Dossier Acta Litt&Arts n° 14

27 December 2020

Relire Villon : Lais, Testament, Poésies diverses

Dossier coordonné par Fleur Vigneron

Les contributions réunies ici invitent à relire les célèbres vers de François Villon, dont le nom de plume rime avec sillon, ce qui, dans l’introduction, nous donnera l’occasion de présenter une relecture de l’« Épitaphe » du Testament. Le premier article part du fameux quatrain « Je suis François » qui constitue à la fois un faux autoportrait et un texte essentiel, par sa place dans l’édition Levet, pour instituer Villon en figure d’auteur. De l’image auctoriale, nous passons à la question de la lecture des poèmes, exercice qui requiert une attention toujours renouvelée vis-à-vis des jeux de mots et qui engage l’interprétation, la critique villonienne faisant ainsi état de multiples débats qui ne résistent pas toujours à une extrapolation biographique tout à fait risquée. Après cette leçon aux lecteurs, ceux-ci auront l’occasion de suivre un cas pratique avec l’étude du passage du Testament couramment intitulé les « Regrets », dans lequel le poète se montre vieillissant et déjoue totalement l’horizon d’attente en parodiant la posture du vieillard repenti. Toutes ces analyses se résument dans la fuite, l’allusion, l’ironie et l’œuvre s’avère insaisissable, le sens perpétuellement en manque d’assise unique et ferme, à tel point que le doute s’insinue constamment et oblige à poser la question de la vérité. Roi de l’équivoque brouillant les pistes, le petit écolier pourra être perçu comme un auteur à la « veine […] héroïque » par Clément Marot, jugement qui a de quoi étonner le lecteur moderne et qui nous suggère une nouvelle lecture possible, révélant les potentialités d’une écriture instable.