Epopée, Recueil Ouvert : Présentations
“Auralité” : changer d’auditoire, changer d’épopée (2017)
Texte intégral
1Cette nouvelle livraison du Recueil ouvert est le fruit de la collaboration entre des chercheurs en littérature comparée et des anthropologues du Centre d’études mongoles et sibériennes (EPHE) autour de la notion de travail épique, cette dynamique de l’épopée qui permet à une société de trouver des solutions radicalement nouvelles à une crise politique majeure (Goyet, 2006).
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1 Voir Études mongoles & sibériennes, centrasiatiques & tibétaines, numéro 45...
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2 La notion rejoint celle d’“épopée en mosaïque” (Derive, Jean, L'épopée, uni...
2Une première publication commune, en juin 20141, avait montré que l’épopée est bien un outil de transformation de la société. Cette étude s’était en effet donné pour but de voir si la théorie du travail épique, élaborée à partir d’un corpus de grandes épopées “oral-derived” (Foley, 1991), gardait une pertinence pour des épopées transmises uniquement de façon orale, qu’elles aient été notées au XIXe siècle par des folkloristes, ou dans le monde contemporain, par des ethnographes et des chercheurs en littérature. Relativement courts, avec une trame narrative simple, ces textes épiques pris séparément ne présentent pas la complexité narrative caractéristique des grandes épopées du type de l’Iliade, des Hôgen et Heiji monogatari ou du Nibelungenlied, sur lesquels la théorie du travail épique a été élaborée. Or, c’est cette complexité qui permet dans les textes longs la confrontation entre visions du monde radicalement différentes, d’où peut surgir la nouveauté politique. La question posée aux auteurs de cette première publication était donc celle de l’existence et des moyens du travail épique dans ces textes extrêmement différents des épopées anciennes. Leurs travaux ont confirmé d’une part le lien fort entre crise et épopée et d’autre part la présence de travail épique, et ils ont mis en lumière des cas de fonctionnement particulier : le travail épique peut être le fait du corpus épique complet (et non d’un texte unique). En Sibérie (chez les Samoyèdes, les Altaïens ou les Bouriates), comme dans l’Anatolie ancienne, c’est ainsi l’ensemble des textes épiques qui présente la complexité des longues épopées étudiées par F. Goyet, et qui en joue le rôle intellectuel et politique. Le terme d’“épopée dispersée” a été proposé pour en rendre compte2.
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3 En particulier, Roberte Hamayon, “La ‘tradition épique’ bouriate change tou...
3La présente publication découle de la précédente. Le rôle fondamental que le public joue dans l’évolution du texte épique était en effet apparu de façon récurrente3. Cette livraison du Recueil ouvert est donc centrée sur la question de la co-construction entre public et récitant, toujours dans l’optique d’une transformation de la société. C’est dire que nous posons ici spécifiquement la question de l’auralité (la réception par l’oreille), dans ses rapports avec le fonctionnement de l’épopée.
4L’épopée traditionnelle est récitée devant un public physiquement présent, et ce public influe par ses réactions sur la récitation et sur la composition. C’est là un fait généralement admis : on trouve de nombreuses remarques concernant cette influence de l’auditoire, autant chez les anthropologues que chez les littéraires. Albert Lord déjà, au moment même où Parry et lui travaillaient sur le formulaire et sur la très bonne transmission par l’oralité, remarquait que les performances ne sont jamais exactement les mêmes, et qu’un pourcentage du texte, qu’il avait mesuré, était chaque fois donné sous une forme différente. Roberte Hamayon, elle, a décrit l’importance du cadre concret de la performance : sa dimension rituelle, mais aussi les interventions des auditeurs, avant et pendant la récitation – avant, ils choisissent le récitant parmi une série de compétiteurs, et pendant, ils sont chargés de relancer le barde, d’empêcher qu’il ne s’endorme… Même constatation de Jean-Luc Lambert chez les Nganassanes, où l’auditoire ne doit surtout pas rester muet – il lance de petites répliques au barde, pour le relancer mais aussi pour commenter les dires et les faits des personnages. Nombreux sont les chercheurs qui ont relevé ce rôle crucial ; mais il n’y a pas de réflexion d’ampleur sur ce sujet.
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4 Voir Goyet, Florence, “L’épopée refondatrice : extension et déplacement du ...
5Or, pour les travaux menés sur l’épopée moderne (post-imprimerie) à l’aide de la théorie du travail épique, ce concept d’auralité est probablement crucial : c’est lui qui permet de lier en profondeur les formes anciennes et orales (l’épopée au sens strict, estampillée comme telle) avec les formes modernes du travail épique (romans, films, voire séries, qui transforment le regard qu’une génération porte sur le politique)4. L’auralité est en effet un concept-clé. Elle n’est assurément pas une condition suffisante du travail épique : il n’est pas très probable, par exemple, qu’il y ait beaucoup de travail épique dans les telenovelas, qui sont l’apothéose de l’auralité, puisque les scénaristes écrivent en fonction des réactions du public à l’épisode précédent. Mais elle est une condition quasi-nécessaire. On trouve certes quelques exemples de textes écrits par un auteur unique qui mènent le travail épique jusqu’au bout, mais souvent la rédaction par un auteur unique peut être désignée comme ce qui empêche son achèvement. C’est que le concept d’auralité fait glisser de “présence du public” à “co-construction”. Le point est là : quand il y a auralité, on ne peut pas en rester à un auteur qui compose seul ; il y a co-construction, profonde, qui permet de dépasser les présupposés et les préjugés, ceux-là mêmes qui empêchent les auteurs de réflexions conceptuelles de dépasser les termes de la crise afin d’inventer la nouveauté politique et éthique.
6Quand le public tient complètement le rôle qui lui est dévolu dans le cadre de l’auralité, il exprime en effet son plaisir (ou son déplaisir), et valide (ou non) la présence de tel ou tel épisode ou traitement du thème ; il suscite également l’apparition d’autres lignes narratives (les récits secondaires qui fourmillent dans les grandes épopées), et des développements alternatifs des mêmes épisodes. En somme, il “retravaille” le texte, ce qui mène à représenter d’autres attitudes et d’autres valeurs. On peut considérer que c’est le public même qui, par cette intervention, suscite le travail épique ; qu’il mène le barde à explorer le champ des possibles, toutes les potentialités du texte, en particulier tous les possibles politiques, même ceux qui paraissent quasiment absurdes parce qu’ils n’ont jamais existé dans la réalité de la société concrète.
7Notre collaboration entre littéraires et anthropologues s’est donc donné ici pour objet d’analyser concrètement ce rôle de l’auditoire pour montrer les changements que produit le changement de public, dans la chair des textes comme au niveau des valeurs. Le but est de valider par l’analyse comparative une intuition que tous les chercheurs ont eu peu ou prou dans leur pratique individuelle (c’est ce que nous avaient appris les discussions lors de nos premiers travaux), et de cerner à la fois l’ampleur du phénomène et ses conséquences pour l’analyse du genre de l’épopée.
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Tous les articles de cette troisième livraison s'intéressent donc à la transformation de l’épopée en fonction du public, qu’il s’agisse du dossier proprement dit (les neuf articles de la section 2 : “L’épopée, problèmes de définition I - Traits et caractéristiques”), des deux articles de la section 4 (“État des lieux de la recherche”) ou des deux présentations de thèses de la section 5 (“Thèses et travaux en cours”).
9Les neuf articles du dossier, dans la section 2, abordent l’auralité dans des contextes extrêmement divers. D’une part, les spécialistes rassemblés ici ont analysé des textes épiques de lieux et d’époque très différents – du Moyen Âge germanique aux États-Unis du XXIe siècle. D’autre part, leurs analyses renvoient à divers cas de transformation de l’épopée. Pour poser le problème de manière précise, on s’est proposé en effet d’analyser trois possibilités distinctes de transformations d’une même épopée : la transformation d’une même épopée au fil du temps ; les variations en synchronie (à l’intérieur d’une même société, en fonction de l’auditoire et de ses attentes) ; enfin, l’existence de versions différentes d’une épopée dans des sociétés différentes.
1) Transformation au fil du temps
Il s’agit ici d’étudier les reprises d’épopées particulières, en accordant une attention forte aux variations du texte lui-même, et en cherchant à les mettre en relation avec l’auditoire précis de la performance.
10Dans son article “L’une meurt, l’autre pas : l’épopée au fil du temps”, Jean Derive s’interroge ainsi sur les disparités dans la longévité des épopées du monde. Pourquoi certaines disparaissent-elles tandis que d’autres continuent de mobiliser un large public ? Deux cas d’épopées africaines qui sont restées vivantes sont plus spécifiquement analysés : le mvet en Afrique Centrale et Sunjata en Afrique de l’Ouest. Dans le mvet, le thème du combat sans fin n’a pas cessé d’être parlant pour la communauté ekang ; Sunjata, lui, invite à penser que l’impuissance ne sera que provisoire.
11C’est également à Sunjata que Lilyan Kesteloot consacre son article “L’épopée mandingue et son public, évolution et mutations”. Elle s’appuie sur cette épopée pour faire un tour d’horizon des problématiques, en montrant notamment quelles sont les différentes adaptations modernes de l’épopée en fonction du public et en soulignant le rôle de chacun des acteurs dans ce processus.
12Dans “Des éléments épiques africains à la quête d’une épopée moderne : le Blue Fasa de Nathaniel Mackey”, Cyril Vettorato étudie une relation originale à l’intertexte épique traditionnel. Le poète et universitaire africain et américain Nathaniel Mackey remet au centre la performance et l’oralité poétique. Réécrivant l’épopée ouest-africaine du Dausi dans une performance qui fait sa place au blues et au jazz, Mackey met au jour une possibilité de l’épopée moderne, qui est de repenser le rôle de la communauté.
13Jan-Dirk Müller, dans “La Chanson des Nibelungen ou comment la société courtoise raconte des histoires héroïques”, montre quant à lui que cette épopée adapte une matière héroïque dans une société qui a radicalement changé. La société courtoise qui écoute le Nibelungenlied, anonyme du XIIe siècle, traite à travers elles de ses propres problèmes. Écrite dans un monde où elle est en concurrence avec les romans courtois, cette Chanson est l’épopée d’une société en mouvement, affrontant les contradictions et les tensions, à la différence d'une autre version, qui lui est souvent associée dans les manuscrits : Die Klage [La Plainte].
2) Variation en synchronie
À l’intérieur d’une même société, le texte varie en fonction des auditoires différents et de leurs attentes.
14En Inde, Catherine Servan-Schreiber (“Adaptabilité de l’épopée en fonction du public : le cas de Lorik – Inde du Nord”) montre que la très populaire épopée de Lorik est un véritable cas d’école de l’auralité. Les fins de cette épopée, extrêmement diverses, peuvent être analysées en fonction de l’auditoire, qui choisit de sanctionner, ou pas, les infractions du héros au dharma – les sanctions étant elles-mêmes très diverses. Ces fins diffèrent en effet si la récitation est effectuée dans une société de caste, en milieu tribal, dans une assemblée politique, ou en contexte soufi.
15Jean-Luc Lambert (“Quand l’attente de l’assistance détermine l’épopée. La performance épique dans le contexte religieux ob-ougrien – Ouest sibérien”) montre que le chant épique interprété varie en fonction des attentes de l’auditoire (chance à la chasse, guérison, plaisir, etc.) et du cadre rituel (récitation sur les sites cultuels ou lors des “jeux de l’ours”). À travers la coexistence de ces chants différents, il met au jour, sur le mode de l’épopée “dispersée” une véritable épopée refondatrice chez les Ougriens de l’Ob du XIXe siècle.
16Clément Jacquemoud (“Èšua, Učar-kaj, Ak-Byrkan et les autres. Le renouveau épique en République de l’Altaï – Sibérie méridionale”) montre que dans l’Altaï l’épopée est parvenue à résister à la folklorisation soviétique, et qu’elle est aujourd’hui actualisée par divers mouvements religieux en concurrence (évangéliste, bouddhiste, néo-bourkhaniste, néo-traditionnel). Il montre que les textes des musiciens répondent directement aux attentes du public et que la multiplicité des productions en chant de gorge converge pour réinventer, au XXIe siècle, une véritable épopée – toujours sur le mode de l’épopée “dispersée”.
3) Versions différentes de l’épopée dans des sociétés différentes
Comment une même épopée se transforme-t-elle quand elle franchit une frontière culturelle, quand elle est récitée devant des auditoires culturellement différents ?
17Deux articles traitent ensemble de cette problématique : Christiane Seydou et Sandra Bornand étudient la geste du même héros Boûbou Ardo Galo dans deux aires différentes, et montrent sa popularité paradoxale. Christiane Seydou (“Boûbou Ardo Galo ou les vicissitudes d’un héros épique peul”) met en lumière toute l’ambiguïté qui, en milieu peul, entoure ce héros : porteur des valeurs de sa société, il a cependant combattu l’islamisation menée par le chef peul qui instaura un État théocratique. Selon les versions, il peut être vaincu conformément à la réalité historique… ou vaincre. Sandra Bornand (“Boûbou Ardo Galo, une interprétation songhay-zarma”), montre qu’en milieu zarma, l’opposition du personnage à l’islam se comprend dans le contexte des relations Peuls/Zarma. La geste de ce héros peul s’appuie sur une version où Boûbou Ardo Galo triomphe, mais ajoute aussitôt après un nouvel épisode dans lequel il sera vaincu par un autre adversaire, ce qui permettra de promouvoir un islam noir dans lequel le griotisme a toute sa place.
Section “État des lieux de la recherche”
Cette section s’enrichit de deux articles qui analysent eux aussi des changements de publics, ici sous la forme de la réception de l’épopée occidentale au XXe siècle, au Japon et en Turquie.
18Taku Kuroiwa (“Présence de la Chanson de Roland dans le Japon moderne : les premières présentation et traductions – Maeda, Ban, Satō”) présente la première réception de la Chanson de Roland au Japon. Traduit au moins cinq fois depuis 1941, ce texte jouit d’un statut quasiment unique parmi les œuvres occidentales anciennes. L’article se concentre sur les deux premières traductions, celle de Ban Takeo en 1941 et celle de Satō Teruo en 1962. Ces auteurs privilégient une approche “analogique”, cherchant à faire comprendre les mœurs de la société médiévale française en les rapprochant de rangs ou de rituels de la société féodale ou post-féodale japonaise.
19Monire Akbarpouran (“Le destan turc est-il une épopée ? Premiers débats et prolongements actuels”) analyse la réception de l’épopée occidentale – en tant que genre – en Turquie, entre le début du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, avec une ouverture sur la recherche récente. Elle analyse les différents courants de pensée qui se sont confrontés avec passion au début du siècle autour de la question du genre destan et de la possibilité d’une épopée turque, ainsi que l’évolution vers une recherche centrée sur les productions épiques turques.
Section “Thèses et travaux en cours”
Les deux thèses présentées ici s’intéressent à la réception critique du genre ou au travail épique que permet la réception créative d’une épopée
20Dimitri Garncarzyk, dans “Qu’est-ce qu’une épopée au XVIIIe siècle ?” s'intéresse au rôle de la poétique classique dans la définition de l'épopée au XVIIIe siècle, entre prospective et rétrospective (France, Angleterre, Pologne). Si tous s’accordent à considérer que la fonction de la théorie est d’articuler la réception du patrimoine à la création contemporaine, ils donnent cependant des définitions très diverses de l’épopée, “plus grand ouvrage dont la nature humaine soit capable”.
21Dans “Réinventer les communautés dans le récit de leur crise”, Mathilde Mougin analyse trois romans des années 1970 (Horcynus Orca de Stefano d’Arrigo – réécriture de l'Odyssée –, Heimatmuseum de Siegfried Lenz et Blanche ou l’oubli d’Aragon), qui mettent en avant les bouleversements sans précédent que l’Europe a connus. Elle montre que ces trois œuvres peuvent être qualifiés d’épiques car elles cherchent à penser de nouvelles modalités de l’appartenance à un lieu et à une communauté.
Notes
1 Voir Études mongoles & sibériennes, centrasiatiques & tibétaines, numéro 45 : Épopée et Millénarisme (http://emscat.revues.org/2265, DOI : 10.4000/emscat.2265).
2 La notion rejoint celle d’“épopée en mosaïque” (Derive, Jean, L'épopée, unité et diversité d'un genre, Karthala, 2002) mais en insistant sur la dynamique permise par la coexistence des textes dans une époque et une région données. Cette coexistence permet aux auditeurs de confronter les possibles politiques aussi bien que dans l’épopée longue (voir aussi Derive, Jean “Postface’’, Emscat, 45, op. cit., http://emscat.revues.org/2362).
3 En particulier, Roberte Hamayon, “La ‘tradition épique’ bouriate change tout en étant facteur de changement’’, Emscat, 45, op. cit., https://emscat.revues.org/2277 ; Claudine Le Blanc, “Que pense la parole des femmes ? Les enjeux du dialogue dans la version récente d’une tradition épique de l’Inde méridionale”, Emscat, 45, op. cit., http://emscat.revues.org/2405, Catherine Servan-Schreiber, “L’Épopée comme outil de pensée en Inde du Nord ? Réflexions à partir de la geste rajput d’Alha-Udal’’, https://emscat.revues.org/2328 ; Clément Jacquemoud, Clément, “Altaj-Buučaj, héros épique de l’entre-deux siècles”, http://emscat.revues.org/2292.
4 Voir Goyet, Florence, “L’épopée refondatrice : extension et déplacement du concept d’épopée”, Recueil ouvert [En ligne], volume 2016 – Extension de la pensée épique.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Florence Goyet
Florence Goyet, Professeur à l'Université Grenoble Alpes, est comparatiste (russe, japonais, anglais, italien, allemand et plusieurs langues anciennes). Ses travaux portent sur le rôle intellectuel et politique de la littérature dans ses rapports avec la polyphonie (Bakhtine). Ouvrages :. Penser sans concepts. Fonction de l'épopée guerrière (Iliade, Chanson de Roland, Hôgen et Heiji monogatari), Paris, Champion, 2006
. En collaboration avec Jean-Luc Lambert et Charles Stépanoff, Epopée et millénarisme : transformations et innovations n° 45, Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines, 45 | 2014, http://emscat.revues.org/2265
Quelques mots à propos de : Jean-Luc Lambert
Jean-Luc Lambert est maître de conférences à la section des sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études et membre du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL, UMR 8582). Il dirige depuis 2007 le Centre d’Études Mongoles et Sibériennes de l'EPHE. Anthropologue de formation, spécialiste des sociétés sibériennes, il est notamment l’auteur d’une monographie consacrée au chamanisme des Nganassane, un petit peuple de l’Arctique. Ses recherches actuelles, menées dans une perspective anthropologique et historique, portent sur les interactions religieuses entre l’orthodoxie et les différents systèmes religieux des minorités non-slaves établies en Russie, sur l’épopée et sur le chamanisme.