Epopée, Recueil Ouvert : Section 5. Thèses, travaux en cours

Danielle Buschinger

Chevalerie orientale et chevalerie occidentale dans le Parzival et le Willehalm de Wolfram von Eschenbach

Résumé

Cet article s’intéressera à la représentation des chevaleries orientale et occidentale dans deux textes allemands du XIIIe siècle, le Parzival (1200-1210) et le Willehalm (avant 1217) de Wolfram von Eschenbach. À l’inverse de la plupart des textes épiques occidentaux, Wolfram présente les combattants musulmans de façon aussi positive que les héros chrétiens : chevalerie occidentale et chevalerie orientale sont égales en dignité, et les musulmans et les chrétiens tous enfants de Dieu. Dans Parzival, où il reprend le Conte del Graal de Chrétien de Troyes, Wolfram place au-dessus de toutes deux la suprême valeur d’une chevalerie directement au service de Dieu, celle du Graal. Mais cela même ne saurait disqualifier ses personnages orientaux : de façon caractéristique, son héros musulman fondera dans son pays l’équivalent de cette chevalerie du Graal. Dans le Willehalm, où il n’est plus tenu par un tel intertexte, les deux chevaleries et les deux peuples sont parfaitement à égalité, comme le montre un “discours sur la tolérance”, prononcé au Conseil – fait rare également – par une femme.

Abstract

English title: Eastern and Western Knighthood in Wolfram von Eschenbach’s Parzival and Willehalm.
This paper will focus on the representation of Eastern and Western knighthoods in two thirteenth-century German texts, Wolfram von Eschenbach’s
Parzival (1200-1210) and Willehalm (before 1217). Unlike most Western epic texts, Wolfram presents Muslim warriors as positively as Christian heroes: Western and Eastern knighthoods are equal in dignity, and Muslims and Christians are all children of God. In Wolfram’s Parzival, an adaptation of Chrétien de Troyes’ Conte del Graal, Wolfram places above both Muslims and Christians the supreme value of a knighthood directly in the service of God, that of the Grail. But this does not disqualify his oriental characters: characteristically, his Muslim hero founds the equivalent of this Grail Knighthood in his own country. In the Willehalm, where he is no longer bound by such an intertext, the two knighthoods and the two peoples are perfectly equal, as shown by a “speech on tolerance”, delivered to the Council—also a rare fact—by a woman.

Texte intégral

  • 1 Fourquet, Jean : “Le livre IX du Parzival”. In : König Artus und der Heilig...

1Jean Fourquet écrivait : “La rencontre entre les demi-frères (Parzival et Feirefiz), qui met à égalité chevalerie occidentale et orientale, l’une ayant l’avantage du baptême, l’autre celui de la richesse fabuleuse ; tous deux sont soutenus par l’amour d’une dame, et le païen est assez chevaleresque pour ne pas combattre un adversaire désarmé. C’est une anticipation de l’esprit du Willehalm avec l’arrière-plan historique que cela suppose1”. Aussi me semble-t-il nécessaire, avant d’aborder le Willehalm, de me pencher quelque peu sur le Parzival, non seulement parce que c’est son œuvre la plus connue, mais surtout parce que certaines de ses particularités nous aident à comprendre l’esprit dans lequel Wolfram a adapté la chanson de geste française.

I. Parzival, anticipation du Willehalm : la création d’un monde

1. Chevalerie orientale et chevalerie occidentale : deux mondes chevaleresques idéaux dans une hiérarchie renouvelée

  • 2 Wolfram von Eschenbach, Parzival. Traduit par Buschinger Danielle et Pastré...

2Le Parzival de Wolfram von Eschenbach2, œuvre adaptée dans la première décennie du XIIIe siècle du Conte del Graal de Chrétien de Troyes, comprend seize livres, ou chapitres. Les deux premiers livres sont consacrés au père de Parzival, Gahmuret ; les deux derniers, à l’accession de Parzival à la royauté du Graal avec son demi-frère Feirefiz à côté de lui. La source de Wolfram est inconnue, de telle sorte qu’il est difficile de faire une comparaison entre le texte allemand et son modèle.

  • 3 Comme on le sait, c’est la dénomination pour les musulmans au Moyen Âge, à ...

3Gahmuret est le fils du roi Gandin d’Anjou, mais c’est un cadet, qui pour cette raison n’a pas le droit à la succession. Il part en quête d’aventures en Orient et entre au service du baruc païen (le calife de Bagdad, équivalent pour les païens3 du pape chez les chrétiens). Une tempête jette Gahmuret, rentrant d’Orient, dans le port de Patelamunt, où il trouve une reine noire, Belakane. Ils s’éprennent l’un de l’autre, il libère la reine païenne Belakane de Zazamank, assiégée par ses ennemis et obtient par là sa main et son pays. Bien qu’aimant son épouse comme lui-même, mais poussé par son désir de prouesse chevaleresque et par une soif inextinguible d’aventures, il la quitte une nuit, en grand secret, tout en sachant qu’elle est enceinte. Belakane donne peu après naissance à un fils, dont la peau est bigarrée de blanc et de noir, comme le vair, et qui, pour cela, reçoit le nom de Feirefiz (“fils vair”). Rentré en Europe, Gahmuret obtient par sa victoire dans un tournoi la main et les royaumes de la reine Herzeloyde. Cependant, rien ne peut le retenir là non plus, il quitte son épouse secrètement et repart à l’aventure. Il trouve la mort au service du baruc. De la même façon que Belakane, après le départ de Gahmuret, a mis au monde le premier fils de celui-ci, Feirefiz, Herzeloyde donne le jour à un fils, qui est nommé Parzival.

4Il se joue là quelque chose d’extrêmement important, une véritable synthèse des civilisations. Le monde arthurien n’est plus sans égal ; en face de lui, il y a le monde de l’Orient, et la chevalerie est la forme idéale de vie aussi bien dans l’un que dans l’autre. En introduisant ce deuxième monde dans son roman, Wolfram relativise la primauté du monde arthurien, qui voit son importance contrebalancée.

5C’est en encadrant le Conte del Graal inachevé de Chrétien de Troyes par deux masses narratives de son invention, dans les livres I et II, l’histoire du père, Gahmuret, et, dans les livres XV et XVI, l’accession de Parzival à la royauté du Graal avec son demi-frère Feirefiz à côté de lui, que l’auteur allemand fait éclater le cadre du roman arthurien, d’origine celtique, et l’élargit jusqu’aux limites du monde alors connu, y englobant pour la première fois dans le roman courtois le monde oriental. La chevalerie musulmane, égale en qualités chevaleresques et supérieure en richesses à la chevalerie arthurienne, n’en est séparée que par une seule chose : le baptême. Wolfram enlève ainsi au monde arthurien sa valeur de monde courtois idéal, modèle unique et resplendissant de toute chevalerie. Désormais, il existe deux mondes chevaleresques idéaux, ou idéalisés, se faisant pendant l’un à l’autre, le monde arthurien et le monde oriental : la chevalerie est forme de vie idéale aussi bien pour les musulmans que pour les chrétiens.

6Au reste, Wolfram, en tant que poète, a réhabilité les musulmans et va jusqu’à dire, chose inouïe en son temps, qui est celui des croisades, que le musulman est l’égal du chrétien : pour lui, le musulman a les mêmes qualités morales que le chrétien. Il écrit à propos de Belakane : “À ce moment Gahmuret se disait que, toute païenne qu’elle était [c’est ainsi qu’on nomme dans la littérature médiévale les musulmans, N. d. A.], jamais plus grande loyauté féminine ne s’était glissée dans le cœur d’une femme. Sa réserve pudique, la pluie de ses larmes qui l’inondait toute, le torrent qui de ses yeux tombait sur son sein couvert de zibeline, tout cela était pour elle un baptême purificateur ” (28, 10-17).

  • 4 Les vers sont présents dans l’édition de Lachmann et sont transmis dans deu...

  • 5 Bescheidenheit, [Sagesse de vie], éd. H.E. Bezzenberger [1872], Norderstedt...

7Wolfram n’est cependant pas le seul à le faire. On peut rapprocher ces vers hautement modernes de ceux du poète lyrique autrichien, Walther von der Vogelweide (vers 1170-vers 1230), son contemporain : “Il faut voir le dedans des gens, si l’on veut bien les connaître. Nul ne doit louer quelqu’un du dehors, sur l’apparence. Plus d’un nègre est au dedans plein de hautes qualités. Ah ! comment est le cœur des blancs quand on veut les retourner comme un gant ?4” : Au début du XIIIe siècle, un autre poète fait, comme Wolfram, preuve d’une tolérance proche de celle de Lessing au siècle des Lumières (XVIIIe siècle). L’auteur d’épigrammes Freidank (1er tiers du XIIIe siècle), dans Bescheidenheit [Sagesse de vie5] déclare, comme Wolfram, et il ajoute les juifs : “Got hât drîer slahte kint,/ daz Kristen, juden, heiden sint” (10, 17) / “si wellent ir gelouben hân” (10, 25) (“Dieu a trois catégories d’enfants, ce sont les chrétiens, les juifs, les païens [c’est-à-dire les musulmans], ils veulent garder leur foi”, notre traduction).

2. Orient et Occident réunis dans la totalité du monde connu

8Supérieur à ces deux mondes chevaleresques est cependant le monde du Graal, créé à partir du Conte del Graal. C’est une donnée du modèle que Wolfram, en bon adaptateur se devait de conserver, mais qu’il a totalement transformée. Tous ses membres sont appelés directement par Dieu, sans l’intermédiaire de l’Église, pour servir le Graal et pour servir l’ensemble de la société humaine – ils peuvent être envoyés dans des pays privés de souverains pour restaurer la paix, la justice et l’ordre. Ils constituent une élite, qui provient des deux chevaleries profanes : la chevalerie occidentale, chrétienne et la chevalerie orientale, païenne. Ainsi le demi-frère de Parzival, Feirefiz est-il appelé par Dieu, comme son frère chrétien Parzival, pour entrer dans le monde du Graal. Le fils de Feirefiz, Johann, fondera ensuite en Orient le pendant du monde du Graal. Sous le signe du Graal, Orient et Occident sont réunis. Du château du Graal selon Chrétien de Troyes, Wolfram fait tout un monde, avec sa dynastie et son ordre chevaleresque, qui est au service de Dieu sans l’intermédiaire de l’Église. Il est à la fois supérieur au monde arthurien et au monde païen de l’Orient, que Wolfram introduit dans le Livre I de son œuvre et qui, pour le poète, est le pendant du monde arthurien.

  • 6 Voir Buschinger, Danielle, “Les liens de parenté dans le Conte del Graal de...

9Wolfram tisse un réseau de liens de parenté entre tous les personnages du roman6 :

  • Parzival est issu, par son père, du monde arthurien, et par sa mère, du monde du Graal : il appartient donc aux deux familles ;

  • Feirefiz, quant à lui, est par sa mère Belakane l’héritier du monde des païens et par son père celui du monde arthurien ; par son mariage avec Repanse de Schoye, issue de la famille du Graal, il intègre l’Orient au monde du Graal ;

  • le fils de Feirefiz et de Repanse de Schoye, le Prêtre Jean, qui fondera plus tard une communauté orientale au service de Dieu, pendant oriental du monde du Graal, participera des trois mondes : du monde du Graal, du monde arthurien et du monde oriental des païens ;

  • enfin, Wolfram rattache à son Parzival, en épilogue, la légende du Chevalier au cygne, qui était déjà liée à la famille de Godefroy de Bouillon, l’un des chefs de la 1ère croisade, en 1096. Par son fils Loherangrin, Parzival devient ainsi l’ancêtre des rois chrétiens de Jérusalem.

10Bref, les personnages de Wolfram représentent toute l’humanité, la totalité du monde alors connu, englobant l’Orient et l’Occident, si bien qu’on peut penser que le poète allemand a eu le dessein de créer une véritable cosmologie, une sorte d’histoire universelle.

  • 7  Wolfram se trahit comme le seul auteur du roman complet en utilisant la pr...

  • 8 Communication orale, le 9 novembre 2000.

11Et c’est le personnage de fiction Kyot – c’est-à-dire Wolfram von Eschenbach – qui a soi-disant découvert à Tolède, dans un manuscrit arabe mis au rebut, les mystères du Graal (452, 29 sq). Wolfram, dans l’épilogue, dit de Kyot que celui-ci a introduit diu rehten maere, “l’authentique version”, und dirre âventiure endeszîl, c’est-à-dire “avec son exact dénouement”, von Provenz in tiuschiu lant, “de Provence en pays allemand” (827, 9-10)7. Comme l’a souligné Jean Fourquet, “Kyot n’est pas un mythe, c’est une mystification8”, dont le nom est très probablement issu de celui du copiste Guiot de Provins devenu facétieusement, par la vertu de la prononciation allemande, Kyot de Provence.

12Wolfram a ainsi réussi à faire des deux romans indépendants et inachevés de Chrétien un poème réunissant trois, voire quatre mondes : il a fait éclater le cadre du roman arthurien pour créer une cosmologie. Dans ce monde, la hiérarchie n’est pas celle que l’on connaît d’habitude dans les textes épiques médiévaux occidentaux : à la supériorité habituelle de la chevalerie occidentale est substitué un monde bien plus complexe, où la chevalerie occidentale et la chevalerie orientale, égales en dignité, reconnaissent toutes deux la suprême valeur d’une chevalerie directement au service de Dieu.

II. Willehalm, une intensification des idées du Parzival ?

1. Des “égards” inhabituels, mais pas isolés

  • 9 Voir D. Buschinger 1996, et également « Le Curé Konrad, adaptateur de la Ch...

  • 10 Voir Bumke, Joachim, Wolfram von Eschenbach, 6. neu bearbeitete Auflage, S...

  • 11 Voir plus loin.

13Des poèmes comme la Chanson de Roland (et son adaptation allemande, le Rolandslied du Curé Konrad, qui accentue encore davantage cette thématique9) choisissent une représentation manichéenne comme forme littéraire de la propagande religieuse : d’un côté, le poète souligne la relation à Dieu des croisés (et en même temps il légitime leurs actes guerriers), tandis que les païens combattent uniquement pour acquérir une gloire terrestre et des biens matériels et sont massacrés, à bon droit, comme du bétail, par les chrétiens. Certes il arrive que, dans les commentaires, Wolfram qualifie de croisade la guerre contre les païens10. On rencontre les formules de l’idéologie de la croisade : les chrétiens sont nommés (rarement) “soldats de Dieu” (19, 17), les chrétiens morts au combat sont conduits au ciel par des anges, tandis que les païens vont en enfer (38, 25 sq.), Vivien meurt en saint martyr et de ses blessures s’échappe un doux parfum, les chrétiens combattent sous le signe de la croix (17, 16 sq.), leurs armures sont ornées de la croix (31, 24). Cependant, jamais ils n’ont l’intention de convertir les païens, jamais la guerre avec ses milliers de morts n’est justifiée par une raison religieuse. On pourrait penser de même que Wolfram neutralise l’idée de croisade en faisant que les païens mènent comme les chrétiens une guerre idéologique et combattent pour leurs dieux, en plaçant à côté de Vivien, martyr chrétien, Tesereiz, un martyr païen11. Le païen Rennewart qui refuse de devenir chrétien combat tout de même contre ses frères de religion et assure la victoire aux chrétiens ; la raison de cette attitude est que Rennewart en veut à son père, Terramer, et à sa famille de ne pas être intervenus lorsque, enfant, il a été enlevé et vendu à la cour royale française. Le roi connaissait sa noble origine et l’a d’abord élevé conformément à son rang social, mais lorsque le jeune homme a refusé de se convertir au christianisme, il lui a fait exécuter de viles besognes dans la cuisine.

  • 12 Voir infra.

14En faisant combattre le païen Rennewart contre ses frères de religion au profit des chrétiens, Wolfram montre l’absurdité de la guerre de religion. De surcroît, il qualifie la mort des païens au combat de “meurtre”, de “péché12”. Et surtout Willehalm décide de renvoyer les corps des rois païens morts dans leur pays afin qu’ils soient enterrés “nach ir ê ” (465, 10-20) – selon leur rite. Pour la première fois, il est reconnu explicitement aux païens le droit d’avoir leur propre religion.

15En fait, Wolfram poursuit dans le Willehalm cette tradition qu’il a inaugurée, en langue vernaculaire, dans son Parzival. Avant sa visite chez l’ermite le Vendredi Saint, Perceval rencontre des pénitents, trois chevaliers et dix nobles dames. Dans le Conte del Graal de Chrétien de Troyes, l’un de ces chevaliers tient un long discours sur le sens du Vendredi Saint, dans lequel on lit ces vers abominables : “Les juifs perfides et envieux, qu’on devrait tuer comme des chiens, firent leur malheur et notre grand bonheur quand ils le levèrent sur la croix ; ils se perdirent et nous sauvèrent !” (6292-6296). Il est caractéristique de Wolfram qu’il conserve tout le discours (448, 1-26), mais supprime ces vers antisémites.

  • 13 Martin, Jean-Pierre, “D’où viennent les Sarrasins ? A propos de l’imaginai...

  • 14 À ce sujet, voir Holtus, Günter, La versione franco-italiana della “Batail...

16Perceptible dans le jugement qu’il porte sur les païens, cette tendance représente une nouveauté par rapport au modèle de la Chanson des Aliscans à propos duquel Jean-Pierre Martin écrit : “La représentation de divers degrés de gigantisme et de monstruosité démoniaque (yeux rouges, peau noire), complétés chez de nombreux Sarrasins par des traits d’animalité (cornes, griffe, glapissements et jusqu’à l’anthropophagie) […] situent (les Sarrasins) aux limites extrêmes de l’humanité, enfin l’armement dont ils usent (haches, massues, fléaux et armes de trait) les met hors de la chevalerie13 ”. Quel abîme avec les païens du Willehalm qui – comparables au personnage de Feirefiz – sont non seulement les égaux des chrétiens, mais les surpassent par l’éclat de leur équipement chevaleresque et par leur culture courtoise. Selon toute vraisemblance la source de Wolfram est proche de la version en franco-vénitien du manuscrit de Venise Codex Marcianus fr. VIII [ =252] du XIVe siècle qui forme une rédaction à part et pourrait être restée le plus proche de l’original14. Cependant, d’après mes observations, par certains aspects, la figure du musulman dans le manuscrit de Venise n’est guère différente de celle des autres manuscrits ou même des autres textes de l’époque.

  • 15 C’est-à-dire des femmes qui ne sont pas forcément nobles, pour reprendre l...

  • 16 Successivement “l’amour m’a pris à son service davantage que l’un de mes d...

  • 17 Pour le père de Willehalm, Heimrich, un prince chrétien, Gyburg peut certe...

  • 18 Bumke 1997, 218.

17Comme les chrétiens combattent pour Dieu, les païens livrent bataille sur l’ordre de leurs dieux et pour obtenir la récompense des femmes15, (par exemple “durh die gote und durh die minne” (338, 15) et “durch got und der wîbe lôn16” (381, 21)). Wolfram ne décrit donc pas les païens comme les serviteurs du diable et comme des créatures destinées à être rôties en enfer (dans le style du Rolandslied et de la Chanson des Aliscans, son modèle), mais comme des aristocrates, des chevaliers, aux pensées nobles, à la haute culture courtoise, qui trouvent infâmant d’attaquer une femme (267, 6), pour lesquels il y a égalité des femmes de mérite et des hommes de mérite (267, 11-1)17, qui combattent pour leurs dieux et pour le salaire d’amour : l’amour est pour les païens une sorte de religion d’amour18. Terramer donne une raison psychologique de ce motif singulier. Les jeunes sont davantage intéressés par l’amour, et les aînés par la religion (338, 9 sq.). Tous les chevaliers païens vont à la bataille pour honorer leurs “femmes” (terme situé au-dessus des différenciations sociales). Cette importance donnée à la notion d’amour courtois est peut-être liée à la volonté de Wolfram de mettre l’accent sur la grande courtoisie et l’exemplaire esprit chevaleresque des païens, domaines dans lesquels les païens sont supérieurs aux chrétiens.

  • 19 Bumke 1991, 195 : “ein heidnisches Minne-Martyrium”.

  • 20 Bumke 1997, 218.

18Ce trait, qui n’existe pas dans les Aliscans, est caractéristique des païens dans le Willehalm et illustre particulièrement Tesereiz, chevalier d’amour, qui “recherchait la faveur des femmes de même que la fine amor” (§ 36). Opposé à Willehalm en combat singulier, il tente, en vain, de convertir le margrave à sa religion d’amour (86, 22 sq.). Il est si parfait chevalier que sa mort peut être mise en parallèle avec celle de Vivien. Comme c’est le cas pour ce dernier, après sa mort, se dégage de son corps un sublime parfum, que Wolfram décrit de façon hyperbolique : “Le champ aurait dû être couvert de sucre une journée de voyage à la ronde. Le bel homme, l’homme courtois aurait pu donner leur nourriture à toutes les abeilles. Comme elles recherchent ce qui est sucré, elles auraient pu, si elles étaient sensées, se nourrir dans l’air qui vient du pays où Tesereiz – c’est la vérité – a vu venir la fin de sa vie de chevalier” (§ 88). Nous avons véritablement affaire à “un martyre païen d’amour19”, ce qui contribue à faire des païens les égaux des chrétiens, égalité que modère l’enflure un peu comique de la description. Il s’agit d’un amour-religion chez les païens20. De fait, l’amour a, chez les païens, au même titre que la religion, la fonction de faire avancer l’action : ils combattent pour leurs dieux et pour l’amour.

2. Un “discours sur la tolérance”

  • 21 Addition de Wolfram à sa source, ce conseil de guerre se situe avant la se...

  • 22 Sur ce point, voir Soleymani Majd, Nina, Lionnes et colombes : les personn...

19Lors de son discours dans le conseil de guerre dans le Livre VI (296, 25-311, 621), le discours le plus long de toute l’œuvre et le plus intéressant en ce qui concerne les idées exprimées, Gyburg s’oppose aux hommes : tandis que ceux-ci parlent de croisade, de haine des païens et de détermination à livrer des combats acharnés, Gyburg (qui prend la parole au cours d’un conseil d’hommes auquel elle prend part en tant que femme, ce qui est assez singulier22), parle de miséricorde, de clémence envers les adversaires païens et de certitude de parvenir au salut. Au centre de son discours auquel on a donné le nom de “discours sur la tolérance” (306, 3-310, 29) se trouve la prière qu’elle adresse aux princes d’épargner les païens (les “non-baptisés”, opposés aux “baptisés”, die getouften) au cas où Dieu offre la victoire aux chrétiens, parce qu’ils sont eux aussi les “créatures de Dieu” (schônet der gotes hantgetât (306, 28)) et les enfants du même père divin.

  • 23 Schnell, Rüdiger, „Die Christen und die ‚Anderen’, Mittelalterliche Positi...

  • 24 Cité par Bumke, Joachim, Wolfram von Eschenbach, 6. neu bearbeitete Auflag...

  • 25 Bumke 1997, 213, 221.

  • 26 Bumke 1997, 213, 221. Sabel 2003, 109-110.

  • 27 Bumke 1997, 213.

  • 28 Knapp, Fritz Peter, Rennewart : Studien zu Gehalt und Gestalt des ‚Willeha...

20Comme le montre Rüdiger Schnell23, ce n’est pas une exception. De fait, dans la Chronica Slavorum d’Arnold von Lübeck, il est dit que, “même si leur confession est différente, tous les êtres humains ont un seul père et qu’en conséquence tous sont frères, non pas en raison de la confession mais parce que tous sont des êtres humains (humanitas). On doit penser au père commun et épargner les frères24”. Mais l’appel de Gyburg reste vain. Alors que l’issue de la seconde bataille est déjà certaine grâce à l’aide de Dieu, faut-il le souligner, les chrétiens tuent tous les païens en fuite (436, 4 sq.) comme du bétail, ce qui est un grand péché (450, 15 sq.). Comme le dit Bumke, cela montre que Wolfram lui-même reste sceptique face à sa propre héroïne. Seul Willehalm œuvre dans son sens en libérant le roi Matribleitz pour montrer sa volonté de paix et de réconciliation (peut-être aussi par égard pour les liens de parenté entre Gyburg et le roi, (466, 19)), et en voulant que les païens morts soient enterrés conformément à leur religion (465, 19-20)25. Le départ de Matribleiz avec les rois païens morts marque la fin du Willehalm inachevé, en effet, l’action de Rennewart n’est pas menée à son terme. Ce vœu selon lequel les païens morts doivent être enterrés conformément à leur religion (465, 19-20) marque l’égalité entre païens et chrétiens26. Néanmoins, cela n’empêche pas que toutes les tensions entre les deux camps demeurent intactes27. Il ne peut, dans le contexte historique de Wolfram, aussi bien religieux que politique, y avoir parfaite égalité entre chrétiens et musulmans. C’était sans doute la volonté de Wolfram, et il s’est rendu compte que ce n’était pas possible. On pourrait peut-être voir la raison pour laquelle, si on suit F.P. Knapp28, Wolfram a laissé le Willehalm inachevé.

21Gyburg s’oppose à l’idée que tous les païens sont destinés à l’enfer, en nommant des personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament : Adam, Noah, Elias, Henoch, Job, et les trois rois mages. Ils sont la preuve que le chemin du Ciel n’est pas fermé à tous les païens. Elle rappelle également que tous les hommes sont nés païens. Bref, même si Wolfram exprime nettement l’espoir que tous les hommes accepteront un jour la foi chrétienne (ce qui relativise quelque peu la tolérance de Wolfram et la distingue de la tolérance du XVIIIe siècle), l’anéantissement impitoyable des croyants d’une autre confession apparaît aux yeux du poète comme un péché (450, 15-18), et comme un crime (10, 17-20).

  • 29 Bumke 1997, 225-226.

22Les membres masculins du conseil ne se rangent pas à l’avis de Gyburg : ils interprètent son appel comme un geste d’impuissance, de faiblesse, témoignage de l’opposition entre femmes et hommes au Moyen Âge. Même si Gyburg, en l’absence de Willehalm parti chercher de l’aide auprès du roi de France à Laon (Munleun), a le commandement sur la ville d’Orange et dirige seule la défense de la ville, elle reste une femme dans une société régie par les hommes, ce qui est confirmé par le fait que, forte femme au combat et dans le danger, elle redevient la femme soumise et pleine d’humilité en présence de son époux29.

  • 30 Notamment de l’organisation politique et sociale : Terramer est en tant qu...

  • 31 Il l’enlève avec son consentement, ce qui le justifie aux yeux du poète.

  • 32 Voir notamment Bumke, Joachim, Wolframs Willehalm, Studien zur Epenstrukur...

23Dans ce contexte, il convient de noter que Wolfram sait montrer distinctement, lors de la description des combats de masse, toute la brutalité et la cruauté des guerres féodales. Cependant, en dépit de nombreux parallélismes30, la grande différence entre les chrétiens et les païens, c’est que, même si Willehalm est à proprement parler à l’origine du conflit en enlevant Arabel – qui baptisée, devient Gyburg31, les païens ont une politique agressive. Alors que les chrétiens ont pour but de défendre l’Empire et leur foi, Terramer veut, quant à lui, devenir empereur et anéantir le christianisme (340, 4 sq32.) Par ce dernier point seulement, le texte se rapproche du Rolandslied de Konrad, où Paligan, chef suprême des païens, veut conquérir Rome, chasser Charles de la ville sainte et prendre sa place, en d’autres termes il veut faire triompher le paganisme sur le christianisme.

Conclusion 

24Pour Wolfram, le musulman est, comme le chrétien, un homme qu’il faut respecter ; il est comme le chrétien, une créature de Dieu. “Ménagez les créatures de Dieu” (306, 28), écrit-il dans sa dernière œuvre, le Willehalm. Il qualifie de meurtres les combats de masse qui opposent les chrétiens aux musulmans dans le sud de la France où se déroule l’œuvre, et pleure aussi bien la mort d’un musulman que celle d’un chrétien. Peut-on aller jusqu’à dire que, dans sa dernière œuvre, le Willehalm, Wolfram renchérit, va plus loin que dans le Parzival, dans la mesure où, dans Willehalm, au contraire du Parzival, il n’y a pas de monde supérieur à la fois au monde chrétien et au monde musulman ? Ce serait un progrès sur le plan idéologique. Peut-être est-ce que dans le Parzival, il reprenait, en le transformant en monde, le château du Graal – contrainte qu’il n’avait pas dans sa dernière œuvre.

25Wolfram rejette, on le voit, la conception traditionnelle des croisades, exprimée notamment dans la Chanson de Roland française et son adaptation allemande, selon laquelle les païens (c’est-à-dire les musulmans) sont les enfants non de Dieu, mais du diable, comme tels voués à l’extermination et au feu éternel de l’enfer. Selon laquelle également la guerre que les chrétiens menaient contre les musulmans était une guerre juste, les chrétiens tombés au combat allant droit au paradis. Le mot de “tolérance” est peut-être trop fort, on devrait peut-être dire “ménagement”, “égards”, pour employer le terme de Wolfram lui-même. En tout cas, ceci est en opposition avec les idées des classes dominantes de la société de son époque – qu’on examine le Parzival devant l’arrière-plan de la littérature du XIIe siècle, ou qu’on le compare avec le Rolandslied du Curé Konrad (vers 1170). Peut-être Wolfram appartenait-il à une petite minorité de son époque, car il faut souligner qu’en Terre Sainte elle-même existait une coexistence pacifique et qu’au temps des croisades les échanges commerciaux et intellectuels continuent et même s’amplifient : les Arabes apportent aux savants chrétiens la science grecque et nourrissent la Renaissance du XIIe siècle. C’est ainsi que l’idée d’“égards”, de “ménagement”, développée par Wolfram, annonce et prépare dans une certaine mesure l’idéal de tolérance du XVIIIe siècle.

  • 33 Il est à noter que Freidank se range lui aussi aux côtés de l’empereur Fré...

26Rolandslied et Willehalm sont deux cas particuliers de la Rezeption directe de la chanson de geste dans les cours allemandes, où on commande l’adaptation de chansons de geste pour des raisons politiques : le Rolandslied sert à fonder la prétention des Guelfes d’être les héritiers de l’idée d’empire telle que la concevaient Charlemagne et les chansons de geste, de même qu’à justifier la conquête par Henri le Lion des territoires à l’est de l’Elbe. Le Willehalm est écrit à une époque où le fanatisme religieux pour la croisade n’existe plus : quand le pape le pousse à conduire une croisade, Frédéric II se dérobe, et quand, en 1227, excommunié, il part pour la Palestine contre la volonté du pape, il traite avec les Sarrasins et leur achète le Saint-Sépulcre. Peut-être Hermann von Thüringen, le mécène de Wolfram, a-t-il éprouvé le besoin d’entrer dans la nouvelle politique de Frédéric II, qui est la tolérance33.

Notes

1 Fourquet, Jean : “Le livre IX du Parzival”. In : König Artus und der Heilige Graal. Studien zum Spätarturischen Roman, Danielle Buschinger, Wolfgang Spiewok (éd.) Greifswald, Reineke Verlag, 1994, p. 123-138. La citation se trouve p. 137.

2 Wolfram von Eschenbach, Parzival. Traduit par Buschinger Danielle et Pastré Jean-Marc, Paris, Champion, 2010 (traduction citée).

3 Comme on le sait, c’est la dénomination pour les musulmans au Moyen Âge, à part certaines exceptions, par exemple l’Eracle, traduction française de l’Historia in partibus transmarinis gestarum de Guillaume de Tyr, qui ne fait pas des musulmans des polythéistes (communication personnelle de Pierre Levron, CNRS).

4 Les vers sont présents dans l’édition de Lachmann et sont transmis dans deux manuscrits : 35, 27. Voir Walther von der Vogelweide, Werke, Band 1: Spruchlyrik. Mittelhochdetsch/Neuhochdeutsch, Herausgegeben, überserzt und kommentiert von Günter Schweikle, Stuttgart, Reclam, 1994, (RUB 819), p. 190-191 et p. 422-423, 35, 27. Sauf indication contraire, toutes les traductions sont de mon fait.

5 Bescheidenheit, [Sagesse de vie], éd. H.E. Bezzenberger [1872], Norderstedt, Hansebooks, 2017, accessible sur https://archive.org/details/fridankesbesche00bezzgoog/page/n1/mode/2up?ref=ol&view=theater.

6 Voir Buschinger, Danielle, “Les liens de parenté dans le Conte del Graal de Chrétien de Troyes et son adaptation allemande, le Parzival de Wolfram von Eschenbach”. In : Ferlampin-Acher, Christine et Hüe, Denis, Lignes et lignages dans la littérature arthurienne, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 285-292.

7  Wolfram se trahit comme le seul auteur du roman complet en utilisant la première personne ich.

8 Communication orale, le 9 novembre 2000.

9 Voir D. Buschinger 1996, et également « Le Curé Konrad, adaptateur de la Chanson de Roland ». In D. Buschinger et W. Spiewok, Das « Rolandslied » des Konrad. gesammelte Aufsätze von Danielle Buschinger und Wolfgang Spiewok, Greifswald, Reineke Verlag, 1996, p. 41-64.

10 Voir Bumke, Joachim, Wolfram von Eschenbach, 6. neu bearbeitete Auflage, Stuttgart, Metzler, 1991, p. 215-216.

11 Voir plus loin.

12 Voir infra.

13 Martin, Jean-Pierre, “D’où viennent les Sarrasins ? A propos de l’imaginaire épique d’Aliscans.” In : Mourir aux Aliscans. Aliscans et la légende de Guillaume d’Orange, Dufournet, Jean (éd.), Champion, 1993, p. 121-136. La citation se trouve p. 131. Jean-Pierre Martin s’appuie sur Aliscans, Régnier Claude, Subrenat Andrée et Jean (éds.), Paris, Champion, 2007.

14 À ce sujet, voir Holtus, Günter, La versione franco-italiana della “Bataille d’Aliscans” : Codex Marcianus fr. VIII [=252] : testo con introd., note e glossario, Tübingen, Niemeyer, 1985.

15 C’est-à-dire des femmes qui ne sont pas forcément nobles, pour reprendre la terminologie du poète allemand Walther von der Vogelweide, qui oppose vrouwe (dame de l’aristocratie) et wîp (la femme, en dehors de toute catégorie sociale).

16 Successivement “l’amour m’a pris à son service davantage que l’un de mes dieux” et “pour Dieu et pour le salaire des femmes”

17 Pour le père de Willehalm, Heimrich, un prince chrétien, Gyburg peut certes pleurer, mais en cachette et ne doit pas le montrer aux hommes qui pourraient prendre peur avant d’aller au combat (268, 18).

18 Bumke 1997, 218.

19 Bumke 1991, 195 : “ein heidnisches Minne-Martyrium”.

20 Bumke 1997, 218.

21 Addition de Wolfram à sa source, ce conseil de guerre se situe avant la seconde bataille d’Alischanz.

22 Sur ce point, voir Soleymani Majd, Nina, Lionnes et colombes : les personnages féminins dans le Cycle de Guillaume d’Orange, la Digénide, et le Châhnâmeh de Ferdowsi, thèse soutenue à l’Université Grenoble Alpes en 2019, à paraître prochainement chez Champion dans la collection “Bibliothèque de Littérature générale et comparée”.

23 Schnell, Rüdiger, „Die Christen und die ‚Anderen’, Mittelalterliche Positionen und germanische Perspektiven“. In : Die Begegnung des Westens mit dem Osten, Engels, Odilo und Schreiner, Peter (Hrsg.), 1993, p. 185-202.

24 Cité par Bumke, Joachim, Wolfram von Eschenbach, 6. neu bearbeitete Auflage, Stuttgart, Metzler, 1991, p. 220.

25 Bumke 1997, 213, 221.

26 Bumke 1997, 213, 221. Sabel 2003, 109-110.

27 Bumke 1997, 213.

28 Knapp, Fritz Peter, Rennewart : Studien zu Gehalt und Gestalt des ‚Willehalms‘ Wolframs von Eschenbach, Wien, Notring, 1970.

29 Bumke 1997, 225-226.

30 Notamment de l’organisation politique et sociale : Terramer est en tant qu’admirât et bailli de Baldac est le chef de tous les souverains païens, comme l’Empereur, en tant que bailli de Rome est le chef de tous les souverains chrétiens, v. 434, 1 sq.

31 Il l’enlève avec son consentement, ce qui le justifie aux yeux du poète.

32 Voir notamment Bumke, Joachim, Wolframs Willehalm, Studien zur Epenstrukur und zum Heiligkeitsbegriff der ausghenden Blütezeit, Heidelberg, Carl Winter, 1959 ; Bumke, 1991, p. 247-250.

33 Il est à noter que Freidank se range lui aussi aux côtés de l’empereur Frédéric II et prend le pape Grégoire IX à partir, soulignant que Frédéric II, malgré la politique du pape qui l’a excommunié, a connu le succès dans sa politique de Palestine : “Got und der keiser hant erlost/ ein grap, dist aller kristen trost” (Dieu et l’empereur ont libéré un tombeau – le St Sépulcre –, cela peut donner de l’espoir aux chrétiens). Voir Wolfgang Spiewok avec la collaboration de Danielle Buschinger, Histoire de la littérature allemande du Moyen Age, Paris, Nathan, 1992, p. 175.

Pour citer ce document

Danielle Buschinger, «Chevalerie orientale et chevalerie occidentale dans le Parzival et le Willehalm de Wolfram von Eschenbach», Le Recueil Ouvert [En ligne], mis à jour le : 31/10/2023, URL : http://ouvroir-litt-arts.univ-grenoble-alpes.fr/revues/projet-epopee/424-chevalerie-orientale-et-chevalerie-occidentale-dans-le-parzival-et-le-willehalm-de-wolfram-von-eschenbach

Quelques mots à propos de :  Danielle  Buschinger

Danielle Buschinger, professeur émérite à l’Université de Picardie-Jules Verne, est l’auteur de nombreuses études sur la littérature allemande du Moyen Âge et de la première modernité (Tristan, romans du Graal, romans arthuriens, contes et nouvelles, romans animaliers, épopées en pays de langue allemande, romans en prose, lyrique d’amour (Minnesang), poésie du discours chanté (Sangspruchdichtung), chroniques urbaines, Hans Sachs), ainsi que sur Richard Wagner (Wagner et le Moyen Âge, le bouddhisme chez Wagner, Wagner et le syncrétisme, correspondance entre Wagner et Liszt), et sur la littérature africaine. Elle a traduit un grand nombre d’œuvres médiévales allemandes.