Dossier Acta Litt&Arts n° 13

22 May 2020

Les discours rapportés en contexte épistolaire (XVIe-XVIIIe siècles)

Dossier coordonné par Cécile Lignereux et Karine Abiven
  • Actes du colloque international organisé à l’Université Grenoble Alpes les 4-5 octobre 2017, coorganisé par Cécile Lignereux et Karine Abiven

L’étude du discours rapporté a prouvé, depuis le début des années 2000, la fécondité d’une approche selon les genres de discours. Pourtant, le genre épistolaire n’avait pas fait l’objet d’une étude à part entière, alors que l’intérêt de la lettre semble évident sur cette question, en raison de la circulation et de la mise en scène des discours qui lui sont inhérentes. Que l’épistolier relate des scènes agrémentées de paroles rapportées, qu’il prétende transcrire des conversations ou transmettre tel propos d’un tiers, la polyphonie est naturellement au cœur d’écrits qui reposent souvent sur l’orchestration adressée de diverses voix - autres que celle de l’épistolier et de son coénonciateur : il s’agit donc d’envisager la dimension véritablement polyphonique de la lettre, et non pas uniquement diaphonique, déjà bien connue.

Sans doute la période qui court du XVIe au XVIIIe siècles est-elle particulièrement pertinente pour examiner cette question, tant s’y multiplient les dispositifs d’encadrement ou d’exploitation de la parole vive (par la conversation ou la valorisation sociale du « bon mot », que ce soit à la cour ou à la ville, par l’oralisation des écrits d’information ainsi que des textes polémiques, par la permanence des pratiques de discours d’apparat, etc.) : la lettre se fait chambre d’écho de ces multiples voix.

Manipulation de la voix de l’autre (ou de sa propre voix dans la réécriture du passé), monstration de conversations captées par l’écrit, exhibition d’une connivence qui soude autant les épistoliers qu’elle opacifie parfois la lettre, représentation satirique de la parole de l’autre, mais aussi valorisation de l’énergie d’une voix étrangère : les quinze contributions qui suivent abordent l’articulation entre genre épistolaire et discours rapportés par de multiples entrées problématiques, et sur des corpus qui traversent la frontière, parfois poreuse en l’occurrence, entre fiction et non-fiction.