il n’est point » (T., v. 1085), avec le double jeu possible sur le locatif ou l’existentiel. Soit : il est amusant là où il n’est pas ; ou : il est plaisant ou il n’existe pas. Le seigneur de Joye dans le Jeu du prince des sots et mere sotte de Gringore9 se définit, lui, univoquement : « Tousjours suis plaisant, ou que soye » (v. 97).
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10 Victor Chklovski, L’art comme procédé (1917) dans Théorie de la littératur...
8C’est sur ce principe de la distance à soi, au monde, que se fonde le rire de Villon. Villon manipule la distance. Alors qu’il sait bien que « Les mons ne bougent de leurs lieux / Pour ung povre, n’avant n’arriere » (T., v. 127-128), il rapproche fantastiquement des choses éloignées, qui ne se touchent pas. Ainsi dans les dons. « Item, et au mont de Montmertre, / Qui est ung lieu moult ancïen, /Je lui donne et adjoincts le tertre / Qu’on dit de mont Valerïen » (v. 1551-1554). C’est le principe du court-circuit : donner à un inanimé un lieu qui ne peut lui être adjoint, don impossible et qui de plus ne vaut rien : « Valerïen ». Don incongru dont le ressort, l’impossibilité, l’inutilité, est celui de tous les dons de Villon et qui suscite, partant, le rire. Ainsi le don des lunettes aux aveugles (huitain CLX) pour une tâche doublement impossible, parce qu’ils sont aveugles d’abord, et par sa finalité : « mectre a part, aux innocents, / Les gens de bien des deshonnestes ». Le rire joue à la fois sur l’incongru et sur la satire. Le principe du calembour chez Villon et le mécanisme de son rire fonctionnent toujours de cette manière, en deux temps. Ainsi du début de l’agonie : « Je congnois approucher ma seuf ». Villon remplace la clause de style d’un testament : « Pour ce que je connais approcher ma fin » par « Je congnois approucher ma soif » (v. 729). Il joue sur l’homophonie de fin (finis) avec faim (fames) et, court-circuit, saute une étape de ce rapprochement en passant directement à « Je congnois approucher ma soif ». Ce faisant, il ajoute au calembour une provocation blasphématoire. Il érige sa figure d’ivrogne en figure christique. Sitio, « j’ai soif », est l’une des dernières paroles du Christ sur la Croix. Distanciation des objets, distanciation des idées. C’est le jeu avec la digression : « En cest incident me suis mis / Qui de riens ne sert a mon fait » (v. 257-258), du coq à l’âne. Villon saute d’une idée à l’autre, c’est le propre du jongleur, de l’amuseur public, de la farce. Il mêle des choses qui n’ont rien à voir, coupe, casse le fil des enchaînements. Le résultat est double : le rire, mais aussi entraîné par ce que le formaliste russe Victor Chklovski10 appelle l’ostranenie, « l’estrangement », l’inquiétude. Cet « estrangement » qui naît de la distance à soi Villon l’exprime par exemple dans la ballade des contradictions. On est à la fois face à une figure de style qui provoque le rire et devant une inquiétante étrangeté : « Riens ne m’est seur que la chose incertaine » (v. 11). Villon s’échappe par une pirouette : « Que sais je plus ? Quoy ! les gaiges ravoir » (v. 34).
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11 La série d’impossibilia que donne Villon se retrouve dans la Lettre d’esco...
9L’« estrangement » au monde est pour le poète le résultat de l’action perverse de la femme dont le propre est d’« abuser », de tromper. La femme pervertit les signes : « Abusé m’a et fait entendre / Tousjours d’un que se feust ung autre » (T., v. 689-690). La réalité n’est jamais ce que l’on croit ou ce que l’on veut vous faire croire. Les nues ne sont pas une peau de veau (v. 698). Parmi tous les exemples d’impossibilia évoqués, cet exemple traditionnel11 – il est chez Jean Le Fèvre dans sa traduction des Lamentations de Matheolus (v. 1016-1018) – est particulièrement important. La peau de veau fait partie des travestissements dans les farces ; c’est un objet matériel mais aussi un texte, un vélin. Le Sermon joyeux de saint Belin présente explicitement l’équivalence :
Bonnes gens, oyez mon sermon
Que j’ay trouvé tout de nouveau
Escript en une peau de veau,
En parchemin notablement,
Scellé du pied d’une jument
(v. 4-8)
George le Veau, dans la farce du même nom, qui ne peut définir son identité au-delà de la tautologie « je suis moi », retrouve sa généalogie en revêtant une peau de veau que lui donne un clerc qui se fait passer pour Dieu :
10Cette robe de paradis
Te donne, que tu vêtiras ;
Puis, quant devers ta femme iras,
Ton nom connaîtras en substance.
(v. 307-310)
Et George devant sa femme de dire :
11Agardez ! Dieu le m’avait dit
Que quand je vêtirais l’habit
Connaître devais qui j’estoie.
Fils ne suis-je d’oison ni d’oie.
Vraiment j’ai bien trouvé mon nom.
(v. 337-377)
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12 Éd. Jules Quicherat dans Les Vers de Maître Henri Baude, poète du xve sièc...
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13 J. Cerquiglini-Toulet, « Écrire pour ses compagnons. Être lu par tous. Le ...
12Rien n’est stable chez Villon, pas plus l’identité que le jugement ou que la signification en général. L’interrogation sur l’identité peut aller jusqu’à se penser en animal. Au moment de sa fuite de Paris en 1456, Villon donne comme nom Michel Mouton. À l’autre bout de sa carrière, le Sermon joyeux de saint Belin évoque le sacrifice du mouton mis à mort par deux bouchers. Ses morceaux sont répartis pour différents usages comme c’est le cas dans le Testament de la mule Barbeau de Henri Baude12 et arrivent jusqu’à une « trippiere » qui « En eust le foye et le poulmon ». Le sermon enchaîne alors dans un raccord maladroit – il manque manifestement quelques vers – sur la ballade de l’appel de Villon, d’un Villon qui, comme « toute beste » veut « garde[r] sa pel » (v. 3). Le poète évoque, de plus, dans la Louange et requête à la cour : « Considerez que je fusse transsi / Foye, polmon et rate qui respire » (v. 25-26). Villon s’est pensé en mouton, ce mouton dont on rase la peau, « Il fut rez, chief, barbe, sourcil, / […] / Non obstant qu’il dit : J’en appelle ! » (v. 1896 et 1902) ; en pourceau dans l’Epistre où il invoque ses amis « Ainsi le font l’un a l’autre pourceaux » (v. 34), jouant sur l’homophonie : sossons (« camarades ») et cochons13 ; en singe, « Tousjours viel singe est desplaisant » (T., v. 439), en mulet dans le débat avec son cœur (v. 12) : « Tu as trente ans ! C’est l’aage d’ung mulet » (v. 12). Il traite enfin son corps de plus vil « Qu’ours ne pourcel » (v. 28) dans la Louange et requête à la cour. Il y a un devenir animal de François Villon.
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14 Voir par exemple ballade en jargon VI, v. 4 et v. 20.
13Pour ce qui est de l’instabilité du jugement, s’il dit être bien conscient que du blanc au noir, « c’est distance » (v. 16 du Débat de Villon et de son cœur), il affirme malgré tout : « Mon ami est qui me faict entendent / D’ung cigne blanc que c’est ung corbeau noir, / …/ Bourde, verité au jour d’uy m’est tout ung » (Ballade des contradictions, v. 25-26 et 28). Le cœur lui reproche cette indifférence face à des situations contradictoires : « Si n’as-tu soing, tout t’est ung, bel ou lait » (v. 24). Rien n’a d’importance car tout n’est qu’illusion. L’instabilité de la signification est le ressort même des jeux de mots. Derrière ce que l’on entend peut toujours s’entendre autre chose. Une truie peut ne pas être une truie (T., v. 702), à savoir un animal, mais une machine de guerre ou aussi bien un moulin à vent, ce vent figure majeure de l’instabilité. Une croix peut être de « bois ou pierre » comme celle que le poète voit sur sa route dans la Requête au prince (v. 27-29) ou être celle qu’il souhaite, celle figurant sur une pièce de monnaie, la « vraye » croix, ainsi qu’il la qualifie dans une provocation, un blasphème, car la « vraie croix », dans le langage religieux, est celle du Christ. De même l’invocation qui précède, « Biau Sire Dieux » (v. 26), peut tout aussi bien s’adresser à Dieu qu’à l’argent, aux écus, ainsi que Villon les désigne dans les ballades en jargon14.
14Les deux derniers vers du quatrain présentent un corps sans unité, où col et cul s’opposent. Le haut va prendre la mesure du bas, le peser, matériellement et de manière indirecte, moralement l’évaluer. Ce n’est pas le je qui juge et qui jauge, ce je qui ne se connaît pas, mais une partie du corps, le col. Lui, va savoir par le poids de l’expérience. Nous sommes dans une parodie de Jugement dernier. Ce n’est pas Dieu ou son représentant, l’archange Michel, qui pèse les âmes, mais le col – dont la position supérieure n’est que spatiale – qui pèse le cul. Nulle mention n’est faite de l’âme. Le cœur non plus n’apparaît pas, lui qui dans la ballade en forme de débat est présenté dans une situation identique : il « ne tient mais qu’a ung petit filet », il est « sans substance ne liqueur » (v. 2-3), tel le hareng saur « alteré d’humeur » du Lais (v. 54). Le geste du testament est pour Villon une manière de se dépouiller, de se démembrer, de se dépecer. De son corps, il offre dans le Lais son cœur à la dame cruelle, son « cueur enchassé / Palle, piteux, mort et transy » (L., v. 77-78) et des restes, des déchets, « les rongneures de [s]es cheveux » (v. 242). Dans le Testament, de manière conforme à la fiction testamentaire, il suit un ordre hiérarchique descendant. Il donne son âme à la Trinité (huitain LXXXV), son corps à la terre (huitain LXXXVI), mais il ne laisse cette fois rien de son corps à sa maîtresse « ne cueur ne foye » (v. 911), mais lui envoie une ballade. Il se dépouille jusqu’à l’os, ces os obsédants qu’on peut contempler, indistincts, « pesle mesle » (v. 1757) dans les charniers, ces os qui « declinent en pouldre » (v. 1765). Dans la ballade des pendus, le je a disparu, cédant la place à un nous, les os, « et nous les os, devenons cendre et pouldre » (v. 8). Ce sont eux qui s’adressent à nous, les vivants.
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15 Le Lais Villon et les poèmes variés, éd. J. Rychner et A. Henry, t. II, Co...
15Du quatrain à la ballade, nous sommes face aux deux tons de Villon : la plaisanterie – Jean Rychner et Albert Henry parlent de pochade pour le quatrain15 – et l’émotion, la demande de salut. Dans le quatrain il y a comme un arrêt sur image pour une évocation du pendu futur ; dans la ballade le groupe de pendus est pris dans un mouvement incessant, balancé par le vent « Puis ça, puis la, comme le vent varie » (v. 26). La mort est présente dans les deux cas, conjurée par le rire dans le quatrain, un rire au pied de la potence, dépassée par l’espoir d’une vie future, à tout le moins par la forme de liberté que lui donne le mouvement.
La figure du pendu : le haut et le bas, le mouvement et l’immobilité
16La figure du pendu est la matérialisation d’une ligne orientée, la verticale où s’opposent ciel et enfer. Cette dichotomie du haut et du bas est constante chez Villon. C’est l’opposition simple qu’il attribue à sa mère : « Au moustier voy, dont suis parroissïenne, / Paradiz paint, ou sont harpes et leuz, / Et ung enffer, ou dampnez sont bouluz ; /L’un me fait paour, l’autre joye et lïesse » (T., v. 895-898). Le poète dit cette verticale en termes sociaux : le « tirant seant en hault » (v. 1459) s’oppose au « povre homme las » (v. 1462), aux petites vieilles « Assises bas, a cruppetons » (T., v. 527), Alexandre au pirate. La ligne de vie est une descente. Vieillesse « abat » la « haulte franchise » de la jeune fille (v. 458 et 461), les privilèges de sa beauté. La mort « rue jus » (Ballade de la fortune, X, v. 29) même le puissant. Le cachot est ce lieu « bas en terre » (Épître à ses amis, XII, v. 29) duquel le poète aspire à être remonté par ses amis : « et me montez en quelque corbillon » (v. 33), ce cul de basse-fosse ou l’évêque Thibault d’Aussigny le fait torturer en lui infligeant la question de l’eau « En un bas, non pas en ung hault » (T., v. 739), c’est-à-dire à travers un bas-de-chausse. Le poète rend ce mouvement par une série d’images. Il inverse de manière satirique, cul et tête, les braies deviennent chapeau. Ainsi du don à Robert Vallée dans le Lais : « Qu’on lui baille legierement / Mes brayes estans aux Trumillieres, / Pour coyffer plus honnestement / S’amye Jehanne de Millieres » (v. 101-104). Il retient l’image du butor, cul par-dessus tête : « chantans, / La teste au fons » (Ballade contre les ennemis de la France, VIII, v. 12-13). L’inversion peut se transférer non pas du bas en haut mais d’un envers en un endroit comme le don infamant à Jean Laurens d’un fond de culotte breneuse pour essuyer ses yeux : « Je donne l’envers de mes bouges » (T., v. 1226).
17La vie est mouvement, circulation des humeurs dans le corps, de haut en bas et de bas en haut, et en particulier des humeurs de la génération. Ainsi du don à l’Orfèvre de Boys (huitain CXI) dont la finalité est « couldre jambons et andoulles, / Tant que le let en monte aux tectes / Et le sang en devalle aux coulles » (v. 1123-1125). La mort, c’est l’arrêt du mouvement, la mort qui vous « saisit » : « Mort saisit sans exceptïon » (v. 312). L’image de cet arrêt, c’est le gel, l’encre gelée de la fin du Lais (v. 308), les pauvres « Gelez, murdris et enfondus » dans le Lais (v. 240), les grands « enseveliz, mors et froys » dans le Testament (v. 415). On comprend mieux alors le don d’un gros glaçon au barbier Colin Galerne dont le nom, attesté, galerne, désigne aussi un vent froid. Le nom crée le don mais joue, comme toujours, sur une double compréhension. À première lecture, il s’agit d’une plaisanterie loufoque, d’un don inutile qui ne révèle ses bienfaits qu’une fois annulé : « Se l’iver ainsi se gouverne, / Il aura chault l’esté d’aprés » (T., v. 1658-1659). En fait Villon souhaite à Galerne le froid de la mort qui glace, puis le feu de l’enfer. L’horreur de la mort, c’est cette rigidité, ce sang qu’on voit sécher dans les coupelles des barbiers (T., v. 1444), noir ou vert, l’immobilité.
18Qui suis-je ? demande et se demande Villon. Une silhouette d’encre sur une paroi (T., huitains 176-177) ? Un nom ? Nom qui s’écrit verticalement dans les acrostiches ? Le v initial est alors porté par les mots qui disent la volonté : « Voulez vous que verté vous dye ? » (Ballade des contre-vérités), « Veux tu vivre ? » (Débat de Villon et de son cœur) ; des mots qui disent la vie : « Vivons en paix » (Ballade de bon conseil), « Vive David » (Ballade en jargon X) ; des mots qui disent le vent : « Vente, gresle, gesle, j’ay mon pain cuyt » (Ballade de la grosse Margot) et enfin le pronom vous désignant la Vierge : « Vous portastes, digne Vierge, princesse » de la Ballade pour prier Notre-Dame. Un nom qu’on entend résonner ailleurs dans un verbe tel que villonner, une des formes que prend le verbe villenner, « agir comme un vilain, mal agir » et dans des sonorités et des rimes, la rime en -illon, tout particulièrement dans le mot billon, à cause de la proximité des consonnes b et v. Mais qu’est-ce qu’un nom ? Rien. Il faut se re-nommer, devenir son propre père, faire du Françoys « Qui n’es homme d’aucune renommee » selon Fortune (Ballade de la fortune, pièce X, v. 3) « le bien renommé Villon » de la fin du Lais (v. 314). Se renommer, c’est alors s’écrire en poésie.
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16 Cette pièce a été retrouvée dans les archives de Georges Sadoul. Elle figu...
19Je suis François. Aragon a entendu cette voix lui qui, pendant la Résistance, se renomme François la colère. Il signe ainsi son texte clandestin Le Musée Grévin en 1943. Cette même année il écrit un poème16 en contrepoint du quatrain de Villon : « Je suis François C’est le nom que j’ai pris […] Où je suis né fait peu de différence ». À la dernière strophe, après avoir joué avec sa connaissance du Moyen Âge : « François de France ainsi qu’on dit Marie », – le lecteur doit comprendre Marie de France, il proclame son modèle : « J’emprunte à Villon cette ritournelle / Toute chanson poignante est de Paris ». La poésie de Villon vit.
Notes
1 Nos références renvoient à notre édition des Œuvres complètes de Villon, édition bilingue, Paris, Gallimard, coll. « folio classique », 2020.
2 Cette page de titre est reproduite dans l’Histoire poétique du quinzième siècle de Pierre Champion, tome I, planche xxviii, Paris, Honoré Champion, 1923.
3 Ce manuscrit est reproduit en fac-simile avec une introduction de Marcel Schwob : Le Petit et le Grant testament de François Villon, Les cinq ballades en jargon et des poésies du cercle de Villon, etc, Paris, Honoré Champion, 1905.
4 Éd. Jelle Koopmans et Paul Verhuyck dans Sermon joyeux et truanderie, Amsterdam, Rodopi, 1987. Chapitre I : « François Villon et le sermon de saint Belin », p. 9-85.
5 Clément Rosset, Loin de moi. Étude sur l’identité, Paris, Éditions de Minuit, 1999.
6 George Le Veau, éd. et trad. Bernard Faivre, Les Farces. Moyen Âge et Renaissance, II, Paris, Imprimerie Nationale, 1999, p. 69-130.
7 Éd. André Tissier, Recueil de Farces. 1450-1550, t. III, Genève, Droz, 1988, p. 273-328.
8 Éd. et trad. Jean Dufournet, Paris, GF, Flammarion, 1986.
9 Pierre Gringore, Le Jeu du Prince des Sotz et Mere Sotte dans Œuvres polémiques rédigées sous le règne de Louis XII, éd. Cynthia J. Brown, Genève, Droz, 2003.
10 Victor Chklovski, L’art comme procédé (1917) dans Théorie de la littérature, textes des Formalistes russes réunis, présentés et traduits par Tzvetan Todorov, Paris, Le Seuil, 1965, p. 76-97.
11 La série d’impossibilia que donne Villon se retrouve dans la Lettre d’escorniflerie qu’imprime, sans référence exacte, Jean-Claude Aubailly à la suite de son édition de Deux jeux de Carnaval de la fin du Moyen Âge, Genève, Droz, 1978. Taste-Vin, roy des pyons, s’adresse, entre autres, dans une série éblouissante aux « godisseurs qui font acroire de miches que ce sont cailles coiffees et de ambesars que ce sont ternes, et des nues que ce sont peaux de veau » (p. 102).
12 Éd. Jules Quicherat dans Les Vers de Maître Henri Baude, poète du xve siècle, Paris, Auguste Aubry, 1856.
13 J. Cerquiglini-Toulet, « Écrire pour ses compagnons. Être lu par tous. Le cas de François Villon » dans Le Texte médiéval dans le processus de communication, dir. Ludmilla Evdokimova et Alain Marchandisse, Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 69-80.
14 Voir par exemple ballade en jargon VI, v. 4 et v. 20.
15 Le Lais Villon et les poèmes variés, éd. J. Rychner et A. Henry, t. II, Commentaire, Genève Droz, 1977, p. 126.
16 Cette pièce a été retrouvée dans les archives de Georges Sadoul. Elle figure dans l’édition des Œuvres poétiques complètes d’Aragon dans la « Bibliothèque de la Pléiade », tome I, Paris, Gallimard, 2007, p. 1165. Nous respectons l’absence de ponctuation du poème.
Bibliographie
Œuvres
Aragon, Louis, Œuvres poétiques complètes, éd. sous la direction d’Olivier Barbarant, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2007.
Farce de Maistre Pierre Pathelin, éd. et trad. Jean Dufournet, Paris, GF, Flammarion, 1986.
François Villon, Le Grant testament Villon et le petit. Son codicille. Le jargon et ses balades, Paris, Pierre Levet, 1489.
–, Le Petit et le Grant testament de François Villon. Les cinq ballades en jargon et des poésies du cercle de Villon, reproduction fac-similé du manuscrit de Stockholm avec une introduction de Marcel Schwob, Paris, Honoré Champion, 1905.
–, Œuvres complètes, éd. et trad. Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2014.
–, Œuvres complètes, éd. et trad. Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Paris, Gallimard, coll. « folio classique », 2020.
George Le Veau, éd. et trad. Bernard Faivre, Les Farces. Moyen Âge et Renaissance, II, Paris, Imprimerie Nationale, 1999, p. 69-130.
Henri Baude, Les Vers de Maître Henri Baude, poète du xve siècle, éd. Jules Quicherat, Paris, Auguste Aubry, 1856.
Jenin fils de Rien, dans Recueil de Farces. 1450-1550, éd. André Tissier, t. III, Genève, Droz, 1988.
Lettre d’escorniflerie, éd. Jean-Claude Aubailly, dans Deux jeux de Carnaval de la fin du Moyen Âge, Genève, Droz, 1978.
Pierre Gringore, Le Jeu du Prince des Sotz et Mere Sotte dans Œuvres polémiques rédigées sous le règne de Louis XII, éd. Cynthia J. Brown, Genève, Droz, 2003.
Sermon joyeux et truanderie, éd. Jelle Koopmans et Paul Verhuyck, Amsterdam, Rodopi, 1987.
Études
Cerquiglini-Toulet, Jacqueline, « Écrire pour ses compagnons. Être lu par tous. Le cas de François Villon » dans Le Texte médiéval dans le processus de communication, dir. Ludmilla Evdokimova et Alain Marchandisse, Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 69-80.
Champion, Pierre, Histoire poétique du quinzième siècle, 2 tomes, Paris, Honoré Champion, 1923.
Chklovski, Victor, L’art comme procédé (1917) dans Théorie de la littérature, textes des Formalistes russes réunis, présentés et traduits par Tzvetan Todorov, Paris, Le Seuil, 1965, p. 76-97.
Rosset, Clément, Loin de moi. Étude sur l’identité, Paris, Éditions de Minuit, 1999.
Rychner, Jean et Henry, Albert, Le Lais Villon et les poèmes variés, tome II, Commentaire, Genève, Droz, 1977.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Jacqueline Cerquiglini-Toulet
Sorbonne Université, émérite